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épisode 3
sandrine : encore juge : les gens aiment comprendre sandrine : lundi la couverture, mardi change de prénom
la juge : vous enroulez-vous dans une couverture avant ou après la strangulation sandrine : le soir pour dormir juge : avec guillaume sandrine : guillaume a son duvet juge : fermé sandrine : voulez dire juge : est-ce que guillaume sort sa jambe sandrine : dans quel but juge : très bien, guillaume ensaché sandrine : sauf les bras et la tête juge : les bras hum sandrine : les bras hum juge : les bras, que fait-on avec les bras sandrine : tenir sa revue, gratter cheveux juge : inscrivez le complice feuillette des magazines et se shampooine peu
sandrine : mardi j’assiste à une conférence la juge : et sandrine (changeant de personnage) : « mesdames, et, en quelque sorte, messieurs » dit nioukhine avant de lisser ses favoris juge : nioukhine sandrine (jouant) : nous pourrions débuter la soirée de la même manière et, en quelque sorte, mais nous n’avons pas de messieurs, mesdames bonsoir, laissez-moi tout d’abord vous remercier d’être présentes juge (écrivant) : favoris
sandrine : suis-je une bonne mère, on peut s’interroger juge : pouvez faire court svp sandrine : peut-être que votre mari a des moustaches comme nioukhine, c’est regrettable car il y a fort longtemps qu’on n’en porte plus juge : lisser sandrine : je vous vois observer mon gilet, sachez qu’il est pratiquement neuf, peut-être m’arrivera-t-il de tirer dessus sans m’en rendre compte, ça n’est pas pour imiter nioukhine, c’est un tic juge : je sais votre goût pour la scène sandrine (poursuivant) : évidemment c’est un peu provocateur, les organisateurs ne souhaitaient pas faire un bide comme l’autre fois, les organisateurs : trouvons un thème porteur juge : four sandrine : pourtant, à en juger par l’assemblée, y a-t-il des messieurs dans la salle, je n’ai rien contre votre village fleuri mais je viens d’assez loin juge (écrivant) : messieurs sandrine (dans son rôle) : être mère ne va pas de soi, les organisateurs : bonne accroche on devrait remplir ; dans le monologue de 1886, c’est la femme de nioukhine qui envoie nioukhine faire une conférence « sur un sujet quelconque » et nioukhine dit : « s’il faut faire une conférence, faisons une conférence ; cela m’est absolument égal » puis il entre majestueusement, salue et arrange son gilet juge : on perd des auditeurs sandrine : je renvoie à mon intervention sur le Bon Père De Famille la juge : hum sandrine : suis-je une bonne mère, ah la belle question, se la pose-t-on suffisamment, je n’ai pour ma part aucun enfant, être mère ne va pas de soi, le devenir peut même s’avérer difficile, j’ignore si nioukhine et sa femme ont des enfants, fin 19ème dans un bourg reculé de russie, était-il évident d’en avoir la juge : j’admire votre mémoire, mais allez-vous nous faire l’intégralité de la conf’ sandrine : mesdemoiselles, je ne vois pas la femme de nioukhine interpeller les demoiselles du pensionnat la juge (s’occupant) : pelage gris sandrine : hier soir, on m’appelle mais je n’ai rien préparé, savoir assumer son rôle, remplir une fonction exigeante, tout en restant compagne, amie, femme au travail la juge (marmonnant) : ne sommes plus au collège sandrine nioukhine : pourriez dire que je ne suis pas le mieux placé pour poser cette question et c’est vrai, d’une part je n’ai pas de garçonnets, ensuite, n’étant pas une f, je ne pourrai jamais être m, ce qui me préserve d’un tel casse-tête, je vous (geste paumes ouvertes vers l’auditoire) pose la question et j’attends la juge : merci belle interprétation sandrine (ignorant l’injonction) : assis j’attends, qui, ici, dans cette assemblée, ce soir, peut affirmer oui je suis une bonne mère, prouvez-le
Standing ovation, sandrine salue. la juge : suspension de séance public (à l’unisson) : encore
Noir.
la juge : reprenons à mercredi 13, marelle dans le frigo sandrine : je suis chez mes sœurs juge : merci pas de sketch
la juge : je lis ici « mercredi sagement assise sur ma petite chaise mains sur les genoux » sandrine : ma chaise d’enfant juge : que fait-elle chez vos sœurs sandrine : pour les enfants
« On trouve surtout ces félins dans les cirques, on n’a pas trouvé de cadavre, le puma pêche beaucoup. »
la juge : m’en direz plus sur ce nioukhine sandrine : commencez par libérer guillaume juge : mais sandrine : et jenni poche juge : laissez jenni hors de tout ça sandrine : que faisait-elle en pleine nuit juge : c’est une amie, n’avez pas d’ami(e)s ? sandrine : guy et guillaume juge : avez-vous remarqué la similitude sandrine : le hasard juge : nous reparlerons du hasard sandrine : votre amie conduit sa p’tite auto en pleine psychose juge : et alors sandrine : serait pas plutôt un puma votre jenni
la juge : vous faites un rami avec vos sœurs mortes
la juge : jeudi 14 arrivent les pompiers sandrine : ah juge : prénoms des neveux sandrine : bruno juge : qui est sur la chaise sandrine : manu juge : l’aîné de montmirail sandrine : veut tout pour lui juge : notez bruno ferté sandrine : carlo juge : carlo sandrine : le père juge : il y a des pères sandrine : votre fille n’en a pas juge : oublions sandrine : je n’oublierai jamais le mien
Flash-back : on voit guy à la maternité, embrasse le bébé sandrine.
la juge : il doit y avoir une erreur de vidéo sandrine : que juge : c’est ma sandrine sandrine : je vous jure que c’est moi juge : ma sandrine avait des bouclettes sandrine : moi aussi
Un habitant certifie avoir vu un félin sur le chemin forestier près du stade. L’animal noir et gris a bondi dans les fourrés. S’agit-il du fameux fauve dont on n’a toujours pas retrouvé la trace ?
la juge : bien bon très bien reprenons sandrine : les pompiers juge : manu sandrine : petit nerveux bagarreur fait des migraines juge : porte lunettes sandrine : souvent juge : je vois
sandrine : pique le siège de bruno pour le faire pleurer la juge : m’étonne pas, qui gagne la partie sandrine : guillaume juge : supposons que ferté montmirail ne soient pas mortes sandrine : si ça vous amuse juge : jeudi 14 vous vous emportez votre chaise sandrine : vous insinuez juge : vous êtes sur le cyclo AVEC la chaise
la juge : et guy sandrine : boire un coup juge : depuis lundi 11 sandrine : … juge : l’avez-vous revu sandrine : jamais juge : nous savons qu’il organise des battues et survole la zone en hélicoptère
sandrine : malheureusement les pompiers repartent la juge : simulez l’étonnement sandrine : quoi ma mère juge : mieux que ça sandrine : marelle disparue incroyable juge : pompiers n’y connaissent rien en théâtre sandrine : on aime les pompiers
« Je me promenais à vélo jeudi vers midi sur un chemin près du stade quand j’ai vu devant moi un animal noir et gris pas très grand de dos (reprend son souffle) j’ai pensé que c’était un chien ». Edouard ralentit car « les chiens n’aiment pas les cyclistes ». Alors qu’il s’approche de l’animal, ce dernier au lieu de s’enfuir ou de se retourner ou d’aboyer, continue de remonter le chemin en trottant.
la juge : ma fille faisait des spasmes du sanglot, quand elle pleurait elle s’évanouissait et dormait longtemps
la juge : c’est quoi ce blog sandrine : photos de loulou texte sur le bleu chansons juge : vous me donnerez l’adresse, jenni fait le sien aussi sandrine : dimanche j’achète une crème pour les mains juge : où avez-vous connu ce nioukhine
la juge : jusqu’à mardi vous restez chez les défuntes sandrine : sinon qui s’occupe des garçons juge : passons sur les quenelles sandrine : avec du riz juge : on arrive à cette histoire de pseudo, pourquoi changer sandrine : on va sur les sites on est repéré on change
Noir. Dans le noir, le mystère reste entier, l’animal, passé par ici, repassera par là, la silhouette de la juge apparaît, profite de l’obscurité :
la juge (au public, chuchotant) : traversant mon parc je pense au promeneur paniqué l’eau du canal en hiver marcheur épouvanté hèle son terrier conductrice terrifiée que fait cette tête sur le bas-côté
Sylvie toujours plus inquiète, le sol du tribunal semble trembler.
où est-elle je ne sortirai plus veuillez nous en débarrasser
j’alerte les enquêteurs la masse sombre de mon voisin la nuit près des buissons
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frontispices de Albane Moll |