a
langue, confondue dans la transparence qui l'assimile au réel, verrait
la carte ajustée aux bords du territoire s'y dissoudre. Elle perdrait
l'énergie d'un perpétuel trajet que préfigure sa pensée;
le retrait nécessaire à l'imagerie de son graphe; la langue elle-même
se perdrait dans le background cartographique de la pensée.
Le contrat rompu de la construction du monde en mémoire, l'écriture-lecture
opacifiée, dans la simultanéité et le calque par une illisibilité
d'échelle, le réel à son tour disparaîtrait dans
un réel sans bord, sans langue à ses frontières qui déforme
sa texture.
(Dans la carte qui borde chaque nom dans le graphe / le sens refermé
de la peau humaine attire dans le territoire de ses organes le substantif élémentaire
qui l'accroche au corps)
MUTATION DE SURFACE / COMMUTATION
D'INTERFACE
La langue perdrait cette instabilité
qui lui est chère, cette limitation du réel dans l'arbitraire
du découpage; désarmée de sa possibilité de frayage
et d'approximation physique, mouvante sur le vif du réel, tenue à
l'absence de partition et de retransmission du monde.
NOUS SERIONS ENTRÉS DANS LES
MACHINES, RESTREINTS A LA PROGRAMMATION, AU CALCUL, FERMÉS AU DOUTE,
A L'HYPOTHÈSE, AU MYTHE, A LA PRÉDICTION, DANS LE LANGAGE MORT
DE LA MACHINE, DANS UNE STABILITÉ DEMESURÉE COMME UNE ÉTERNITÉ,
AYANT PERDU LA MATRICE METAPHORIQUE DANS UN UNIQUE CLICHÉ sous peine
d'être assimilé au prolétariat des machines à penser,
des systèmes de traitement de l'information et autres avatars de "l'intelligence
artificielle", l'homme doit donner un autre sens à l'activité
de sa propre raison
La question... permettre une véritable
régénération de nos métaphores chéries sans
rompre l'équilibre.
Elles sont comme des colonies cellulaires de l'épuisement, traînées
dans l'inflation d'une production textuelle de la séduction et du consommé.
Nous y sommes attachés comme à des objets (mais non en quantité
pixélisée ou en proximité ambiguë d'interface).
Le rapport de surface que nous entretenons habituellement dans la compagnie
des métaphores comme organe de désir fait écran à
leur véritable corps, nous fait ignorer leurs métamorphoses
et leur autonomie. Elles dessinent la pensée comme notre métaphore
la plus proche, dans le filage de son corps et l'envergure virtuelle de ses
possibles. La métaphore réifie dans ce globe un noyau d'attraction
qui définit la pensée comme une et entière depuis son centre.
Contre l'idée de sa pulvérisation dans l'amas des objets, d'un
devenir mobile qui la traverse, les métaphores s'acharnent à nier
le monde auquel elles participent.
Elles dissimulent
le monde dans la fugacité des images.
Leur angle de plaisir est une position figée dans l'image d'un Kama-Sutra,
et tend plus à la brutalité enveloppante du cliché qu'au
volatile mouvement libidinal qu'inspire sa cartographie; façonnée
par une "docte anthropomorphie" qui se réitère dans la conformité
de mise vers un appauvrissement topologique de (la réalité)
-Réalité: mot bancal signifiant l'insuffisance de preuves et auquel
nous devons la diligence du secours de pouvoir mâcher nos mots.
econnaissons,
cependant, que la métaphore possède son propre réseau,
masques et déguisements par lesquels elle redistribue le monde, simulacres
et totems d'une symbolisation stable, et qui en fait l'instrument du sacré,
de la divination.
La métaphore Aleph + n, désormais qui nous a fait perdre le sens
d'une proposition initialisée dans d'autres modèles métaphoriques,
multiplie ses bases de capture du réel, les plie et les replie dans la
grammaire de ses figures, traquant l'objet dans l'accumulation de ses propositions,
mais toujours à sa surface -l'objet est démonté en points
de vue, en postures, en simulacre, et son image est projetée dans le
monde refiguré dans une vitesse de passage invariable.
ON NE PEUT CONNAITRE
SIMULTANEMENT LA POSITION ET LA VITESSE D'UNE PARTICULE La prolifération
endémique des métaphores, leur répétition, leur
usage (et leur usure) a délimité (commuté) dans la langue
une zone de sécurité où le temps cimente l'Histoire dans
une continuité Edénique, où le traitement des référents
réels se fait à l'encaustique et au chiffon, où les modèles
sont fixés dans l'architectonie d'une confiance immortelle en chaque
jour, lieux éternels, pérennité indiscutable (assurance,
immuabilité, stabilité, complaisance, spéculation...).
La physique quantique nous a familiarisés avec un monde qui n'est ni
lisse , ni continu, ni stable; le chemin de frayage des métaphores est
celui de vecteurs de représentation commandé à la fois
par une géométrie autotélique et d'autre part distribuant
la variété de ses reliefs suivant ce qu'Heisenberg a identifié
comme étant "le principe d'incertitude", dans le système où
elles s'organisent.
LA MÉTAPHORE REPOUSSE LE RÉEL
DANS LA LANGUE ET ELLIPSE LOGIQUE DE CETTE LIAISON, LE RÉEL RÉVULSE
LA LANGUE DANS SA CHAIR
Si aujourd'hui le déphasage
entre la métaphore et les modèles contemporains de représentation
s'est accru, investis de leur spéculation dans le langage, c'est qu'une
mutation des structures du réel entraîne avec sa nouvelle symbolisation
des changements radicaux de prospection du monde. Bien que nous cherchions à
diminuer le temps de réponse entre modèle et métaphore
en comblant l'opposition continu/discontinu de la notion d'interface, le signal
aura toujours lieu et distance, y compris dans un réseau complexe.
La notion d'interface sert une sorte
de prospective.
Le déphasage issu de cette
nouvelle matrice est virtuel. Ainsi la métaphore, pour ce qu'elle fait
et défait le monde, doit avoir un impact opératoire sur
ce dernier; elle devrait aussi bien s'inscrire dans le possible des mondes accidentels
et même catastrophiques que dans ses figures paralytiques un peu précieuses;
dans ses fausses pistes du non-sens, dans la dissimulation de son fonctionnement
dans un fonctionnement partiel. Cependant il faut concéder à la
métaphore une certaine velléité du monde, nécessaire
à la métaphorisation de l'ensemble, un complexe d'impuissance
où elle puise l'énergie de sa rectitude, et qui révèle
peut-être, à travers sa stabilité, le questionnement de
sa crise.
e
transfert du monde dans la langue s'inscrit difficilement dans les dimensions
d'un espace-temps, voire d'un hyper-espace; au mieux dans une profondeur de
temps.
L'étalonnage du temps et de l'espace sont des mesures pratiques de simulation
des mesures différentielles qui permettent de rendre compte du réel,
d'actualiser une réalité contemporaine, en engendrant, dans la
disparition sensible de leur nouvelle précision, des quantités
de dimensions mobiles vers d'ultérieures précisions cartographiques.La
déterrestration des modèles nous a contraint à nous détourner
des lignes isomorphiques du réel. Elle fait du laboratoire le lieu d'expérimentation
du monde.
Les métaphores -les totems- fonctionnent comme un véritable
modèle, dès lors qu'elles sont compatibles et cohérentes
d'une part, et qu'elles ont un référent réel d'autre part.
Mais ce qui importe, c'est qu'on quitte le domaine de la simple description
pour entrer dans celui de la simulation. Comme miniature de la société
humaine, le modèle totémique est une tentative de serrer de plus
près son inépuisable variété grâce à
la logique ramassée de ses structures.
La
mécanique classique des représentations ne suffit plus à
l'identification de phénomènes où interviennent l'aléatoire,
les turbulences, la variabilité des échelles; le récit
se perd à contre-courant des conditions technologiques de son émission;
cependant qu'elles-aussi se situent dans un trajet d'inscription métaphorique,
à la différence qu'elles reconsidèrent, avec leur outillage,
de nouvelles modalités de déplacement.
La complexité du réseau s'accentue dans l'intimité des
interfaces, comme le symptôme de circuits ouverts ou fermés. La
lecture dans l'interface est le court-circuit de ce qui circule (de ce qui s'y
figure de modélisation). La connexion au réseau est un pilotage
(une interception du sens) au seuil de la machine, de l'écran allumé
ou éteint, d'une temporalité morte ou vive de l'écriture-lecture.
Le mouvement d'inter-rupture est le signal -tant qu'il est sous tension- de
la vivacité du réseau, de sa faculté à s'auto-organiser
autour des organes de "pensée sans corps" .
Machines prothétiques de la disparition des corps humains
Ces organes de pensée sans corps nous permettent de fouiller
le réel et sa logique articulatoire, de la vérifier, suivant des
modèles générés par son système, dans un
graphe virtuel et généralisé.
Les turbulences du réel, manifestes dans toute tentative du langage de
s'installer dans son sillage, sont modélisables dans ce graphe à
travers une infinité de points qui restituent le réel comme un
objet holographique; elles déterminent dans le désordre temporel
le bruit du frottement aux frontières de la langue et du réel,
elles inscrivent les limites momentanées du réseau des représentations,
et les fossilisent, pour mémoire, dans la luminescence des organes connectés.
Ce seuil de turbulence combiné aux phénomènes transitoires
incidents, au hasard des condition de mouvement (de métaphorisation),
la variabilité du système, en fait, est restreinte dans la fermeture
du réseau que provoque le sens; dans la mesure où chaque partie
crée son environnement dans le désir d'une totalité qui
lui fait défaut. Comme dans le choix d'un vecteur de temporalité,
par exemple, le sens devient turbulent quand il est précipité,
quand il n'est plus reconnaissable parmi tous les sens dont il s'extrait.
Cet environnement qui configure le sens, qui l'étend et le borne, qui lui confère son autonomie au point de rupture de la stabilité, du désir et de la volonté du monde, lui développe un caractère propre, intuitif, voire prédictif, du reste du système; le sens devient chaotique en dehors du système s'il déborde des limites fluctuantes de sa reconnaissance; si sa capacité à proposer des choix et des zones du monde à prospecter se disloque dans l'apesanteur, il s'éteint dans la fin du monde. L'intuition de cette précarité de la langue maintient le sens.
'ÉCRITURE
EST LA FIGURE GÉOMÉTRIQUE DU SENS
géométrie de la miniaturisation et du totem, de la simulation
du réel comme mise en jeu de nouvelles symbolisations -dans la mesure
où nous procédons à la capture du réel par échantillonnage-
ouvre dans la liaison étendue de l'écriture-lecture un lieu interfacial,
dont le média est l'écriture de la simulation.
non pas comme écriture de laboratoire mais comme condition
d'expérience
Le tout est virtuellement miniaturisé, les informations sont compactées,
les singularités physiques sont reproduites sur ordinateur -en climatologie,
en thermodynamique- au fur que l'étendue de capacité et de stockage
de mémoire, déplacée dans un monde à une échelle
qui disparaît dans la miniaturisation, s'accroissent et multiplient leur
puissance. Le Tout est invisiblement épouvantable.
L'espace de l'expérience du monde peut être ramené
aux dimensions d'une salle de laboratoire -dont les proportions sont inversement
équivalentes à la taille de l'objet étudié (cf.
Les accélérateurs de particules). Nous n'y sommes que pour mémoire;
fragmentaires et fragmentant, turbulents, dissipés, chaotiques. Nos informations
son pressées par la mort du signal que nous émettons, tant que
nous pouvons penser JE et jouer à l'être. La concentration des
informations en un point donné a changé notre appréhension
des dimensions d'un réel accaparé, en un réel désemparé
de ses limites.
L'espace fixe, simultané, disparaît dans la vitesse quantique d'un
espace dynamique.
Les pliages et les contractions de l'espace étaient justement la clé permettant de construire des attracteurs étranges, et peut-être aussi la clé de la dynamique des systèmes réels qui leur donnait naissance. évidemment l'espace de la métaphore, pas plus qu'un autre espace, n'est homogène. Il répond aux lois de ses conditions initiales, à des microstructures composites et variées, mais dont l'action minimale pourra contenir l'espace entier dans la turbulence de ses effets. Turbulences que nous identifions, mais dont les lois nous échappent encore, déposées dans des zones mal déterminées, comme un inconscient métaphorique, ou plutôt comme un inconscient est métaphorique parce que l'échelle de son décryptage disparaît dans la turbulence de son régime, parce qu'ENTRE nous est sa résistance.
Résistance qui peut paraître en contradiction avec la notion d'attracteur étrange dans la mesure où l'espace généralisé dépend d'une infinité de conditions initiales. Mais n'oublions pas qu'il s'agit aussi de cuisine de laborantin, et surtout de simulation de la grande popote.
insi
donc l'appareillage de laboratoire, les instruments de bord -pupitres, organes
de pensée sans corps- participent activement à l'élaboration
du spectre du monde, à l'hybridation métaphorique du monde avec
la machine et à la perte d'un espace ancien dans l'accélération
et la vitesse. Ils ana/dia/méta/morphosent la présence du monde
aux dimensions électroniques -systèmes experts, hypertextes...-
stimulant une lecture du réel tellement en interface avec la production
des images humaines qu'ils nous introduisent dans une configuration démesurée,
A ÉCHELLE VARIABLE NOUS PERDONS PAR NOS YEUX LA SURFACE QUI FAISAIT ÉCRAN
AU RÉEL / NOUS VISITONS LE VIDE CONNEXE DE SA VOIX EN EMPRUNTANT SES
CIRCUITS / NOUS FRANCHISSONS L'ÉCRAN EN LUI ACCORDANT NOTRE IMAGE
dans une télégraphie du sens où abonde avec l'image les
machines de vision.
Ces conditions d'expérience du monde, le temps et l'espace
qu'elles mettent en jeu, implique dans le rapport écriture-lecture, non
seulement des perturbations de couple (dialectique), mais aussi un redéploiement
des données traditionnelles de ce rapport, surtout si l'on veut tenter
d'établir que le système écriture-lecture -à travers
ses modèles, ses symboles, ses métaphores- et l'écriture
de la simulation possèdent un espace commun de définition, au
seuil aisément franchissable de la fiction.
L'écriture-lecture de la simulation intègre la pensée fluctuante,
sa dérive fictionnelle et sa capacité ambulatoire, dans la mesure
d'un échange instable et court-circuitant, modélisé suivant
les différentes combinaisons syntaxiques du réel, de l'imaginaire
et du symbolique (lacaniens); en butte au hasard et à l'aléatoire,
à l'intuition, à la prédiction des possibles à mettre
en oeuvre et à échantillonner dans un système simulatoire
requérant aussi variables et modèles.
L'ÉQUATION OBTENUE DANS CE CAS PRÉFIGURE D'AUTRES MÉTAPHORES
DÉRIVÉES, VOIRE DIFFÉRENTIELLES DE L'INTERMITTENCE DU MONDE
'écriture-lecture
de la simulation permet à la pensée d'être dans cet état
d'intermittence qui la délivre du monde, la force et l'accule à
conceptualiser non pas le réel, mais son existence phénoménologique.
La densité des causes opacifie le monde, mais facilite en contrepartie
la rencontre fortuite des effets [...] La simulation est donc un outil expérimental,
s'attachant à l'exploration non pas du réel mais des modèles
qu'on s'en forme. Ce qui se passe est entre science et fiction. L'organisation
historique et récitale du monde, retracée à partir des
effets d'écriture-lecture (une mythologie des causes) simule sa métaphorisation
dans un enchaînement de PHASES entre le continu et le discontinu. Ses
probabilités d'être ou de devenir autotélique met au rancard
l'antique omniscience qui lui servait d'écran. à cette condition
les objets du monde peuvent être simulés, rendus dans un univers
panoptique où la lumière devient quantité élémentaire
jaillissante des écrans.
Chaque écran en phase d'écriture-lecture assure en position de
contrôle la transmission des données et l'exploitation du réseau
en tant qu'il constitue un "site" de percolation -un relais dialogique où
chaque livre est en interface parmi les autres, de même que ce qui régit
l'espace entre écriture et lecture est aussi en interface.
Le livre désigne son propre flux, un espace remuant, contradictoire,
où, de fait, dans l'écartèlement de ses directions, ses
figures deviennent absolument tropologiques, des relais de discours, instables,
un certain seuil franchi, défiguré dans la confusion, entre topos
et entropia, dépôt oscillant de l'écriture-lecture.
Les livres se distinguent, à la manière de tropologiques, discontinus
entre des caractères qui leur sont propres; et l'approche de la frontière
qui les sépare est un univers fractal mais aux conditions initiales perdues
dans l'instabilité de leurs positions. Leur valeur entière (l'accumulation
de données qui rend le thésaurus dissipatif, chaotique, comme
une globalité discursive perdue dans l'instance simultanée de
tous les discours), déchirement de leur singularité, est une valeur
itinérante qui se perd dans la figure de plus en plus précise
de ses limites.
REPRÉSENTATION GLISSE VERS HYPERPRÉSENTATION
Le réel prend dans cette accession à l'hyperprésentation
que lui autorise l'écran (fracture dans le continuum, DISCONTINUUM) entre
programmation et random pixélisé une structure fractale -numérique-
aboutissant à une lecture en écho; texture symbolique (signalétique)
dont les correspondances se reconstruisent chez le scripteur-lecteur sous forme
d'impulsion non linéaire d'échos irréguliers.
Cette déposition
constante, l'emballement des métaphores, le cancer des signes, dessine
dans son sillage, attirée par les incessants frottements du sens court-circuité,
une courbe hyperbolique tendant vers sa fin, dérive de sa dimension.
Elle figure la quête toujours reportée de son état stationnaire,
du sens entier, comme impossiblement détachable du réseau. Cette
quête impossible d'un équilibre final représente,
en acte, toute l'ambiguïté du couple écriture-lecture. Il
se dissipe dans un troisième esprit, hybride, participatif et virtuel,
en interface avec les rouages de (dé)codification du réel -effet
de phases virtuelles, de simulations d'événements piégés,
avec la volonté d'y reconnaître et de pouvoir retracer la programmation
initiale (initialisée, celle de notre génome qui se transfert
symboliquement dans la machine.
NOUS PARCOURONS UN LIVRE A LA FAÇON
DONT MANDELBROT PARCOURT LA TERRE: CHAQUE TRACE QUI DÉLIMITE LE VIDE
EST UN ACCIDENT, LE POINT D'ÉMERGENCE D'UN VECTEUR DE SENS OU DE MESURE;
PRET À SE ROMPRE A LA DIMENSION D'UNE AUTRE LECTURE QUI NOUS TIENDRAIT
À DISTANCE, D'UNE ÉCHELLE PROCHE DE LA MATIÈRE INTIME DE
L'OBJET, MAIS DONT LA MESURE ET LE SENS NE NOUS PARVIENNENT PLUS A L'INSTANT
'un
point de vue stable, abusivement topologique, la relation entre écriture
et lecture peut être assimilée au phénomène de percolation,
au sens où dans la firme métaphorique du langage, la percolation
dénote du passage d'un fluide à travers un milieu poreux. En effet,
d'un côté agit la fluidité de recomposition de l'opération
de lecture, de l'autre la porosité perceptible de l'écrit -bien
que réciproquement la suggestivité figurative de l'écriture
soit fluide et la mémorisation lectrice poreuse
Lorsque l'écoulement est régulier -laminaire- les faibles perturbations
sont absorbées. Mais au-delà du seuil de turbulence, ces perturbations
deviennent catastrophiques aléatoires.
Le sillage de cette mécanique relationnelle, entre écriture et
lecture, dessine le site de percolation, le foisonnement de relais suffisant
pour établir un seuil dont les possibilités de sens connectés
n'ont plus de limites. L'écriture consomme ces limites à travers
le mouvement des livres. Le sens est libéré tout azimut dans l'emballement
des métaphores.
Du point de vue de l'instabilité du système, et malgré
sa pérennité vivace à une autre échelle, la correction
de ses phases est hyperbolique, de même que chaque métaphore l'est
par rapport au sens, à la fois calculable de façon statistique,
voire intuitive dans sa disparition à l'asymptote.Rappelons, en outre,
qu'il y a contradiction à envisager écriture et lecture comme
deux entités singulières sans considérer leur liaison.
D'un côté la métaphore est dynamique mais elle exige aussi
un seuil de concentration ou de sens, une linéarité référentielle,
en l'occurrence interne, dans l'articulation écriture-lecture. Plus qu'une
interdépendance de deux bornes distinctes protégées l'une
par rapport à l'autre, il s'agit d'un seul système, abscons dans
toute localisation, d'un système dialogique. La linéarité
est son ancrage dans le réel, la synthétisation de ses mouvements
comme une paralysie passagère.
Le couple écriture-lecture, la stabilité mutuelle et dépendante qui l'attache au questionnement de sa nature ontologique, depuis que sa trace est mémoire, dans son aspiration à lever le voile de toute métaphore, ne peut-on le concevoir, dans cette stabilité de la dérive de sens qui le caractérise, avec toutes ses propriétés, comme un système d'attracteurs étranges dont l'image-mouvement est sa propre conceptualisation?
La machine à
produire du sens dans les objets, à fixer leur longévité
dans un corps charrié par la copulation, perpétue, dans le rythme
des phases de l'écriture-lecture, dans le désordre de leur apparition,
un mouvement du monde qui pourrait s'apparenter, de façon simplifiée,
à celui des attracteurs étranges; mais la multiplicité
des données mises en phase dépasse de loin la représentation
intégrale du monde, si ce n'est comme utopie nécessaire... et
encore. C'est un coup à se fourvoyer dans la pensée de l'éternité.
Le corps de la pensée, à travers la fiction et sa répétition
(répétition des thèmes immortels) s'avère
uniquement quantifiable dans la fragmentation.
Il s'agit uniquement d'essayer la pensée dans de nouveaux systèmes,
d'en extraire quelques attracteurs mais les considérant parmi une multitude
chaotique d'attracteurs -certains disparaissant dans le mouvement infinitésimal
de leur résolution, au moment où d'autres figures émergent
de la complexité. Ils forment un bassin d'attracteurs dont les lois s'émoussent
à la turbulence de leurs relations, un chaos déterministe, une
rectification aléatoire de la tendance à l'entropie des textes.
Les attracteurs étranges paraissaient de nature fractale, ce qui signifiait
que leur véritable dimension devait être fractionnaire voire indémontrable.
i
la métaphore peut soutenir la probabilité de référents
cohérents dans la réalité, ne peut-on postuler qu'elle
soit le mouvement du système d'attracteurs écriture-lecture?
Rentrons cette variable dans la simulation
générale en cours, sans plus l'alourdir des imbrications du reste
du monde. Car ce système doit être démontré, et ne
fait que poser les bases théoriques visant à reconnaître
dans la métaphore, l'existence conceptuelle d'un chaos déterministe.
Il est restreint dans la mesure où il ne prend pas en compte des mouvements
beaucoup plus amples tels le parasitage, le bruit (un bruit métaphorique,
non une quantité sonore).
L'écriture-lecture
peint non seulement l'économie de ses moyens, le monde pour l'histoire
sans intention de tromper, mais elle simule un réel déjà
reconstitué, déjà simulation, et qui n'a de cesse que de
se répéter dans une infinité d'autres simulations, toutes
proportions perdues.
Si les fictions sont des instruments
de capture, elles sont piégées par leur modèle, dans la
mesure où le monde, par définition, leur échappe dans sa
constante métaphorisation.
ENVELOPPEMENT DES MODÈLES
CADUQUES DANS LES CHRYSALIDES DE TRANSFORMATION DE NOUVEAUX MODÈLES
Elles sont le lieu caractérisé
de l'entropie, et à leur manière consomment les modélisations
du monde, se métamorphosent dans ses charges affectives et énergétiques,
dans l'interface planétaire du langage et des machines désirantes.
Tout tend vers le désordre. Tout processus convertissant de l'énergie
d'une forme en une autre en perd obligatoirement une partie sous forme de chaleur...
Cette partie, ce reste singulièrement humain, défie tous les programmes
du fond de la turbulence des passions, de la volonté, de notre aptitude
à l'extase et à la jouissance. Les corps sont lâchés,
et la fiction y travaille dans le principe de plaisir où elle se reproduit
et s'auto-génère, où parmi ses buts, est le viol
de toutes programmations, le piratage des systèmes qui le sclérosent.
Dans le creuset de cette terreur d'être humain, l'écriture-lecture
est bien en peine d'être à la fois légère sans maximiser
ses variables, tout en soutenant une simulation plus rusée et plus précise,
plus mortelle encore, au sens propre du terme.
Nous pourrions envisager la simulation comme un genre littéraire voire
comme le modèle de tout récit, ou encore l'avènement d'une
nouvelle science-fiction, à portée temporelle dans le labyrinthe
du hasard et du non-lieu.
Mais le monde ne tient
pas à la comparaison; il comparaît dans des facettes qui se dérobent
à leur approche.
La tromperie est la première simulation, la feinte originelle de notre
désir du Tout, d'une orgueilleuse systématisation.
- Gleick J. : la théorie du chaos, "vers une nouvelle science" / Champs Flammarion
- Lyotard J.F. : l'inhumain, "causeries sur le temps" / Galilée
- Mandelbrot B. : Les objets fractals / Flammarion
- Prigogine I. & Stengers I. : La nouvelle alliance / Folio Essais
- Quéau P. : Eloge de la simulation / Champ Vallon
- Virilio P. : L'espace critique / Bourgois - Choix/essais
- Les nouveaux outils du savoir / textes réunis par Chambat
- P. & Levy P. / Ed. DescartesCouts-circuits / Traverse N°16
*MONTE CARLO: La simulation de modèles stochastiques par la méthode de Monte Carlo facilite l'utilisation de théories incomplètement formalisées, et dont on ne saurait déduire par calcul les conséquences pratiques [...] rend possible l'élaboration de modèles hybrides agrégeant des théories empruntées à diverses branches de la science qui n'ont pas atteint le même niveau d'abstraction et pouvant même recourir à un volume important de données empiriques ( statistiques par exemple ).