 rûlez 
  un temple, vous substituerez votre nom à celui de l'architecte; enterrez 
  vos cadavres sous dix couches de bandelettes en rendant mystérieux jusqu'à 
  leur tissage, roulez, opacifiez, inventez le culte le plus inaccessible des 
  clefs, des migrations et des portes, éventail des transports sous la 
  peau desséchée qu'ils soulèvent, coulez des sarcophages 
  sous une langue écrite presque inutilisable, dont un subtil mélange 
  de balourdise et de pénombre rendra chaque signe polysémique jusqu'à 
  l'absurdité, et pierre à pierre, filez une muraille enceinte de 
  mille autres, de culs-de sac, poches crevées, signes de piste, échafaudez 
  la plus médiocre des allégories architecturales autour de votre 
  vieux singe emmailloté, et vous verrez le plus ordinaire des miracles 
  s'accomplir :
rûlez 
  un temple, vous substituerez votre nom à celui de l'architecte; enterrez 
  vos cadavres sous dix couches de bandelettes en rendant mystérieux jusqu'à 
  leur tissage, roulez, opacifiez, inventez le culte le plus inaccessible des 
  clefs, des migrations et des portes, éventail des transports sous la 
  peau desséchée qu'ils soulèvent, coulez des sarcophages 
  sous une langue écrite presque inutilisable, dont un subtil mélange 
  de balourdise et de pénombre rendra chaque signe polysémique jusqu'à 
  l'absurdité, et pierre à pierre, filez une muraille enceinte de 
  mille autres, de culs-de sac, poches crevées, signes de piste, échafaudez 
  la plus médiocre des allégories architecturales autour de votre 
  vieux singe emmailloté, et vous verrez le plus ordinaire des miracles 
  s'accomplir : 
          le désarroi ou l'épouvante 
  des uns fera briller pour les autres l'occasion d'un nouveau pouvoir à 
  saisir de suite, le décodage de fumeroles, leur redoublement, nouveau 
  voile du mystère par son évocation ; et nul doute que votre piteux 
  sépulcre servira toutes les gloires de l'occulte, puisque c'est la somme 
  même de vos approximations qui fera lire les trajectoires des astres, 
  l'échelle du cosmos, la gravitation universelle, l'histoire des Grands 
  Anciens, dans l'impeccable métrique de l'anus d'une vache sacrée 
  ou la composition du bicarbonate de soude... Votre vanité servira de 
  levier à celle de vos suiveurs. 
 l 
  est toujours difficile d'évaluer ce qui noue l'opaque, l'indéchiffrable, 
  l'obscur, sous peine d'avoir à questionner notre propre seuil de cécité; 
  nous ne pouvons ignorer que seule la vanité la plus vulgaire fait ricaner 
  systématiquement devant ce qui se donne avec difficulté, que seule 
  la boulimie sensuelle d'immédiateté (de l'illusoire spontanéité 
  des oeuvres d'art) peut se leurrer sur sa capacité à consommer 
  dans la fulgurance de la lecture ce que seul le travail d'une vie avait pu faire 
  écrire; il n'y a pas plus de conformité de l'écriture à 
  la sensualité qu'elle est prétendue exalter, qu'il n'y a eu un 
  jour d'écriture automatique: libre aux naïfs de croire qu'ils ont 
  pu s'expatrier de leur langue pour promouvoir chez elle ce qu'elle refuse au 
  monde, ce qu'elle s'est toujours refusé.
l 
  est toujours difficile d'évaluer ce qui noue l'opaque, l'indéchiffrable, 
  l'obscur, sous peine d'avoir à questionner notre propre seuil de cécité; 
  nous ne pouvons ignorer que seule la vanité la plus vulgaire fait ricaner 
  systématiquement devant ce qui se donne avec difficulté, que seule 
  la boulimie sensuelle d'immédiateté (de l'illusoire spontanéité 
  des oeuvres d'art) peut se leurrer sur sa capacité à consommer 
  dans la fulgurance de la lecture ce que seul le travail d'une vie avait pu faire 
  écrire; il n'y a pas plus de conformité de l'écriture à 
  la sensualité qu'elle est prétendue exalter, qu'il n'y a eu un 
  jour d'écriture automatique: libre aux naïfs de croire qu'ils ont 
  pu s'expatrier de leur langue pour promouvoir chez elle ce qu'elle refuse au 
  monde, ce qu'elle s'est toujours refusé. 
 t 
  pourtant, l'autopsie du jour va être celle d'une langue qui s'est crue 
  malade de s'être trop observée, et qui aura détourné 
  les yeux vers le florilège des formes, là où ça 
  ne parle pas; enfin, étrangement, là où ça DIT ne 
  pas parler. Je n'ai pas le sentiment, moi, qu'elle ait été assez 
  patiente et attentive, pour avoir cru aussi lapidairement en avoir fini avec 
  ses propres métamorphoses.
t 
  pourtant, l'autopsie du jour va être celle d'une langue qui s'est crue 
  malade de s'être trop observée, et qui aura détourné 
  les yeux vers le florilège des formes, là où ça 
  ne parle pas; enfin, étrangement, là où ça DIT ne 
  pas parler. Je n'ai pas le sentiment, moi, qu'elle ait été assez 
  patiente et attentive, pour avoir cru aussi lapidairement en avoir fini avec 
  ses propres métamorphoses. 
 ais 
  pour qu'on ne se leurre pas sur mes intentions, je ferai une fois encore allégeance 
  à Nietzsche, dans ECCE HOMO: "On ne saurait entendre 
  exactement ce à quoi des événements antérieurs ne 
  vous donnent point accès. Imaginons dès lors un cas extrème: 
  qu'un livre ne parle que d'événements qui se trouvent complètement 
  en dehors des possibilités qui se présentent fréquemment, 
  ou même rarement seulement dans la vie de quelqu'un; que c'est la première 
  fois que le livre en question parle un langage qui prépare une série 
  de possibilités nouvelles. Dans ce cas, il se produit un phénomène 
  extrèmement simple: on n'entend rien de ce que dit l'auteur et l'on a 
  l'illusion de croire que là où l'on n'entend rien il n'y a rien..."
ais 
  pour qu'on ne se leurre pas sur mes intentions, je ferai une fois encore allégeance 
  à Nietzsche, dans ECCE HOMO: "On ne saurait entendre 
  exactement ce à quoi des événements antérieurs ne 
  vous donnent point accès. Imaginons dès lors un cas extrème: 
  qu'un livre ne parle que d'événements qui se trouvent complètement 
  en dehors des possibilités qui se présentent fréquemment, 
  ou même rarement seulement dans la vie de quelqu'un; que c'est la première 
  fois que le livre en question parle un langage qui prépare une série 
  de possibilités nouvelles. Dans ce cas, il se produit un phénomène 
  extrèmement simple: on n'entend rien de ce que dit l'auteur et l'on a 
  l'illusion de croire que là où l'on n'entend rien il n'y a rien..." 
  
          Les termes en sont clairs: "qu'un 
  livre ne parle", "un langage qui prépare", "ce que dit 
  l'auteur": et si cette chaîne-là est rompue, affiche la rupture 
  comme son champ à elle, si faute de grive elle convoque des paons pour 
  masquer son indigent corps gris, alors il est bien possible que là où 
  l'on ne voit rien, il n'y ait, effectivement, rien... Nous touchons ici à 
  une deuxième ambiguïté que propose l'assertion très 
  juste de Nietzsche, c'est qu'aussi vulgaire que le rire devant l'incompréhensible, 
  il y a la prudente soumission à la confusion qui fait imaginer que si 
  ça a l'air si compliqué, il ne peut pas ne rien y avoir là-dedans. 
  
  Allons vers nos moutons. 
    
   'est avec ce 
  même mouvement d'exorcisation du palais que l'enfance avait cru dégoûter 
  à jamais d'un plat et qui m'y fait revenir adulte, que je suis allé 
  et venu avec une curieuse retenue permanente vers ces ouvrages (dentelles), 
  invariablement cryptés, perforés, pliés, catalogue hyper-typographiés, 
  cartographiés, all-overs, soit, par exemple: vers le ILS O NE PIOSS- 
  de Bruno MONTELS, le (indices) de Philippe DÔME, ou encore 
  le Journal in-time 1974-1984 de Pál NAGY (encore que la 
  moitié de ce dernier étant composée en roumain, il me sera 
  plus difficile de gratter la béance sémantique);
'est avec ce 
  même mouvement d'exorcisation du palais que l'enfance avait cru dégoûter 
  à jamais d'un plat et qui m'y fait revenir adulte, que je suis allé 
  et venu avec une curieuse retenue permanente vers ces ouvrages (dentelles), 
  invariablement cryptés, perforés, pliés, catalogue hyper-typographiés, 
  cartographiés, all-overs, soit, par exemple: vers le ILS O NE PIOSS- 
  de Bruno MONTELS, le (indices) de Philippe DÔME, ou encore 
  le Journal in-time 1974-1984 de Pál NAGY (encore que la 
  moitié de ce dernier étant composée en roumain, il me sera 
  plus difficile de gratter la béance sémantique); 
          S'il n'est plus permis de se fier 
  au seul étalon de la lecture pour en peser la substance, (et je devrais 
  m'en garder, alarmé par de trop fréquentes lectures hâtives, 
  indisciplinées, qui me firent parfois rougir de ma légèreté), 
  s'il faut y suppléer par les joies de la randonnée visuelle, voire 
  de l'iconologie, pire, d'une confrontation avec l'auteur et son decodex, il 
  faudrait bien savoir comment on en est arrivé là... 
          Précisemment, si je n'ai pas 
  l'intention ici d'avoir pour objet un fascicule en particulier (si je tente, 
  disons, la divulgation de ce qui est -et ne veut pas s'avouer- occultement 'un 
  genre), j'aimerais bien, cependant, proposer quelques-unes des réflexions 
  que soulève cette littérature (qui foisonne, entre les années 
  20 et 70, sous toutes les capelines possibles) que nous pourrions qualifier 
  d'écriture-limite (ici plus figurale que figurante), pour autant qu'elle 
  est incapable de toucher véritablement aux limites de l'écriture 
  (cf: Ph. SOLLERS), ayant si peu prit la peine d'en questionner le contrat. J'aurais 
  pu dire: écriture, à la limite... 
 anoeuvré 
  par un promeneur littéraire peu soucieux de forage, UN COUP DE 
  DÉS pourrait tout aussi bien n'être qu'un exercice de respiration 
  accidenté ou une frivolité plastique si... si si si les dérapages, 
  cascades, glissements de corps ne faisaient mouche de sens, n'avaient de fonction 
  supplémentairement littérante... sémantique; je ne vais 
  pas radoter sur les multiples layons herméneutiques qu'engage le seul 
  jeu des corps et des graisses typographiques dans ce COUP DE DÉS, 
  les exégètes de Mallarmé ne manquent pas. Mais c'est justement 
  par cet empressement de lecteur, cet enthousiasme exagéré qui 
  fait de l'image à tout-va, baffreur de la seule pellicule, que le bas 
  va blesser rapidement : il suffit de feuilleter quelques-uns de ces centaines 
  d'opuscules à gouvernement poétique qui engorgent les bouquineries 
  avant le pilon (fréquemment comptes d'auteur ou  petites éditions 
  provinciales éphémères aux titres liquoreux qui vous assomment 
  de "rêves" ou de "délires" pour la famille des archivistes incultes, 
  ou de "viande rouge palpitante" pour la famille défitinitivement acnéique) 
  pour se persuader qu'une partie de la pilule a été fort bien digérée 
  -la consommation d'image étant, n'est-ce pas, économe en efforts- 
  et que de bonnes choses exploitées par de piètres lecteurs accouchent 
  inévitablement des pire excès de la complaisance: 1, 2, là 
  où la page se creuse le souffle s'alanguit, et on n'en parle plus (ou 
  pas plus loin), la petite famille Ponctuation s'est agrandie & basta...
anoeuvré 
  par un promeneur littéraire peu soucieux de forage, UN COUP DE 
  DÉS pourrait tout aussi bien n'être qu'un exercice de respiration 
  accidenté ou une frivolité plastique si... si si si les dérapages, 
  cascades, glissements de corps ne faisaient mouche de sens, n'avaient de fonction 
  supplémentairement littérante... sémantique; je ne vais 
  pas radoter sur les multiples layons herméneutiques qu'engage le seul 
  jeu des corps et des graisses typographiques dans ce COUP DE DÉS, 
  les exégètes de Mallarmé ne manquent pas. Mais c'est justement 
  par cet empressement de lecteur, cet enthousiasme exagéré qui 
  fait de l'image à tout-va, baffreur de la seule pellicule, que le bas 
  va blesser rapidement : il suffit de feuilleter quelques-uns de ces centaines 
  d'opuscules à gouvernement poétique qui engorgent les bouquineries 
  avant le pilon (fréquemment comptes d'auteur ou  petites éditions 
  provinciales éphémères aux titres liquoreux qui vous assomment 
  de "rêves" ou de "délires" pour la famille des archivistes incultes, 
  ou de "viande rouge palpitante" pour la famille défitinitivement acnéique) 
  pour se persuader qu'une partie de la pilule a été fort bien digérée 
  -la consommation d'image étant, n'est-ce pas, économe en efforts- 
  et que de bonnes choses exploitées par de piètres lecteurs accouchent 
  inévitablement des pire excès de la complaisance: 1, 2, là 
  où la page se creuse le souffle s'alanguit, et on n'en parle plus (ou 
  pas plus loin), la petite famille Ponctuation s'est agrandie & basta... 
 lus 
  pervers ou brigand formaliste, est celui qui prend des lanternes pour des vessies 
  retournées, et qui, trouvant tout ça résolument très 
  moderne et très plastique, nous rejoue le Kandinski ébahi confronté 
  à une toile renversée; il est capable de n'aimer d'un musicien 
  que le choix de ses redingotes et d'appeler ça attitude d'artiste, voire 
  happening. Dieu soit loué, celui-là n'y avait vu que de la peinture 
  abstraite et non du langage: d'autres, hélas, sauront cuisiner ce pudding 
  immangeable après lui pour nous faire croire que toutes les activités 
  humaines qui extériorisent l'intention individuelle ont un seul et même 
  souffle commun, radicalisent une seule et même intention, la communication, 
  voire le langage (il est assez alarmant que par un soucis d'équité 
  étrangement déplacé, quelques faux réformateurs 
  puissent nous monter en scène la grande équivalence des médiums, 
  leur totale interchangeabilité - mais où seraient-ils, désormais, 
  qui pourrait alors penser la moindre de leurs spécificités? - 
  musique, peinture, littérature, danse, et, pourquoi pas ensuite, aéorobic 
  et canevas au point de croix; tout ça étant, il paraît, 
  langage... Je comprends bien la rancoeur qui anime des artistes sans cesse soumis 
  à la nécessité de parler -qui voient leurs oeuvres soumises 
  à la formulation, sans espoir de rendre à la langue sa formule- 
  je conçois leur désir de disputer son pouvoir cognitif et expressif 
  à l'envahissante autorité du langage : mais il serait aussi vain 
  d'attendre d'un poulpe qu'il vous renseigne sur son animalité; le pouvoir 
  de classification, d'asujettissement, est ici aussi unilatéral);
lus 
  pervers ou brigand formaliste, est celui qui prend des lanternes pour des vessies 
  retournées, et qui, trouvant tout ça résolument très 
  moderne et très plastique, nous rejoue le Kandinski ébahi confronté 
  à une toile renversée; il est capable de n'aimer d'un musicien 
  que le choix de ses redingotes et d'appeler ça attitude d'artiste, voire 
  happening. Dieu soit loué, celui-là n'y avait vu que de la peinture 
  abstraite et non du langage: d'autres, hélas, sauront cuisiner ce pudding 
  immangeable après lui pour nous faire croire que toutes les activités 
  humaines qui extériorisent l'intention individuelle ont un seul et même 
  souffle commun, radicalisent une seule et même intention, la communication, 
  voire le langage (il est assez alarmant que par un soucis d'équité 
  étrangement déplacé, quelques faux réformateurs 
  puissent nous monter en scène la grande équivalence des médiums, 
  leur totale interchangeabilité - mais où seraient-ils, désormais, 
  qui pourrait alors penser la moindre de leurs spécificités? - 
  musique, peinture, littérature, danse, et, pourquoi pas ensuite, aéorobic 
  et canevas au point de croix; tout ça étant, il paraît, 
  langage... Je comprends bien la rancoeur qui anime des artistes sans cesse soumis 
  à la nécessité de parler -qui voient leurs oeuvres soumises 
  à la formulation, sans espoir de rendre à la langue sa formule- 
  je conçois leur désir de disputer son pouvoir cognitif et expressif 
  à l'envahissante autorité du langage : mais il serait aussi vain 
  d'attendre d'un poulpe qu'il vous renseigne sur son animalité; le pouvoir 
  de classification, d'asujettissement, est ici aussi unilatéral); 
              Il était 
  inévitable que l'opération inverse envahisse le champ de l'écriture, 
  et si les gentils calligrammes d'Apollinaire qui brodent d'innocents réseaux 
  tautologiques sont de toute évidence à réserver aux jardins 
  d'enfants, la brêche est tout de même ouverte à la pratique 
  la plus légère, insouciante, du diagramme, et sous des allures 
  nettement moins repérables, au-dessus de tout soupçon. 
          Nous savions déjà les 
  peintres de toutes espèces suffisamment ignorant et dramaturges, rebelles 
  à l'intellection et syncrétiques, pour les excuser de toutes les 
  écorchures faites à la langue voire à la linguistique, 
  mais le travail inepte d'un écrivain qui, peignant, commet les mêmes 
  erreurs -je pense ici aux collections de signes d' Henri Michaux- 
  devrait nous alarmer suffisamment pour nous faire manier la croisée probable 
  de l'organisation d'un espace tabulaire et d'une page d'écriture avec 
  d'infinies précautions... 
              ... mais 
  ce n'est évidemment pas de l'accaparement sauvage de l'appareil littéraire 
  par l'appareil pictural (les pitoyables efforts des ânes lettristes -dans 
  les deux trajectoires du système- en sont le plus mauvais, et donc le 
  plus instructif, exemple; et leur haine avouée du SENS en dit assez long 
  sur leurs intentions totalitaires) dont je veux parler ici, l'enjeu de cette 
  saisie n'en étant pas nécessairement une improbable synergie, 
  tant l'écriture a, il est vrai, d'indéniables vertus plastiques 
  que je ne lui refuserai pas... du moment, bien entendu, que le peintre nous 
  évite les affabulation navrantes d'incompétence du type "métasigne"(Degottex) 
  ou "graphes" (Dotremont), et les moutons sont bien gardés, 
  on peut tirer la bergère. Disons d'une manière générale 
  que si n'est pas entretenue l'illusion de faire redoubler le sens pictural par 
  l'apparition formelle du signe linguistique (si l'on n'admet donc qu'il y a 
  des lieux où il n'est plus signe) ou l'allusion à son tracé, 
  nous sommes bien dans le plaquage (et c'est cette opération, et non ce 
  qui est plaqué, qui fait sens) et non dans la supercherie. 
              Mais observons 
  le va-et-viens de la contemplation: 
              Le flou artistique 
  qui règne autour de l'alibi poétique (flou qu'entretiennent avec 
  science ces archétypiques poètes pour ne pas se faire lapider 
  pour fumisterie démiurgique) nous fait subir les effets de leur contemplation 
  déviante (ils ne voient du monde que le poème qui peut en être 
  tiré, et l'on peut entendre d'un paysage comme d'une écriture 
  romanesque dire qu'ils sont poétiques[?]), nous fait hériter des 
  travers les plus incohérents des prophètes de l'Art Total, où 
  une truie, harassée, se désintéresserait rapidement de 
  sa progéniture. La confusion est grande entre le nappage historique qui 
  n'affecte que les mots de l'histoire (ce sont alors des formulations chargées 
  d'histoire et non, à proprement parler, du seul discours) et l'indifférence 
  totale du Monde à la tentative de le circonscrire, à ses aléas 
  taxinomiques ; en danger permanent d'obsolescence, le vocabulaire poétique 
  n'entraîne pas pour autant le Monde dans le jeu de ses mutations et il 
  importe peu à une abeille qu'une rose soit un cliché. 
          Il serait peut-être temps d'infléchir 
  la voie affolée, et satisfaite de son affolement, du fatras des laborantins 
  plus ou moins hasardeux, experts en trouvailles remarquables, en gommes (pensent-ils) 
  à clichés, effrayés par leur propre production historique 
  du cliché, afin de dégager, pour mieux approfondir cette questionnante 
  rencontre, une heuristique de la Figure... 
 l 
  semblerait bien, en tous cas, en observant cette littérature généreuse 
  en effets formels, et avare de fiction, que quelque clause de l'exigeant contrat 
  littéraire, biffée, ait fait se perdre l'idée même 
  qu'écrire fût contractuel... la pratique littéraire, même 
  la plus dégagée des contraintes de la narration, n'est est pas 
  moins inféodée à la langue d'usage ce qui, tout en rétrecissant 
  considérablement le champ des possibles, est la ligne paramétrique 
  qui nous fait jouir des prestations comparées de Proust et de Joyce: 
  c'est bien parce qu'il n'existe pas de peinture d'usage (même s'il en 
  existe une d'usure) et que tout est voué, finalement, à devenir 
  tôt ou tard une image, que je laisse volontier leur intolérable 
  liberté aux peintres; mais un médium n'est pas, je l'ai dit,  
  une prothèse interchangeable, et qu'y-a t'il de plus horripilant, par 
  exemple, qu'un film qui pourrait tout aussi bien être un livre ou une 
  bande dessinée? En quoi le cinéaste se sera-t'il affranchi du 
  contrat avec le médium filmique, en clair, comment croire une seule seconde 
  qu'il ait pu faire, ici, du cinéma?
l 
  semblerait bien, en tous cas, en observant cette littérature généreuse 
  en effets formels, et avare de fiction, que quelque clause de l'exigeant contrat 
  littéraire, biffée, ait fait se perdre l'idée même 
  qu'écrire fût contractuel... la pratique littéraire, même 
  la plus dégagée des contraintes de la narration, n'est est pas 
  moins inféodée à la langue d'usage ce qui, tout en rétrecissant 
  considérablement le champ des possibles, est la ligne paramétrique 
  qui nous fait jouir des prestations comparées de Proust et de Joyce: 
  c'est bien parce qu'il n'existe pas de peinture d'usage (même s'il en 
  existe une d'usure) et que tout est voué, finalement, à devenir 
  tôt ou tard une image, que je laisse volontier leur intolérable 
  liberté aux peintres; mais un médium n'est pas, je l'ai dit,  
  une prothèse interchangeable, et qu'y-a t'il de plus horripilant, par 
  exemple, qu'un film qui pourrait tout aussi bien être un livre ou une 
  bande dessinée? En quoi le cinéaste se sera-t'il affranchi du 
  contrat avec le médium filmique, en clair, comment croire une seule seconde 
  qu'il ait pu faire, ici, du cinéma? 
              Qu'un écrivain 
  vienne à s'imaginer que la simple manipulation des signes conventionnels 
  de l'écriture suffise, exempte de toute préoccupation sémantique, 
  à offrir un pseudopode supplémentaire à l'appareil littéraire, 
  voilà qui tient de la franche prévarication, en souhaitant qu'il 
  ne s'agisse pas de pure naïveté... qu'il s'imagine ensuite, (alors 
  qu'il n'aura pas même interrogé pleinement son matériau 
  de base), qu'en lui adjoignant quelques pratiques extérieures et leurs 
  bagages signalétiques, il aura aidé à son enrichissement, 
  et voilà l'avènement du gadget littéraire, du livre d'artiste, 
  du bricolage, du patchwork, en bref, du fourre-tout inconséquent, du 
  collage. 
              Là 
  où Maurice Roche, entre "Compact" et "CodeX", 
  a proposé l'endémie du texte par les indices plastiques, tissant 
  un réseau extraordinairement riche de connections analogiques, spatiales 
  ou brutalement, matériellement livresques, on a vu naître pour 
  l'écriture une polysémie qu'elle n'aurait pu résoudre seule, 
  sans avoir recours à d'interminables artifices langagiers (bien que ses 
  choix en matière de typographie trahissent un inquiétante inculture 
  du sujet, un mauvais goût de paysagiste) ; mais que penser en revanche 
  de la prolifération des babioles extra-signifiantes chez Philippe Dôme, 
  sinon à un des avatars de l'art décoratif? 
 e 
  parlais tout-à l'heure des tautologies calligrammatiques, mais l'écriture 
  d'une ligne longeant le pourtour d'un labyrinthe figuré (in "Journal 
  in-time", de Pál NAGY), figure-t'elle au moins autant une véritable 
  écriture labyrinthique que, par exemple, "La cathédrale 
  de sens" de Jean Ricardou?
e 
  parlais tout-à l'heure des tautologies calligrammatiques, mais l'écriture 
  d'une ligne longeant le pourtour d'un labyrinthe figuré (in "Journal 
  in-time", de Pál NAGY), figure-t'elle au moins autant une véritable 
  écriture labyrinthique que, par exemple, "La cathédrale 
  de sens" de Jean Ricardou? 
              Je ne prétends 
  pas que l'entreprise de perturbation de la langue inscrite alliée à 
  la multiplication des interférents avec d'autres pratiques du signe environnant 
  soit à tenir au registre des irrésolubilités, de la plaisanterie  
  ou de la proposition de principe pour colloque, mais je la tiens pour plus exigeante 
  que ludique, plus soumise à un système intellectuel projectif 
  qu'à l'empirisme bouinard: à cet égard, je m'en tiendrai 
  à cet avertissement du "Théâtre et son double", 
  qui nous instruit de ne pas tant tirer des conclusions de nos actes que d' accorder 
  nos actes à notre pensée...