Entrelaps (2) — Station Mir — 12 juillet 2003, Hérouville St Clair
La station Mir ne décollera plus La station Mir ne décollera plus
La station Mir ne décollera plus

Quoique vous fassiez, au fond, a bien moins d'importance que la méprise sur laquelle se battit l'écho qu'on en fait. Je tiens peut-être là un début d'explication à ce qui me tourmentait au début de cette chronique: la gelée de votre corps se déplace dans les commentaires qu'on en fait. Membres et articulations sont des détails risiblement décoratifs ; le vrai mouvement, c'est la fausse parole, et votre docilité vous rend assez liquide pour qu'elle vous canalise et vous achemine partout. Dans quel absurde consistance vous trouverez-vous si vous cherchez un regard contemporain de votre oeuvre? Comprenez-moi : dites-vous bien qu'un oeil jeté trop tôt sur un travail qu'aucune autorité n'a commenté le traversera comme du sucre filé; et qu'un oeil rendu attentif par la confusion qui entoure la presse faite à votre nom ne verra que l'opaque couche de cette presse derrière laquelle votre travail a disparu à jamais.
Et s'il ne s'agissait pas que d'oeuvre, mais, au fond, de toute vie humaine dès l'instant où elle doit être pesée, estimée, embrassée ou rejetée par d'autres? C'est à peu près l'hypothèse sur laquelle se fonde le roman de Philip Roth, «La tache».