Philippe De Jonckheere & Le Désordre au Terrier |
Avant de vous plonger dans cette incroyable expérience qu'est une visite dans le désordre, découvrez d'autres travaux de Philippe De Jonckheere:
|
Le
Désordre de Philippe De Jonckheere (www.desordre.net)
est une de ces rares et précieuses surprises du réseau :
une oeuvre polymorphe, inattendue, en mouvement permanent. L.L.de Mars |
Au tout début du désordre était cette fascination pour la petite fenêtre lumineuse, allumée jusque tard dans la nuit et de laquelle jaillissaient et apparaissaient tour à tour, des poèmes de Charles Baudelaire, des peintures de Joan Mitchell, des insultes shakespeariennes, une revue sur Marcel Duchamp, des reproductions des manuscrits de Proust, un annuaire de couleurs, de cette fenêtre il était également loisible de jouer aux échecs contre un autre fictif, ou au scrabble contre un ordinateur trappu. De la petite fenêtre je pouvais aussi lire le journal, consulter le dictionnaire ou une encyclopédie et surtout la petite fenêtre éclairée m'offrait la sidérante facilité de passer du coq à l'âne grâce aux liens qui me faisaient rebondir d'un livre à l'autre, d'un coin de cette terre à l'autre bout du globe: j'étais comme le papillon de nuit létalement épris de la lueur électrique. Ces luxueuses déambulations me donnnèrent envie de participer, aussi modestement soit-il, à ce grand fourbis — bric-à-brac qui un jour supplanta mon dictionnaire indocte de ce que pouvait être une scutigère, rencontrée dans la Jalousie de Robbe-Grillet (c'est à dire qu'en dépit des efforts de Robbe-Grillet de s'attacher aux moindres détails de la bestiole, je me faisais une image assez floue de son apparence), une simple recherche sur le réseau m'éclaira instantanément, hommage soit rendu à un passionné de myriapodes ravageurs qui avait apporté sa modique contribution au grand capharnaüm. Avec l'enthousiasme des néophytes, je me lançai dans mon propre inventaire sans ordre et sans chronologie, et, naturellement, une idée renvoyant à une autre, je devins vite grisé par les liens hypertextes, ces étonnants vecteurs qui catapultent le lecteur d'un bout à l'autre de la planète, à l'image du tortueux parcours de lecture dans "Marelle" de Julio Cortazar. A force de faire un peu de place à la fantaisie, c'est le désordre sans partage qui a fait main basse sur l'ensemble. L'émerveillement du début débouchait finalement sur la représentation fidèle d'idées, de pressentiments et de perceptions déjà anciennes: le caractère protéiforme des personnalités, la concordance dans le temps de pensées diverses — cette difficulté si chère à Malcom Lowry d'exprimer plusieurs pensées simultanées — et notre appréhension sans cesse changeante, sans cesse altérée par le temps. Nos existences sont des labyrinthes dont certains méandres sont communs à d'autres dédales empruntés par d'autres. Ces réseaux sont amenés à s'intercroiser à l'envi, pourvu qu'on ait l'intelligence de s'y perdre. Une nouveau pas dans cette volonté de partage a été un jour franchie lorsque L.L. de Mars m'invita à produire une nouvelle version du "désordre". D'abord incertain d'une telle proposition ( le "désordre" tel qu'il existait alors avait demandé plus d'une année de travaux de constructions et je n'étais sans doute pas décidé d'emblée à retourner à la planche à dessin pour imaginer une nouvelle construction ). Mais l'hôte insista, parlant, parmi le déluge de nouvelles idées qu'il m'envoyait, l'une d'elles se fit jour avec davantage d'acuité: une version contradictoire. Cela parait surement difficile à croire mais dans les premiers croquis qui devaient aboutir au site "désordre" tel qu'il existe aujourd'hui, une idée consistait à présenter la chose sous forme de dossiers et de fichiers informatiques, dans lesquels le visteur aurait trouvé exactement ce qu'il était logique qu'ils contiennent. C'est cette idée ancienne et enfouie que j'ai finalement décidé de proposer à LL qui s'en est emparé avec une voracité affamée. Je le remercie ici d'avoir partagé. P. De Jonkheere
|
>> Le désordre au Terrier >> |