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ntre 1991 et 1994, mon confidentiel travail éditorial - K'de M éditions - publiait, pour quelques proches et quelques abonnés, les textes de Erstenes, Allin, J.F.Savang et, bien entendu, les miens. Ceci probablement, comme l'évoquait Borges, afin que nous ne passions pas notre vie à corriger nos brouillons. Mais il arrive un moment où la question se pose crûment : la confidentialité de nos travaux est-elle gouvernée par nos intentions artistiques, par la faiblesse de nos moyens d'action, ou par notre pusillanimité? Durant l'été 1994, avec d'autres amis de toujours, O.Blondel, L.Pinon, J.Demarc et R.Eon, nous avons décidé de réunir nos incompétences pour tenter une revue : une revue pour s'encourager à un travail régulier, une revue pour mieux saisir les derniers états de l'écriture et de la publication, une revue pour rencontrer d'autres écrivains, d'autres artistes, une revue pour exploiter des formes trop délaissées, le pamphlet, l'essai critique, une revue pour approfondir ces milles choses effleurées par la conversation, pour mettre à l'épreuve l'apparente solidité de nos goûts et de nos positions théoriques, une revue pour rédiger des textes que sans aucun doute nous n'aurions jamais écrits sans elle. D'une certaine manière, La Parole Vaine, MMI et Enculer, sont nées d'à peu près les mêmes conditions de départ. |
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ous avions un peu rapidement adopté l'idée que notre travail inscrivait la revue dans un panorama d'avant-garde : l'importance que nous accordions à la recherche, à la contemporanéité et à la combativité de nos choix artistiques, cuturels, intellectuels et, le plus souvent, l'objet même de nos études ne nous y conduisaient-ils pas? Mais, le monde des revues s'ouvrant en quelque sorte à nous, nous en avons reçu et lu beaucoup d'autres : simples feuillets photocopiés d'auteurs inconnus ou revues chevronnées pour lesquels cette notion était encore un mot d'ordre ; nous avons du reconsidérer notre position en regard de ces manifestes : non seulement les textes qui nous passaient entre les mains étaient à mille lieues de nos préoccupations, mais, surtout, contrairement à ces revues, l'avant-garde n'était jamais notre objet. Notre objet fut donc la revue elle-même, comme territoire et comme instrument de notre propre mesure. Un portrait exact de La Parole Vaine serait la somme de ce qu'elle nous a enseigné : notre assiduité nous a révélé notre degré d'implication dans cet exercice et, aussi, tout bêtement, dans notre métier d'artiste et d''écrivain. 'équipe
s'est agrandie, les critères d'admission des textes à
la fois assouplis et resserrés: nous avons toujours privilégié
l'autonomie et la cohérence des auteurs, choisissant de publier
plus favorablement un texte imparfait d'un écrivain qui présentait
les signes d'un travail singulier en cours d'amélioration,
qu'un texte très professionnellement et confortablement adéquat. La poésie a peu à peu disparu de nos pages, les essais se sont multipliés. ACCÈS AUX NUMÉROS ALBUM DE FAMILLE (photo et brève histoire) |
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L.L. de Mars, Christian Prigent, émission «Entretiens, 1994 » |
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n 2001, alors que je suis toujours à Rennes, la plupart des amis avec lesquels nous avions fait naître et vivre La Parole Vaine se sont éparpillés ; presque seul, la vie d'une revue me manque pourtant, la régularité d'écriture à laquelle elle astreint, l'excitation partagée et contagieuse qu'elle offre à ceux qui la conçoivent ensemble, les perspectives expérimentales qu'elle ouvre au travail d'écriture. J'imagine donc une formule assez simple, qui nécessite le moins de monde possible pour sa réalisation technique et qui assure, par sa nature éditoriale même, de n'avoir pas à traquer inlassablement les bons textes pour clôturer un numéro. MMI sera donc une revue de feuilletons, dans laquelle un nombre réduit de romancier vont entamer des récits au long cours et les égrener numéro après numéro (une chronique en ligne est consacrée à la genèse du troisième numéro de MMI, de sa conception à sa distribution)
D'autre part, le plaisir pris à concevoir la maquette des actes du colloque « De l'humour libéral ou l'invention de l'idiot moderne » me donne une furieuse envie de faire de la conception plastique même de la revue un cadre expérimental et un terrain de jeu ; la plupart des revues littéraires sont moches et ringardes voire, dans le meilleur des cas, vaguement élégantes. Toujours dix trains de retard sur les catalogues d'art contemporain qui ont toujours dix trains de retard sur l'art contemporain qui a toujours dix trains de retard sur les artistes qui se foutent de toutes ces typologies à la con et réinventent le monde toutes les cinq minutes au fond d'un trou paisible. MMI devra, environ tous les trois mois, sortir ses 20 pages dont le travail d'illustration aura pour seul consigne de se tenir le plus éloigné possible des textes qu'il est censé encadrer. Il n'y aura que neuf numéros de la revue : j'espérais vaguement rencontrer tôt ou tard un ou deux jeunes esclaves que j'aurais pu atteler à la PAO pendant que je me consacrais à la peinture sur loutres ou tout simplement à l'écriture du roman censé occuper les pages de MMI. Mais aucun sang frais n'étant venu à temps alimenter ce bel organisme, je l'ai laissé crever discrètement pour vaquer à d'autres occupations. Les romans entamés ici, à l'exception du Byzance d'Emmanuel, sont restés inachevés. ACCÈS AUX NUMÉROS INTÉGRAUX EN PDF
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n soir de grosse fatigue dans la cuisine pourrie de la rue du Commandant Charcot, Joachim et moi disputions comme à notre habitude des avantages respectifs de la feignasserie la plus authentique, triomphante, et du travail vécu comme un palliatif hardcore à la pipe à crack. Je garderai à jamais mes lèvres scellées sur la genèse exacte de ce binôme monstrueux, mais sachez que c'est sur le seul poids argumentaire du couple de mots Enculer / poésie que nous avons tenté de convaincre deux autres petits merdeux de notre espèce de construire autour une revue : Oolong et Antoine Hummel ne se firent pas prier très longtemps pour trouver bonne cette idée stupide, et Enculer naissait. Voici le texte qui en accompagna la naissance : ous faisons une revue, vraiment une revue, c'est-à dire un ensemble de pages où les rédacteurs tentent des formes sans garantie de succès, une réunion de belles pensées sans programme, sans aucun soucis d'alourdir encore les couilles de plomb qui pèsent au cul de la créature fantôme appelée littérature. Philosophie, essai, fiction, bouillie graphique ou poème, nous n'avons pas de raison de nous étendre sur la nature de travaux dont nous attendons simplement qu'ils nous soit révélés, sans définition. our la plupart des revues, le soucis de profondeur commence et s'arrête avec le titre; après le sommaire, ça commence déjà à déconner. On y compte sur le côté chinois pour y signifier à votre place, pour faire programme. Nous souhaitons exactement le contraire. Un titre que rien ne rattrape, aucun second degré, un truc qu'on pardonne à 17 ans mais qui fait tache à 40, qui provoque un sourire gêné et qui persuade les habitués du biotope littéraire qu'ils savent déjà à quoi ils ont affaire (et à qui), un titre qui sera un vrai problème pour un projet de cette nature (il ne le serait évidemment pas s'il s'agissait de créer un graphzine). Nous avons choisi « Enculer ». Plus exactement, pour le premier numéro « Enculer - Poésie ». Poésie en sous-titre. S'il y a un numéro deux, ce sera « Enculer - essais ». Puis «Enculer - Fiction». Etc. Simple et beau comme l'éternité. Un numéro sortira quand chacun aura fourni un ensemble de pages dont il est satisfait. Les auteurs sont invités à se lâcher sans réserve, emprunter des voies que d'autres supports rendent difficiles ou impensables. Le format est assez ample pour ne pas réduire l'espace graphique ou brimer les envies de maquettes extravagantes des rédacteurs. ACCÈS AUX SOMMAIRES DES SEPT NUMÉROS DE TYPE I (tous disponibles en pdf)
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SOMMAIRE DES NUMEROS DÉJÀ PARUS DE LA PAROLE VAINE
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SOMMAIRE
DES NUMEROS DÉJÀ PARUS DE MMI
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SOMMAIRE
DES NUMEROS DÉJÀ PARUS DE ENCULER
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