Les visiteurs du Terrier auront rencontré le travail de Julien Meunier — du moins un aspect de l'esprit qui l'anime et quelques traits saillants de son écriture — par ses chroniques d'albums de bandes dessinées : il enrichit notre bibliographie générale de notules régulières sur Gerner, Maruo, Teulé, les frères Hernandez, etc.
Le spectre large de ses goûts éclaire la curiosité protéiforme dont il fait preuve pour cette pratique-là du récit, pour sa richesse graphique autant que pour ses combinaisons narratives, mais ne laisse pas pour autant présager des formes qu'il donne à son propre travail de bande dessinée ; l'attention qu'il porte au cadre de son apparition (le web) le conduit à des choix plastiques et narratifs finement adaptés à la lecture sur un écran et aux déplacements du regard qu'impose un navigateur.
Son écriture proprement dite - celle du développement dans le temps et l'espace du récit, comme celle de ses dialogues - emprunte régulièrement au cinéma une articulation très personnelle de la durée dans laquelle tout n'a pas de présence utile. Au même titre que la caméra du filmeur déborde largement le regard herméneutique, les mises en scène graphiques de Julien Meunier semblent traversées de coprésences implicites, étendues, qui commencent et s'achèvent hors de la lecture et de son champ.
Avec Sam Riloute est de retour, la matrice graphique obsédante semble au contraire prendre le pas sur toute possibilité d'ouvrir un récit à la série infinie des combinaisons sociales, amoureuses ou meurtrières, pour les étouffer dans son gaufrier et recadrer inlassablement discours et figures dans un jeu à variantes limitées.
Enfin, les quatre épisodes de Tables lumineuses, composent une bande dessinée consacrée à son travail de tournage pour le film «Découverte d'un principe en case 3» (résidence Pierre, feuille, ciseaux II- Saline Royale d'Arc et Senans) et resserrent encore le lien entre sa pratique filmique et son travail graphique établi dans Du papier dans les boîtes aux lettres
Julien Meunier collabore également à la petite maison de production cinématographique Tryptique Film, dont le lien figure, avec quelques autres, à la fin de cette page.
L.L. de Mars
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