épisode 4

Lumière, nous retrouvons les protagonistes.

la juge : avez-vous fait votre catéchisme

« Jusqu’au moment où elle s’est retournée vers moi, elle a alors bondi dans les fourrés sur le côté droit du chemin ». Une fois réfugiée, la bête regarde Edouard, Edouard regarde la bête, la tension est palpable, « elle avait une grosse tête de chat, un pelage noir. »

la juge : sandy

sandrine : ouiche

juge : voulez un sandwich

Plusieurs jours passent, l’affaire cesse de défrayer la chronique, peu à peu, le public quitte la salle.

la juge : attendez car nous avons une pièce à conviction

sandrine : bravo

juge : la tête

sandrine : enfin

juge : du moins une tête

Selon le témoin, l’animal avait la taille d’un berger allemand mais n’était ni une panthère ni un puma : « j’ai prévenu la mairie qui a appelé la police, finalement j’ai décrit la bête à l’office national de la chasse et de la faune ; à partir de ma description, ils n’arrivaient pas à identifier l’animal »

la juge : nous avons entendu les témoins, confirmez-vous que « les chiens n’aiment pas les cyclistes » 

sandrine : non

juge : c’est écrit là

sandrine : déposition d’édouard

juge : confirmez-vous

sandrine : je ne connais pas d’édouard

juge : pourtant chasse avec guy

Note de musique.

la juge : nos enquêteurs font vraiment du bon travail, bravo les enquêteurs, on se lève pour nos enquêteurs

deux personnes dans le public : hourra

sandrine : guy a le droit d’avoir des amis

juge : des amis qui certifient avoir vu le félin près du stade et du château d’eau

sandrine : pourquoi pas

juge : l’affaire prend une autre tournure

Noir bref.

la juge : on a retrouvé le cyclo dans l’étang

sandrine : quel étang

juge : tout le monde danse pour nos enquêteurs, plus fort la sono

sandrine : cadeau d’anniversaire

juge : tout le monde tout le monde, tapez dans vos mains

sandrine : quel étang

juge : chez vos sœurs

sandrine : y a pas d’étang

juge : une mare

sandrine : une flaque

Un assesseur fait clignoter les néons.

sandrine : à sec

la juge : pardon

sandrine : la flaque chez ferté montmirail

juge : dans la vase, que sais-je

sandrine : je veux mon avocat

juge : vous l’aurez

sandrine : quand

juge : après la fête

On aperçoit une femme de ménage à vélo, sur son porte-bagages, plusieurs dossiers avec un sandow.

la juge : ok faites entrer les veufs

Contacté, l’office répond qu’il s’agirait vraisemblablement d’un chat forestier ou chat sauvage, assez gros. « Le témoin m’a dit qu’il s’agissait d’un animal qui avait une tête de chat, noir et gris mais pas très haut, disons 40 à 50 cm, nous n’avons mis en place aucune alerte ou appel à la prudence parce que cet animal ne semble pas particulièrement dangereux. »

la juge : vous êtes un village de 1621 habitants, 717 hectares

sandrine : je ne suis pas un village

juge : vous avez doublé votre population entre 1982 et 99, en forte extension des activités vous constituez un pôle commercial

sandrine : vrai

juge : vous remontez au moyen âge comme en attestent les archives municipales, vous avez possédé au 19^ème et début 20^ème une plâtrière, principale activité du village

sandrine : j’y suis née

juge : l’abbé P, célèbre missionnaire et anthropologue auprès des inuits, y passa la fin de sa vie comme curé de paroisse et y écrivit la plupart de ses ouvrages

sandrine : parlez comme un guide

juge : vous culminez à 138 mètres

sandrine : c’est déjà remarquable

juge : eh bien mesdames messieurs, c’est ce village d’apparence tranquille qui est aujourd’hui sous le choc

sandrine : n’oubliez pas l’église avec la place centrale, la mairie, le monument aux morts, son groupe scolaire

juge : le canal

sandrine : stade château d’eau

juge : merci de préciser

sandrine : le curé moïse

juge : inscrivez

sandrine : son café supérette dépôt de pain

juge : également pharmacie coiffeur

sandrine : peut-être un diaporama

juge : le cadre de vie explique de nombreux drames

sandrine : mon arrière grand-père travaillait à la plâtrière

juge : ah

sandrine : j’ai été baptisée par moïse

juge : tous les éléments peuvent avoir leur importance

sandrine : vestiaires de la piscine

juge : un rapport

sandrine : rapport

juge : accouplement

sandrine : avec qui

juge : et derrière l’église, une petite

sandrine : petite

juge : sandrine, ne faites pas la naïve, vos anciens profs nous ont révélé

sandrine : benoni

juge : par exemple

sandrine : un cochon, se grattait, on voyait la bosse

juge : vous aimiez benoni

sandrine : benoni est gros

juge : vous aimiez guillaume

la juge : on a découvert un corps en forêt, la mort remonte à plusieurs semaines, l’avancement de la décomposition rend l’identification impossible, même l’état des vêtements ne donne pas d’indices probants, s’agit-il d’un homme ou d’une femme

sandrine : benoni

juge : qui a tué guillaume

sandrine : benoni a tué guillaume

juge : ou une femme

Temps. Tout le monde se demande.

la juge : ah au fait ! on a retrouvé le dossier, la femme de ménage avait tout mélangé

sandrine : ouf

juge : nous avons non pas une mais deux affaires

sandrine : qu’est-ce que j’disais

juge : lors du découpage des articles nous prîmes par mégarde la chronique juxtaposée

la juge (chantonnant) : qu’ils soient de lambesc pelissane cucuron coudoux ou velaux, les gars de mon pays

Alors, quelle taille ? Plutôt 50 cm ou grand comme un berger allemand ? Le mystère reste entier.

la juge : vous entendez des voix

sandrine : si on me dit de faire ça je fais ça

juge : très dangereux

sandrine : j’agis aussi de mon propre chef, par exemple si j’ai faim

juge : et lundi 11 février, les avez entendues

sandrine : un brouhaha

juge : qui est-ce

sandrine : grand-mère

juge : elle habite loin

sandrine : dans le ciel

juge : pardon

sandrine : y a dix ans

juge : son nom

sandrine : jeannette

juge : que dit jeannette

sandrine (voix d’outre-tombe) : munis-toi d’un foulard et étrangle-la

juge (voix d’outre-tombe ratée) : « étrangle-la », ça peut être n’importe qui

sandrine : contentieux mère-fille

juge : où est-elle enterrée

sandrine : cimetière communal

juge : nous vérifierons