Charles PENNEQUIN
n pages de bio

Cet ensemble d'extrait du recueil eponyme fut publié dans La Parole Vaine N°8.

"Rosée lespédèze
s'opposent en un combat
toujours indécis"

Un lieu défait. à faire: "...Devoir repartir du vocabulaire le plus commun, grossier, terre à terre..." Un journal retrace en quelques notes, quelques pistes, l'épreuve subie dans un passage, sa résolution au temporel et la parole parlée dans l'espace enfin ouvert.

        Mais le propos de cet assemblage informel, de cette partition en enfilade, cette approximation de gestes, ce pastiche en quelque sorte, n'a-t'il finalement d'autre intérêt que le spectacle même de sa propre péremption, dans l'incontinence de ses scansions, à travers ses syntaxes contorsionnistes et leur déroulement sonore décousu, voire même dans l'ironie placide et dérisoire de quelques autres concepts idiomatiques? Il fallait pourtant s'y résoudre, soumettre à l'épaisseur du réel le contraste fragile qui nous oppose au reste, arrachés que nous sommes dans l'existence de ce qui nous sépare.
 
 

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Pourquoi je m'aime
 
je m'étais regardé naître ma mère ne m'a appris qu'à me méfier des notices et autres recettes de mon père du passage de l'espace et ce tout qui communique mon projet n'est pas de raconter ma vie mais ma perte il n'y a pas de silence où l'on se tait il y [a] juste l'espace et ta grand-mère elle fait du vélo c'est le titre:
[meurtres atroces]

        Provenir comme venir reconnaître comme connaître comme naître comme recoudre comme coudre recourir et courir recouvrir couvrir et puis redire comme dire refaire et refaire et encore alors faire et alors lire et relire reluire comme luire et renaître comme reconnaître comme connaître comme naître comme peindre repeindre et restreindre comme rien peau d'balle comme revenir comme venir et revivre vivre revoir voir enfin rien du tout alors rire ris rions riions ris rirais ris rions riez rie rie riions risse rissions etc.
 

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Poème en phase finale
25:09:95 13:29
Parfois je me dis
que je m'aime qu'on
aura pas l'occasion
d'en parler que la vie
est tout dessus les choses
qu'il faut satisfaire son
estomac que plein des hommes
ont encore un esprit je vous
merde il fait beau pas vous?
*

Je m'aime intensément
profondément je m'organise
plein la viande et la sueur je
m'aime dans l'articulation dans
l'ardeur des choses à la taille et
ça se passe de commentaire ça
se fait tout seul dans le vif trop
d'énervements lointains me res
semblent pour ne pas s'y tromper

*

Trop de ça me fait
penser il faut que je pense
alors qu'il fasse beau je m'aimais
j'étais un génie on ne sent rien

Plus dure est la chute l'occupation
des sols et calculs sont des gorges
et coupées de tronc façon macaronis
pâtes à chien il faudra le dire alors en parler
de ces longues explications avec moi
de ces journées solides et ma façon d'en
découdre
 
 

***
 
 

LA VIE ET SES MERVEILLES - I
 

        Chez les oiseaux par exemple la mastication se fait dans l'estomac une partie de l'estomac des oiseaux particulièrement puissant dont la face interne est recouverte des grains de sable et aussi des petites pierres avalées par l'oiseau séjournent ici milieu à gauche de l'estomac lors des contractions elles agissent comme des meules sur la dent et remplacent par exemple les nourritures que n'avaient pas ou peu déjà du temps maintenant les dinosaures qui sont morts plusieurs hypothèses il y a le galet que je tiens dans la main a peut-être connu l'estomac qui assure morcelé dissous mastiqué par des graines que l'intérieur d'un oeuf de poule au milieu en-dessous comment les poissons les grenouilles la poule le cheval c'est parce que l'homme est dépourvu d'estomac qu'il peut imaginer les dialogues entre la pierre et de l'herbe qu'on peut manger puis dans la bouche où elle remâche sans succès toutes les hypothèses où l'on distingue la panse la salive mais le travail aussi d'une multitude de galets qui sont tombés sur la terre on ne sait comment les grenouilles sont pourvues de la langue en bas à gauche à droite les homards et langoustes présentés ouverts semblent avaler les dents aliments et l'air qu'on déplace inexorablement ici un météorite qui s'avance dans la panse de l'homme qu'on a pas résolu la parole comme la meule des oiseaux qu'on roule dans les muscles avachis du cerveau des dinosaures dont on ne sait plus ce qu'ils ont fait des pierres et des fusils avalés par l'oiseau séjournent dans l'oeuf que je tiens dans la main et que l'air pénètre et la mort et la guerre dans l'estomac ils ont marché dans l'obscurité c'est la plante verte qui inspire l'oxygène mais pas l'homme qui fait la guerre à la pierre de l'estomac de l'oiseau dans l'oeuf du cheval assimile toutes les langues exprimées en années page de droite pendant la journées des dinosaures servant d'aliment au poussin et à l'homme dans ce remarquable circuit intérieur des vapeurs de l'air de la terre et des eaux qui sont mortes on ne sait pourquoi l'estomac ci-contre un procédé selon lesquelles contractions font les plantes qui se nourrissent d'animaux stupides impossible à déterminer de quand la partie montante du gros intestin qui oblique ensuite vers la gauche et redescend du pancréas cousin éloigné du dinosaure en bouillie liquide après que l'homme eût parlez mais parlez donc
 

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Charles Pennequin
 
Voilà mon Père avec
Vos hernies bouffées
de chaleur, étourdis
sement et la jouvence
à l'extrait d'ovaires
Père
et la rangée des pommes de terre?
Aller
Revenir
Au potager taille
de la vigne et des arbres
fruitiers en espalier
écheniller Pa
lisser
Greffer les rosiers en écusson
Semer les pois mange
tout choux broco
lis chic
orée scarole
Les haricots grimpants
fraises et cerises arroser
copieusement melon
et concombres
On en sort pas
On sort des morts.
 
 
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Suite de mots dedans
 

Il y a de tout dedans. Du moi, du pas moi, du pas des autres aussi parfois mais qui n'est pas du moi, du pas encore moi en quelque sorte c'est comme un livre, on l'ouvre, on s'aperçoit, il n'y a rien dedans, on fait des recherches, on s'interroge, on reste coi qu'il n'y a pas de quoi, pas de quoi remplir quoi que ce soi, que ce moi, que ce soi n'est rien que ça sonne le creux de moi alors qu'on dit qu'il y a plein des autres au dedans et même de soi que c'est toute une histoire, qu'on la raconte et qu'il y a des personnages dedans dehors et l'Être et le non-être et un moi bien costaud à l'intérieur dans son dedans c'est le héros du livre qui n'est pas le livre du dedans qui n'est que simplement le livre qui n'est pas comme on écrirait, comme on les écrit et comme on les écrit pas les livres avec des Êtres costauds, les vrais dedans ça n'existe pas, il n'y en a jamais eu, seulement dehors les livres et les Êtres ils ne sont pas car dedans c'est rien et on pourtant on dit que c'est moi doublé des autres et de pleins encore avec des noms d'Êtres comme il y a dehors alors que c'est juste une histoire de dedans avec des dehors qui sont pas vraiment au dehors et des Êtres et des non-êtres qui sont pas vraiment dedans, qui parlent pas, qui sont seulement de moi qui n'est pas tout-à fait moi non plus le costaud du dedans mais alors c'est une farce alors non même pas c'est vrai que c'est un peu moi avec des autres, refait au dedans et que c'est un Être qui est costaud et qu'on y croit dur comme fer que c'est moi tout neuf qu'il est dans ma tête et c'est déjà beau.