Oolong
La tombe - IX -

Récit-album, c'est à dire une série d'instantanés plutôt qu'une histoire. Chaque bloc relativement indépendant des autres, mais s'y reliant par un « air de famille » [...]
Ce roman est feuilletonné à l'occasion de sa publication dans Le Terrier. Voici la troisième partie, présentée aux lecteurs le lundi 4 avril.

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Discussion sur le toit

Cette nuit-là, nous étions montés sur le toit, c'était en plein milieu de la nuit, il faisait noir, noir nuit, mais pas totalement, noir nuit + gris lune, à vrai dire, encore moins nuit que ça, noir nuit + gris lune + nuages reflétant la clarté de la lune et la rabattant sur nous, indirectement, et même un peu de jaune, noir nuit + gris lune + nuages + lumières des lampadaires cognant les nuages et retournant vers le sol, ça se précisait, ensemble indistinct entre la nuit ET la lumière, comme il y a toujours dans la nuit, souvent, plus de lumière qu'on pourrait le croire (mais qui ça on ?) au point qu'il ne fait pas nuit, c'était cette nuit-là, les heures de la nuit, nous la voyions et nous savions qu'il s'agissait de ces heures-là,

nous avions vu passer des oiseaux, vol en V impeccable et cris et bruit du bord des ailes qui coupent l'air, progression rapide du troupeau (on ne dit pas troupeau pour les oiseaux), tourner le cou à mesure pour les suivre, formes blanches toutes égales et figure du groupe en vol qui leur ressemble, dans chaque oiseau la forme du vol, paraît qu'ils ont de bonnes raisons de s'organiser comme ça, quelque chose à voir avec l'aérodynamique, plus facile de voler, ils étaient passés pas très haut, en ordre sans doute, je ne comprenais rien à cet ordre-là, O avait entendu les oiseaux, observé cet ordre-là, et avait proposé que nous grimpions sur le toit, je ne savais pas si c'était pour l'ordre dans le vol des oiseaux ou pour la lumière dans la nuit, ou pour l'heure, heure propice, avait-il peut-être jugé, à grimper sur les toits, sur le sien, en tout cas,

nous étions montés, péniblement dans mon cas, grincement de jambes, menaces de crampes, salissures sur mon manteau, toujours le même, et avec agilité en ce qui concerne O, élévation de O, sur le toit de sa maison en nous arc-boutant à tour de rôle, (1.placer ses jambes et son dos de façon à boucher totalement le conduit, sueur sur les doigts 2. prendre appui sur ses mains derrière le dos pour faire progresser le torse vers le haut, les mains qui glissent 3. une fois le dos re-plaqué le long du conduit, remonter progressivement une jambe, puis l'autre, SANS LES EMMÊLER, 4. souffler, prendre le temps de s'essuyer les mains, contemplation, réflexions sur la situation présente, etc, 5.recommencer en 1 sauf au cas où on est arrivé) moi coincé malheureux durant l'ascension de ne pas avoir de ces pattes de mouche qui vous permettent de rester collé même sur les parois lisses, dans la cheminée qui conduisait à l'étroit vasistas par où tombait un jour parcimonieux et brun en pleine journée, et la nuit comme à ce moment-là rien du tout, brun à cause de la quantité incroyable de mousses qui recouvraient la vitre, mousses accumulées par des années et des années de pluie et de soleil et de fermentation, et que personne, surtout pas mon ami O qui trouvait cette lumière particulièrement adaptée et originale, ne nettoyait jamais, atmosphère marine de mer sale, vineuse disent les Grecs,

le vasistas était dans la cuisine de O, et nous étions monté sur la proposition de O comme à chaque fois nous le faisions, et c'était bien rare pour ma part, une ou deux fois chaque été, lorsqu'il faisait vraiment beau, toujours sur sa proposition, car j'avais peur de monter, un peu peur, et pour ma part je ne le proposais jamais, alors que mon ami O faisait très souvent ce chemin pour venir se percher au dessus de sa maison, pour venir coiffer le toit de sa maison, et regarder là je ne sais quoi, dans la nuit, toujours dans la nuit, d'abord atteindre le toit, et ensuite ramper sur le toit en nous frottant sur les tuiles rêches et mates du toit, avec ce son cristallin qu'elles font alors qu'on les croirait plus lourdes, jusqu'à atteindre, les pieds posés dans une gouttière, une position plus confortable de laquelle il ne fallait quasiment plus bouger au risque soit de tomber, soit de se retrouver tordu et tendu afin de ne pas glisser, et comme il n'y avais pas tout à fait assez de place, nous étions serrés l'un contre l'autre,

et c'est là que mon ami O avait commencé à me parler de la folie et du risque de la folie et de la tentation de la folie en ce qui le concernait, sur le toit,

voyez-vous, Egon, comment la rue se déroule en dessous de nous, et comment les immeubles sont disposés de part et d'autre de nous et de part et d'autre de la rue, et comment la corniche de celui-ci semble proche, si proche qu'un bond assez puissant, un bond dont un athlète se sentirait tout à fait capable, et un bond que nous-mêmes nous sentirions en mesure de réussir, nous permettrait de partir de ce toit où nous sommes et de gagner le toit de l'autre immeuble, je voyais bien, je nous voyais bien bondir dans la nuit d'un immeuble à un autre comme il le disait, deux créatures nocturnes et bondissantes comme les oiseaux, même si les oiseaux en plus volent (pourquoi aussi ne pouvons-nous pas voler ?), nous aurions pu au moins faire l'effort de bondir, d'un toit à l'autre, ç'aurait été très élégant, je voyais bien aussi l'immeuble qu'il me montrait, tout proche, d'une certaine façon, et attirant par sa proximité et par l'impression de confort que donnait son toit

mais ce serait une erreur, voyez-vous, Egon, ce serait une erreur totale, que de tenter ce bond, et ceci que nous nous y essayions nous-mêmes, qui n'avons aucun entraînement particulier, ou que ce soit un athlète accompli qui s'y essaie, car nous tout comme lui ne pourrions que nous retrouver quelques étages plus bas, dans la rue, et plus morts que vifs, écrasés sur le sol et en piteux état, car cette corniche est bien plus loin de nous qu'il ne semble au premier regard, à une distance qu'il n'est absolument pas possible de couvrir d'un bond, même très puissant et je vous déconseille d'essayer, je vous l'interdis même, sauf si vous cherchez vraiment à perdre la vie, auquel cas c'est le bon endroit, vous êtes même dans un endroit quasiment idéal, et j'étais bien d'accord avec lui, sur tout, à la fois que ce n'était pas possible (il faut que je me retienne, ce n'est pas possible, je n'y arriverai pas même si je suis un entraînement intensif à cette seule fin, avec réveil tôt le matin, quatre kilomètres de course et formation aux différentes doctrines du saut, je dois y renoncer), mais aussi sur le fait que ce serait un bon endroit pour essayer de sauter et pour rater la corniche de l'autre immeuble et pour dégringoler dans la rue encore porté par le sentiment que c'était possible, et que je m'y suis juste mal pris, que j'aurais dû m'appliquer plus pour faire ce saut,

la proximité de cette corniche est une illusion, une illusion de notre perception due aux proportions des différents éléments qui composent le décor ici, et particulièrement aux proportions que l'architecte de cet immeuble qui semble si proche a choisies pour des raisons décoratives, car son immeuble a été conçu pour être agréable à l'oeil, je suppose, et non pas pour permettre à des gens placés sur le toit où nous sommes de se faire une image juste de la distance qui les en sépare, bien entendu, concluais-je alors, c'était tout à fait juste, une histoire de décor et de fourberie, de fourberie décorative de l'architecte, une dangereuse fourberie décorative, sans aucun doute, quelque chose qui doit s'apprendre dans les écoles d'architectes,

cette illusion il serait peut-être possible de l'analyser, qu'importe, cette impression de pouvoir franchir cette distance d'un bond, cette tentation devrais-je dire, est tout à fait similaire à ce que j'éprouve de la folie qui me menace,

folie qui me menace, il l'avait dit sur un ton particulier, chantant, fo - o ---likimeu --- meu - eu --- na - ce, c'était la première fois que je l'entendais

moi plus qu'un autre ? Non, je ne le pense pas,

je ne le pense pas, je pense seulement

je pense seulement que cette question, et particulièrement en ce moment, ces jours-ci, cette question pèse sur moi, comme sans doute je pèse sur elle, à force d'être victime justement d'une dangereuse illusion, là encore, et d'une dangereuse illusion qui est double, qui, d'une part, et comme ici dans le cas de la corniche, est l'illusion, peut-être, pour ce que j'en sais, d'une proximité de la folie, que la folie est plus proche qu'elle ne l'est réellement, une illusion dont je ne suis pas si certain que ça,

qu'il s'agisse en effet d'une illusion, d'un saut que je risquerais de faire sans m'en rendre compte entre l'endroit où je suis maintenant, un endroit où je crois savoir que je ne suis pas fou, et un autre endroit, si proche en apparence, qui serait celui de la folie, je me demande sans cesse si la folie, comme cette corniche, n'est pas plus proche de moi que je ne le pense, n'est pas juste à côté de moi, et
et
et je
et je ne
et je ne sais plus
je ne sais plus si l'illusion est de la croire proche

(dans le vide du toit, tuiles froides contre les fesses, douleurs dans les pieds coincés dans la gouttière, j'écoutais l'illusion de mon ami O, je la regardais se dessiner, je la suivais attentivement, comme si par mon attention j'étais en mesure de lui donner assez de matérialité pour nous en saisir, pour l'attacher à nous pour en prendre une empreinte sur laquelle nous aurions pu par la suite conduire une série d'expériences en transportant cette illusion dans des domaines très différents, tous tellement différents)

ou au contraire que la croyance en cette illusion est elle-même illusoire, et que la folie n'a rien de lointain, et ne demanderait pas un bond surhumain, mais rien qu'un petit bond de rien du tout, un glissement, ou une glissade incontrôlée, comme nous pourrions en faire une sur ces tuiles humides, d'ailleurs, faites attention à vous, Egon, alors je n'aurais que l'illusion d'être encore loin de la folie, et de pouvoir la penser encore comme une menace distante alors que peut-être déjà je baigne entièrement dedans, et que peut-être déjà en vous parlant ce soir je ne fais que confirmer cette folie et m'avancer un peu plus loin dans cette folie, et l'illusion je la vois aussi autrement par moments, je ne la vois plus comme illusion de la distance ou de la proximité de la folie, mais comme illusion générale sur ma recherche, voyez-vous Egon, cette recherche dans laquelle je vis depuis si longtemps,

et il s'était arrêté là, longuement, remuant doucement ses jambes dans la gouttière, laissant sa phrase en suspens tandis que je frissonnais, pans de mon manteau rabattus, et que nous parvenait le silence de la ville qui restait muette, qui n'osait aucun commentaire, silence gonflant jusqu'à nous en ondes presque palpables et je vis alors que ce n'était pas une belle nuit mais au contraire une de ces nuits bouchées et finalement froides et humides,

car comment saisir la folie, comment l'envisager ? Si je continue ma recherche, et je n'ai pour le moment aucune envie d'y mettre fin, et si je la continue dans le sens où je suppose qu'elle doit continuer, qu'est-ce qui me retiendra de devenir fou ou de passer pour fou du moins aux yeux de ceux qui me connaissent, on me dira fou, car en la continuant, en m'avançant avec elle, je serai obligé de m'investir en elle encore plus, de parler de plus en plus sa langue, qui est aussi la mienne, de dire ma recherche, et ceci sera comme la folie, comme une folie qui lentement remplira mon langage et mes comportements, non pas par de nouvelles manières de faire ou de parler, mais uniquement par une exigence encore plus grande dans le sens de ma recherche, et une exigence qui me rendra raide et radical, car aujourd'hui déjà cette recherche a l'apparence de la folie, je crois, pour tous ceux qui n'y sont pas directement associés d'une manière ou d'une autre, et le risque de continuer c'est d'entretenir une illusion sur la distance à conserver vis-à-vis de cette recherche, sur la façon de se placer vis-à-vis d'elle,

comme il se taisait, je lui avais alors confié que moi aussi, dans mon travail d'écriture qui ne parvenait jamais à se constituer comme une écriture première, mais toujours comme une écriture seconde...

(copiste copieur pirate brigand
qui regarde par-dessus l'épaule de personne
lorsque personn'est là)

.... sous la forme d'une traduction de quelque chose qui avait déjà été écrit par un autre dans une langue que j'étais le seul à pouvoir traduire, j'avais ce sentiment d'une menace de folie, d'une menace qui ne pouvait être évitée en somme qu'au prix de garder avec tous, sauf avec lui en ce moment précis, le plus complet secret sur cette méthode d'écriture et sur ce dispositif d'écriture, qui aurait tellement pu laisser penser que j'étais fou, puisqu'il en allait bien ainsi, devant ma table, j'entendais comme de l'intérieur une voix qui me dictait ce qu'il fallait écrire,

voyez-vous, je n'ai pas le sentiment que vous soyez fou, j'ai le sentiment de ce mur entre la folie et vous et votre travail, ce qui vous tient le plus à coeur, mais ce sentiment n'est il pas typique de cette illusion de la proximité ou au contraire de l'éloignement de la folie

la folie, la folier, la tenir dans la distance juste nécessaire, qu'elle rayonne juste la bonne dose

et ni lui ni moi ne savions ensuite plus qui de nous deux avait pu prononcer ces mots

Il commença alors à afficher cet air de fatigue qui ne devait plus guère le quitter jusqu'à sa mort volontaire, air qu'il m'avait déjà été donné de lui voir, et même à de nombreuses reprises, mais jamais avec cette constance, jamais d'une façon telle que cet air ne disparût après quelques heures ou quelques jours, et c'était un air qui engageait l'espace autour de lui dans la même fatigue qui le travaillait, et qui révélait un peu plus encore la vieillesse des tuiles autour de nous, et leur saleté, ou qui les vieillissait et qui les salissait réellement au moment où il les regardait, et il en allait de même de la voussure de son dos qui, s'accentuant, rappelait le peu de résistance des véritables lignes droites dans notre champ de vision, elles aussi se trouvant tordues par cette usure.

vous voyez, je rayonne, et il souriait en disant cela , ma fatigue est comme un jeu dans lequel un des joueurs ne sait pas quoi faire lorsqu'il reçoit la balle jusqu'à ce qu'il choisisse de la poser devant lui et de la laisser là, non pas pour faire cesser le jeu, mais parce qu'il pense que ce peut-être là une façon pertinente de jouer, et parce qu'il ne sait pas que c'est interdit, voire absent du jeu, non-codifié, jamais envisagé ni décrit, comme si ça ne pouvait pas exister, ce joueur qui ne connaît pas les règles ne va pas sans les joueurs qui connaissent les règles, c'est entre autres de cette façon que fonctionne ma fatigue, et il avait raison en disant cela tellement qu'un ballon nous tombait dessus ou bien rebondissait sur les tuiles et que nous ne savions pas comment l'attraper

mais, cela même, vous pourriez encore l'écrire, n'est-ce pas une partie de votre recherche ?

vous ne pensez pas aux mots lorsque vous posez cette question, je crois que vous ne pensez pas aux mots, je crois que vous ne pensez pas, je crois, je ne, je vous crois, je

c'est le risque de la formulation, il existe de nombreuses expressions, de nombreuses façons de formuler les fruits d'une recherche, et beaucoup sont particulièrement utiles, ou nous semblent telles parce qu'on nous les a apprises, parce que nous avons l'habitude de les lire tout le temps dans les travaux de recherche que nous tenons en haute estime, et aussi dans ceux que nous méprisons parfois, mais j'ai décidé que ces formules me seraient interdites, que je ne les emploierai pas, elles sont pourtant là, immédiatement disponibles, sous ma main, je n'aurais qu'à les recopier, et même pas, je les connais par coeur, j'en ai lu des centaines, des milliers et des dizaines de milliers de déclinaisons, je n'aurais presque pas besoin de réfléchir pour les mettre en service, pour les mettre à mon service, mais je me le suis interdit, je n'irai pas dans cette voie-là, même si je sais que tout y serait tellement plus facile, je n'y irai pas, c'est tout simple à dire, et ce n'est pas par mépris de telles expressions, de telles formules, ou de telles formulations et de certains usages de la langue, je ne les méprise pas, je pense qu'elles ont eu leur utilité, et que comme choses déjà advenues, elles ont leur valeur, mais elles n'ont leur valeur que dans le passé de ce qu'elles ont permis de dire et d'écrire qui est lui-même quelque chose du passé et de révolu, ce n'est qu'un sentiment, mais un sentiment auquel je ne veux pas passer outre, ce qui fait que j'ai aussi longtemps considéré ma recherche comme une tâche de ce genre : d'abord récolter tout ce qui avait été dit ou pensé à ce sujet, et ensuite l'écarter, d'abord faire un inventaire, un inventaire énorme me conduisant à consulter des milliers de livres et à me rendre dans des centaines d'endroits, et à relever minutieusement tout ce que je trouverais, à le prendre en note le plus précisément possible et à en relever les références, et à organiser ces contenus les uns vis-à-vis des autres, puis à les écarter, à ne m'en servir que pour en éloigner radicalement ma recherche, que pour la porter dans un autre sens, que pour faire autre chose et pour disqualifier le déjà fait au nom de mon sentiment d'archaïcité de toutes ces choses qui ont précédé ma recherche,

résumé de la méthode de O dans la méthode de la folie

d'abord apprendre à parler
ensuite faire l'inventaire des mots de la recherche de tous les mots de la recherche
après en trouver encore d'autres, oubliés au recensement précédent (les sournois)
après les mettre de côté, ne pas les oublier mais en faire un tas auquel on ne touchera plus
finalement inventer les mots nécessaires pour dire la recherche,
attention, les inventer, ne pas les trouver

après nous avions eu froid, les oiseaux toujours incrustés dans la même forme qui faisait un unique oiseau étaient repassés au-dessus de nous et toujours aussi bas, enveloppés dans leur bruit, si vite qu'ils menaçaient de s'écraser sur le toit emportés par leur élan zigzagant, et nous avions décidé de rentrer et j'avais préféré me laisser tomber dans la cheminée du vasistas plutôt que de descendre lentement et précautionneusement, de me laisser tomber pour me réveiller, pressentiment des os mal organisés lors de l'impact (se donner un peu plus de peine pour apprendre à chuter, demain, je reprends le sport) et vision instantanée de la peinture du conduit où je retraçais le moment pénible de ma montée dans l'instant de la descente, et j'étais resté là un grand moment les omoplates sur le sol et mon manteau étalé autour de moi en attendant que mon ami O me rejoigne, vautré dans la fatigue,