a
typologie du chef de rayon renvoie sa structure à toutes les échelle
de l'activité humaine où un dominant fait miroiter pour
ceux qu'ils exploitent un secret partagé qui serait la base légitimant
à la fois le pouvoir et l'action de ceux qui le servent : l'ésotérisme
est la clé de toute déléguation, c'est lui qui produit
le chef de rayon et le mobile de son terrorisme: la prévention.
La création d'une chaîne d'intermédiaires de la domination
est l'enfouissement graduel de ses mobiles derrière l'écho
des fantasmes qu'en produit chaque maillon.
Ainsi, un directeur de programmation télévisuelle terrorise
le public en substituant à la foule des singularités un
spectre tentaculaire; prétendant se mettre au service du public,
il méprise le spectre auquel il est dévoué. Dans
de telles conditions, toute censure sera pour lui une réponse imaginaire
à un public imaginaire, à un goût imaginaire du spectre,
parce qu'avant tout, cette censure sera une réponse à la
légitimité supposée de la domination (légitimité
imaginée parce qu'elle présente la libéralité
d'offrir à ses chefs de rayon un espace d'intervention - d'interprétation
: celui qui se donne à la tyrannie accepte de s'y réduire
parce qu'il acquiesce à une raison supérieure, une mythologie.
Celui qui se donne à la domination libérale se donne à
sa propre domination, dans laquelle se superposent les notions de pouvoir
et de liberté : mais ce qui s'y joue est la confusion entre le
pouvoir d'agir et le pouvoir de croire. La mythologie est intériorisée
) .
Le chef de
rayon télévisuel est missionné, investi, lumineux,
paternel. Il sait ce que son spectre veut avaler. Et c'est le public qui
doit, en fin de compte, accepter l'offrande. Il lui a suffit pour en arriver
là de se soumettre à la demande fantasmée de son
supérieur - ou de l'entité à laquelle son supérieur
doit des comptes - et de se penser assez connivent avec lui pour tracer
le périmètre de son terrorisme.
Le chef de rayon doit son pouvoir à celui qui ne veut pas s'encombrer
des servitudes de la domination : il ne vit que dans la prévention,
et s'imaginant à la fois indispensable et précaire, il fera
tout pour préserver son poste en précédant chaque
jour la demande imaginaire de domination : c'est là qu'intervient
la prévention. Le mirage du statut - l'amour de la laisse - le
pousse à fixer les règles (je reviendrai plus loin sur l'amorphe
qui rend nécessaire cette fixation), geler toute mise en orbite
du pouvoir, toute discussion à propos de sa légitimité
: nous pourrions sans peine discuter d'une loi avec celui qui l'édicte,
certainement pas avec celui qui la sert. Dieu est plus dialectique que
les missionnaires.
Alors, quand un chef
de rayon se met au service d'une abstraction, quel recours peut avoir
celui qui voudrait la dialectiser? Et mieux encore: quand cette abstraction
recouvre un espace de lutte contre la domination, dans quelle situation
se trouve celui qui veut se soustraire à son programme? C'est ce
type de chef de rayon que je voudrais dessiner ici : le chef de rayon
libertaire. Son abstraction: la liberté.
Dialectiquement, c'est plutôt intenable: disputer sa liberté
à celle de tous (à celle qui se donne pour telle), c'est
être risquer d'être expédié soi-même dans
la sphère du terrorisme
Certains d'entre nous se souviennent
de l'hostilité violente qu'à rencontré P.A. Taguieff
lorsqu'il s'en est pris aux méthodes et au discours de S.O.S Racisme
: nous avons pu observer en action le terrorisme de l'intention, la présidence
du bienveillant, qui supporte mal qu'on le ramène à la verbalisation
de ses mobiles, de son programme ; sa lumière visant l'évidence,
la supposant
P.A. Taguieff à rencontré, là
où il n'imaginait sans doute pas la voir imprimée, la pensée
sportive. Le chef de rayon libertaire est participatif, culmine dans l'action,
fuit la verbalisation pour se réfugier dans l'évidence ;
il joue l'immémorialité que lui ont offerte les vieilles
luttes, il hérite du prêt-à porter d'anciennes revendications,
sans entendre ce paradoxe : subsumant l'inévidente lutte de ses
prédécesseurs historiques à leurs mots d'ordre, il
en ruine l'action dont, pourtant, il se prévaut en les établissant
en dogme pour agir. Le chef de rayon libertaire se laisse porter par l'écho
rassurant du mot liberté dont il s'imagine, en ne la questionnant
plus, être désormais le porte flambeau.
Mais que se passe-t'il réellement lorsque l'on postule une émancipation
intransitive, lorsqu'on oublie le cur des désirs qui ont
conduit à imaginer la liberté ? Et bien on y noie le sujet,
c'est-à-dire le désir, pour accoucher d'un monstre grotesque,
inviable, la liberté hors-sujet, la liberté sans objet précis,
l'indéfinition du fantasme, le support des mythologie à
venir ; prenons l'exemple de la pornographie :
La liberté qu'on s'accorde est celle dont on a su définir
clairement l'objet ( le mouvement qui la porte comme la nature de son
enjeu ) : oublier cet objet, c'est tracer dans l'air au-dessus de soi
le contour de son action, et confondre liberté et démence.
C'est en ce point que toute liberté est contingente, mais elle
le sera toujours moins que la démence.
Quittez de l'il l'objet de votre liberté, et elle ne sera
plus que le chant de son nom - la litanie qu'elle se donne à elle-même
- celui d'une liturgie pour un Dieu mort.
La liberté de parler, de définir les traits pertinents de
son désir et l'espace qu'on veut offrir à son assouvissement,
son expansion, est irréductiblement liée à ce contrat
de précision : libre absolument, vous auriez rejoint la majorité,
celle des morts, ou la transparence, celles des anges. Mais le chef de
rayon libertaire ne vise-t-il pas l'état séraphique, l'évidence
immémoriale du bien ?
La censure est probablement inadmissible ( l'est-elle absolument ? ),
mais la censure de la censure n'en est pas moins absurde si elle oublie
la nature de ce qu'on a voulu couper, et de ce qui a présidé
à la coupure. S'il s'agit d'un désir inavouable, alors c'est
bien plus le désir qu'il faut s'attacher à défendre
que l'aveu.
Il y a une certaine cécité à se tourner vers la pornographie
comme si elle représentait - comme un trait métaphysique
- une réponse pleine d'elle-même suffisante à la tentation
de couper. Une pornographie vidée de son cul, un manifeste. Ce
serait oublier l'enjeu de la pornographie qui est, nous reconduisant à
notre propre désir, de questionner le fondement de toute coupure.
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Un nombre
croissant de librairies, de sites internet, de lieux d'exposition, se proposent
de rendre accessible la pornographie étymologique ( la part clandestine,
inévidente de l'art ), mais cette liberté qui nous est offerte
ne doit pas transformer la pornographie à son tour en masque de l'obscène,
c'est-à-dire métapornographie n'agissant plus que comme rouage
d'une liberté à conquérir contre la censure : il faut
continuer à y voir piégée l'obscénité
et le puits de questions qu'elle pose à notre désir, à
la forme inéchangeable et singulière de celui-ci. Rien ne
serait plus inquiétant que de n'être pas choqué par
l'obscène, ce serait là l'installation dans la démence,
l'inaptitude à faire pénétrer la coupure dans le champ
de son désir. Or, que vient-on faire dans ces lieux de défense
de la liberté d'expression ? : on vient y faire ses courses libertaires,
y recueillir l'évidence lumineuse de la défense, sans jamais
mettre en jeu les formes de son propre appel à la transgression,
sans jamais y introduire le champ de sa propre coupure, de son propre désir
(connaît-on une seule personne qui répondrait " Non !
" à la question " Êtes-vous pour la liberté
d'expression ? Êtes-vous contre la censure ? "). Perdre de vue
la nature spécifique de la lutte contre la censure pornographique,
c'est perdre de vue ce que la pornographie fait jouer en nous de subversif
et de précieux pour donner à sa forme notre désir.
Suivons le cour d'un
voyage au pays des chefs de rayon libertaires : un magazine d'information
culturelle, Edgar, demanda à Stéphane Batsal, écrivain
de fictions, d'écrire pour ses pages un court récit, l'encourageant
à s'y donner le plus librement possible (c'est le début
du secret, du tacite et de l'occulte, dans la domination libertaire :
supposer un entendement commun de la liberté d'expression). S.
Batsal découpe le numéro précédent d'Edgar,
monte un texte autour de la figure imaginaire qui s'en détache,
la chansonnette d'un nom glané dans un article, Mlle Sophie. La
sonorité, souvent, est moteur de fiction. Edgar refuse le texte,
par respect, dit-il, pour la "vraie" Mlle Sophie (à laquelle,
à aucun moment, ils n'a été proposé de lire
le texte). Le sens de "vrai", "réel", "fiction",
ne sera évidemment l'objet d'aucune discussion
La deuxième
rencontre avec Edgar donnera à S. Batsal une autre explication
: le respect des annonceurs (l'irrespect supposé du texte étant,
lui-aussi, entendu). Ce qui installe immédiatement la relation
dans le mensonge.
Le journal Edgar fait valoir sa liberté d'action, son autonomie,
le fait que la liberté d'expression soit à la fois programmatique
et structurelle. William Burroughs emblématise chaque couverture
du magazine, chapeaute les colonnes rédactionnelles, pour bien
rappeler à qui on a à faire. Faire précéder
ses actes de ce mot d'ordre, la liberté - l'insoumission au modèle
dominant - n'est rien quand on a fait d'elle l'estampille d'un produit
fiduciaire vidé de tout contenu ; il s'agit en fait d'obtenir l'éclat
de la subversion sans jamais encourir les riques qui s'y attachent. Comment
y parvenir?
Il faut d'abord se convaincre que c'est la liberté qu'on s'est
octroyée qui nous a conduit à agir. Elle est à la
fois coloration et alibi. Et bien entendu, puisque la défense de
la liberté est indiscutable, que cette version édulcorée,
par syllogisme, l'est aussi.
Ensuite, tout ce qui pourrait nuire à sa préservation (la
liberté est devenu un "poste") sera regardé, en
quelque sorte, dans la mire de la contre-révolution, la mire qu'utilisèrent
les anciens camarades de la Section des Piques pour envoyer le citoyen
Sade en taule. L'enjeu, ici, est risiblement plus faible (l'insurrection
dont on se prévaut étant, paradoxalement, tombée
en désuétude), il s'agira de préserver la liberté
de ceux qui lisent Edgar.
Nous sommes au cur même de la duperie et du chantage : l'odre
du mérite établi dans le mépris des méritants
et le mépris des récompenses par ceux-là mêmes
qui les distribuent (qui suppose que le méritant qui n'a rien demandé
cherche tout de même les récompenses). Mais comment pourrait-on
avoir de la considération pour celui qui vous fait un texte gratuitement,
a fortiori quand vous le lui avez demandé ?
Déchiré entre la valeur d'un nom et celle des annonceurs,
le magazine Edgar donne son paysage du " vrai ", qui est l'univers
du signe et de son négoce : la double défense du magazine,
qui semble renvoyer à la ruine les deux arguments, parle en fait
d'une seule chose, affirme un même dogme : l'effectuation dans la
réalité passe par le signe désencombré du
sens (signes de la liberté mais aussi signes de la fiction), le
réseau des économies, la répartition des tâches
qui se fait dans le cadre des échanges libéraux ; il y a
d'une part les affaires sérieuses, la présomption d'innoncence
- au sens le plus désastreusement enfantin du terme - de l'art,
et l'art lui-même, satellite décoratif du marché -
objet de culture en somme-, dont la vocation est désormais de déposer
quelques fleurs sur le tombeau des vieilles subversions qui nous ont acheminé
vers la liberté. Voilà qui est assez peu faire cas de la
littérature pour estimer l'écrivain déjà bien
payé quand on lui a offert un cadre normatif plutôt que rien
Les annonceurs eux, ils existent, Mlle Sophie existe, alors que, bien
entendu, la fiction n'existant pas, il ne peut guère lui en coûter
de renoncer à elle-même pour devenir autre chose.
Hé bien il se trouve qu'une fiction est bien plus un objet de la
réalité que Mlle sophie ou " les annonceurs ".
Et c'est justement le problème qu'ont rencontré nos chefs
de rayon libertaires, habitués à ne manipuler que des objets
étranges, à la fois amorphes et vides (ce que j'appelle
les objet de la délégation).
L'intérêt de la délégation du jugement à
des entités inaccessibles - dans cette formulation toute imaginaire
- et tacites (le public, les gens, les annonceurs, l'espace de la liberté
d'expression etc.) en est le côté informel qui ne laissera
pas de prise à la révolte ; pour mieux saisir toute la puissance
de l'amorphe, voici un autre épisode du voyage au pays de la censure
bienveillante:
L'amendement Bloche rend désormais responsables les hébergeurs
de sites de leur contenu: en dehors du côté ubuesque qui
fait imaginer un berger Argus aux cents yeux invaginés sur l'ingérable,
nous avons à faire à un cas type de délégation
(justement parce que c'est ingérable) et d'amorphisme; délégation
grave, puisqu'elle ressortit du juridique jouant la morale;
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rien ne permet clairement
de situer les limites de la surveillance et de l'interdit. La crainte
de tomber sous le coup de la loi fait donc imaginer aux hébergeurs
un espace de liberté redoutablement étranglé (les
chartes d'hebergeurs sont à ce sujet un monument de comique, épluchant
les possibles comme un oignon, jusqu'à la dernière couche;
"L'oignon n'est pas une boîte. En lui ce qui contient s'identifie
exactement avec ce qui est contenu, selon un paradoxe pelliculaire qui
offre, c'est sûr, une image de prédilection pour le géomètre,
pour le philosophe et pour l'artiste. Dans l'oignon en effet, l'écorce
est le noyau. Plus de hiérarchie possible, désormais, entre
le centre et la périphérie." G. Didi-Huberman), mais
un espace qui ne perd jamais son nom en perdant pourtant toutes ses propriétés.
Ils sont les gardiens d'un mot. Un mot dépourvu de toute connexion
avec le reste de la langue.
Charles Topiaux, photographe, présentait sur un sité hébergé
par Ibelgique une autobiographie composée de photos légendées;
parmi la soixantaine de celles-ci, une photo, en plongée subjective,
d'érection matinale, titrée : "chaque matin: un trajet
sans objet". Elle fut retirée par l'hébergeur sans
en avertir l'auteur du site. À la place, un trou.
Que pensez-vous qu'invoquèrent les responsables d'Ibelgique? La
liberté pour chacun de se promener sur le web. Je livre à
votre circonspection la somme d'apories que contient cette déclaration.
On notera au passage que l'appréhension de la photographie par
Ibelgique est la même que celle de la fiction par le magazine Edgar
: la plus grande confusion règne sur les objets de présentation
et de questionnement artistique qui sont assimilés à leurs
moyens (ici: l'objet d'une photo est superposé à l'objet
photographié). Là encore, il s'agit de montrer clairement
que l'on dispose de la réalité, et des codes qui règlent
la sphère d'intervention de l'art sur celle-ci ; la limite n'est
pas placée entre ce qui est obscène et ce qui ne l'est pas
(sinon c'est à un procès que Topiaux aurait eu affaire)
mais entre ce qui est de l'art ou pas ; et comme le chef de rayon libertaire
est un défenseur de l'art comme de la liberté d'expression,
il sait aussi comment et pourquoi y faire le ménage.
L'affaire, après quelques rebondissements sur Ibelgique, ne s'arrêta
pas là :
Tamara Lai, figure montante de l'activité artistique sur le web,
édifie un projet multimédia ouvert à la participation
de tous les artistes intéressés: Contre la peur. Ayant eu
vent par mes soins de l'affaire Charles Topiaux, elle récolta alors
les contributions artistiques, dont la plupart réutilisaient avec
amusement l'image incriminée, sur cette censure. On vit fleurir
un joyeux champ de bites, comme autant d'étendards de la liberté
d'expression ; de questions réellement posées à l'attitude
d'Ibelgique, leur entendement des catégories qu'ils gouvernent,
de réflexions sur ce qui propulsait cette photographie hors-champ
de la pornographie, ou tout simplement de la raison qui présidait
à son intégration au travail de Charles Topiaux, rien. Pas
un mot. La bite se promenait hors de son champ d'action exactement comme
elle se promenait, autonome, dans le discours d'Ibelgique
Elle était
acceptée de toutes parts comme un signe.
Peu après, Charles Topiaux et moi proposions notre propre contribution
; Tamara Lai refusa ce travail, voulant éviter, dit-elle, des images
trop fortes (l'une des photos montre une femme qui lèche un écran
projettant la photo censurée par Ibelgique). On ne peut pas prétendre
lutter contre la domination sans en rejeter systématiquement toutes
les catégories, sous peine, comme Tamara Lai, d'en reproduire aveuglément,
tôt ou tard, les dispositions criminelles. Comme le magazine Edgar,
devant l'insatisfaction légitime que provoqua sa première
explication, elle avancera autre chose, discutant alors la légitimité
d'utiliser cette image de cette façon. Elle disputera donc le sens
de son travail à son producteur même (Ibelgique avait-il
fait autre chose, après le refus de C. Topiaux de retirer cette
image de son ensemble, en renvoyant le site entier à la rubrique
" charme " de leurs catégories, condamnant désormais
l'accès du site par une ridicule prévention aux mineurs
?). Le seuil d'arrogance des missionnaires de ce genre est sans limite,
leur bienveillance englobant l'assistance des malheureux auteurs irresponsables
eux-mêmes
Tamara Lai finira par invoquer la nécessité
pour les enfants de se promener librement sur l'uvre collective
Contre la peur. L'extériorité, la prévention, la
délégation
La vérité est que, quittant l'inoffensive variation du jeu,
ce travail avec Charles topiaux n'était pas assez ludique: or les
chemins contemporains de la liberté sont bon enfant et visent surtout
le cri primal qui n'a jamais fait vaciller, il est vrai, le moindre régime
politique. Comme l'actrice Clémentine Salariée, Tamara Lai
passera sa vie à s'essuyer la bouche après avoir embrassé
publiquement un sidéen. Car la superstition de celui qui vit dans
la prévention reprend vite les rênes sur la raison.
La vérité est que jamais la liberté ne s'est portée
plus mal que depuis le kidnapping systématique de son vocabulaire.
Ainsi, peu à peu, c'est toute la dialectique subversive et son
langage qui vont subir le tamisage du novlang dont le principe, on s'en
souvient, est d'avoir bien saisi qu'un concept n'a plus d'avenir quand
il n'a plus de nom. Les tapineurs de la pub sont révolutionnaires,
kidnappent le vocabulaire et les figures de l'insoumission. Les capitalistes
sont libéraux. Marxisme, psychanalyse, art, sont des attributs
oscillants entre le bon sujet comique et l'objet d'exécration,
sans que soit jamais posée la question de leur sens. C'est inutile,
le plus gros de leur lexique est avalé dans le sens commun, garotté
dans la langue d'usage.
Qui sont-ils, ces petits merdeux nouveaux, ces chefs de rayon de l'insoumission?
ce sont les mêmes qui occupent le terrain de l'art contemporain
avec des gadgets sociologiques, occupent ludiquement le public à
tripoter des installations comme des flippers culturels, postulant la
faiblesse ontologique des enjeux de l'art pour imposer la faiblesse de
leurs propres perspectives artistiques.
L.L.D.M.
Septembre/Octobre 2000
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