"Viens, observe, regarde dans ce rectangle profond ton visage
que l'imagination de quelques femmes un peu chauffées a parfois
inventé beau, attirant, des vertus que l'alcool attise sans retenue,
et que la séparation abjure comme on se frotte les paupières pour
chasser une hallucination, allez regarde bien droit, regarde-moi je barre la
place je couvre ton oeil à l'endroit, pirate, où tu devrais faire
plonger ta pupille en elle-même, la place que je prend ce trou de foret
qui devrait avaler les quatre fils tendus qui s'y croisent exactement, devant
toi, derrière toi, à travers ton corps moi je le piège
à plat, là où ton oeil est gratté c'est moi le tain
gratté, ma bouche ton oeil c'est le coeur visible de la chambre blanche,
je t'emboutis, écoute un peu, je t'emboutis comme une pièce d'usine
et juste derrière moi, tu vois : derrière toi, devant toi il n'y
a que moi des deux côtés du moule si tu avances, tu t'écrases
comme une mouche mon joli, ton oeil gauche ma bouche l'avale le droit, il est
percé comme ma bouche de tain pellicule écorchée par quatre
cordes tendues qui tirent, derrière toi, un mur à chaque angle
et devant toi, à la même distance le même mur, si je tire,
vraiment, je t'étoufferai sans peine entre ces deux cerf-volants massifs,
verticaux, tu te poses la même question que moi? Si je tire, si je tire
vraiment? Mais moi je te demande : par où es-tu entrée petite
mouche écrasée entre deux lamelles devant moi, quel Dieu, quel
Dieu te regarde?"
a lame de rasoir, flexible, creuse symétrie de Rorschach, crisse contre la surface du miroir -difficile mémoire du bruit, mais celui-ci, quelle douleur! criiii de l'ongle retourné sur un tableau noir! au secours, mes dents quel frisson!- décolle comme une affiche mon double, plof la tête s'avachit entraînée souplement par son poids à couler jusqu'aux pieds dans un glissement mouillé, l'exfolie sans l'entamer, l'image en abrite quelques milliards d'autres, et il acquiert l'autonomie d'un nom peau-rouge, il a sa vie, va! je vais te mettre à sécher avec les autres tu les croiseras dans la chaîne, la trame du temps.
evant le grand miroir découpé à l'exacte échelle du mur, mon visage a la lumineuse, l'effroyable transparence des énigmes, Dieu bénisse cette tache, là, où le tain est grattée, qui raccompagne cette surface dans le parc de mon visage, bienheureux pacage où broute la réalité!
irage,
mirage silencieux d'un rideau de pluie vertical et si dense que j'y lirais les
tables pythagoriciennes, aïe! mon nez euclidien! mes paupières mesurées,
coïncident aussi les courbes de mes oreilles avec la grille d'un repère
orthonormé, à O j'avance dans I, J, patine en T, je me tire dans
T' en boucle, pilote mon T'' en chauffard mais mon dos colle au miroir comme
une peau brûlée sur une plaque électrique, poème,
fanfare, chorale sauvez-moi du monde, eh, poème
délivre-moi du mal!
Poème
(raclement de gorge.
un peu d'attente) (très bien:)Hors champ
me projetant hors de moi
qui balaye,
pivot inouï,
mon cadre
est le portrait illégitime de
ce point fuyant
où un point naît,
dans le champ
d'une brisure légère
plein
sursaut dans le temps
(des applaudissements?
Pas d'applaudissements)
e
visage du type s'assombrit après le décor, ses cheveux sa chemise
ses yeux grésillent et se fondent au noir que barre une ligne vibrante,
brouillardeuse, hop, dans un couic elle se rassemble se referme sur un point
blanc d'une densité cosmique dernier couac de la mort d'une nova,
le poste est éteint.
« Alors?
-Alors quoi Olivier?
-Ben je sais pas... ça te plaît, quest-ce que
t'en penses? C'est publiable?
-Euh, tel quel tu veux dire? Comme ça?
-Ben oui, comme ça... c'est un passage peut-être
tu trouves
tu trouves que ça manque que c'est pas assez pris dans un vrai récit,
y faudrait que ce soit
plus... narratif? Avec une espèce de prologue?
-Non, non, c'est pas le problème que ce soit elliptique
c'est jamais très clair, non plus, c'que t'écris
-Ouais, ça va, c'est pas la peine deee
c'est pas c'que j'te d'mande
-Mais bon, franchement... la fin
ça fait vraiment EFFET tu vois.
-Effet?... Trop
truc? Truc à la Wattez?
-Ba plutôt... cinoche, truc à la Wes Craven
la télé là... qui s'referme sur la scène comme si
elle l'avalait...
-Bon déconne pas c'est pas quand même
-J'sais pas, c'est fini?
euh... ça s'termine comme ça?
-Je sais pas encore... j'voulais faire un
truc genre Renaissance... plutôt sur le côté très
"classique flash-back" de la photo, les pers' à un seul point de vue,
tout ça... la scène trouée, ici dans l'opercule du miroir,
tu vois c'est ça, ça conduit à ce
enfin le ramassement final, dans la synthèse additive, le "truc", comme
tu dis, une sorte d'On/off sur l'origine du monde
enfin du monde de la représentation
-Mouaiis
ça fait un peu théorie d'l'art première année, non?
-Non-non, j'ai pas dit qu'j'voulais dév'lopper une
idée neuve, plutôt voir comment une fois d'plus, la fiction peut
inventer... s'en sortir avec des idées dév'loppées ailleurs
un peu "l'objet d'art prend sa revanche en utilisant l'analyse comme moyen de
reprendre la route"... l'objet analysant, ou quelque chose comm'ça...
la dernière ligne transversale avant la chute définitive dans
la plus grande des confusions...»
ONTRADICTION:
"Putain, mais alors ça c'est pas transportable, ma manière, et
puis ces trucs ambigus du poème de la fin" "ah-ça la poésie
traduite, ça c'est vraiment la merde" "mais ouais, comment veux-tu putain!
surtout la poésie, mon style ça va pas aller du tout, là
: même les mots élidés, partout, comment ça donne
pour un américain moi je sais pas du tout, t'as déjà vu
les poèmes de Cummings en bilingue? Bon Dieu la grosse panique, là
tu comprends vraiment l'problème... et même, même quand tu
donnes le mot, disons l'esprit l'plus proche, je sais pas moi, mais j'vois bien
que le mot japonais pour soleil, enfin je l'connais pas c'est juste un exemple,
et ben ça réveille pas du tout les mêmes sentiments pour
un japonais que le mot soleil pour moi, tu vois c'que j'veux dire Alain?" "T'énerve
pas non plus" il s'énerve et raconte cette anecdote, qui va l'amener
à la contradiction entre son goût pour les attitudes exactes et
son goût pour les belles oeuvres :
« Y m'est déjà
v'nu une idée à l'esprit, un truc idiot mais tu vas voir : au
XVIIème Siècle, un Français qu'aime la littérature
et les voyages dégote en Angleterre dans une boutique des tragédies
incroyables genre terrifiant, noir... et drôle, des textes d'une liberté
vraiment incroyable pour lui, inaccoutumée, enfin un truc qui le sidère
complètement
il ramène ça en France. Il a essayé d'trouver tous les
machins disponibles du mec là-bas...
Bon
Il a plutôt du talent... y parle un anglais parfait... y décide
de tout traduire. Un d'ses potes éditeur craque sur ses traductions,
hop, on imprime.
En quelques mois l'inconnu traduit par le type devient en France le plus grand
tragédien anglais vivant, William Shakespeare. On commence à écrire
là-dessus, on s'agite et le temps et l'histoire peaufinent le truc.
De l'autre côté de la Manche, les Angliches qu'ont entendu causer
d'l'affaire se marrent, y s'demandent bien ce que ces cons d'Français
peuvent bien trouver à un zozo qu'écrit aussi mal leur langue
des tragédies à moitié païennes et folles, et bon,
ils l'oublient. Il n'y aura jamais de Shakespeare en Angleterre.
-Mouais
ça marche pas ton truc, les échanges entre l'Angle
-Je sais bien, que ça marche pas à 100%, mais
on s'en branle, l'idée elle est Compréhensible et ATROCE
-C'est pas vrai, de toute façon... pas vrai Olivier
: c'est jamais atroce de voir apparaître un écrivain d'génie,
même si c'est l'produit d'un quiproquo.
-Bon, c'que j'veux dire Alain, c'est qu'on peut bien louer
les efforts des traducteurs, on s'fra toujours des illusions, on pourra jamais
lire de bouquin étrangers
à mon avis apprendre la langue n'y chang'rait rien, ça s'rait
insuffisant... et de l'aut'côté, je peux pas imaginer le désert
de ma bibliothèque sans Shakespeare, Gadda, Joyce Kafka ou Grass...
-Le truc le plus chouette que j'aie lu sur l'sujet c'est
dans L'Amitié d'Blanchot, ça s'appelle
"PAUSE!" Franck interrompt le déroulement
de la bande c'est Michel -il se frotte les yeux-
qui a demandé la pause, devant eux les lèvres d'Alain et d'Olivier
vibrent dans le balayage
scintillant de la video, et le sous-titrage jaune, illisible, dans un battement
ininterrompu d'aile de
papillon.
"Michel?!"
(Franck va profiter de la pause pour causer cinéma ça loupe
jamais, je plains sa femme, même les marchands d'aspirateurs doivent parler
autre chose que boulot le soir mais jamais Franck.)
« Alors, le premier long de Wattez?
-Le débit est super crevant, je comprends pas la moitié de l'action.
-Tiens, j'ai lu le truc de Godard, avec Bonnard et Kaganski, là, l'interview
dans les Inrocks"
-Tu lis les Inrocks toi maintenant?
-Seulement sur les terrasses de bars, ça me rajeunit... Tu sais ce qu'il
raconte, le père Godard; à propos des frères Coen?
-Non non, vas-y...
-Il dit qu'il a vu leur dernier film, Fargo, et
attends... c'est là...
voilà... il dit qu'à huit ou dix ils feraient plus nul jusqu'à
devenir rivettien
-C'est trop d'honneur pour Rivette
-Je ne te le fais pas dire Michel, mais c'est pas le problème,
moi aussi, tu sais, j'ai vu ce film et... et on dirait
comment dire : on dirait qu'y a une sorte de valve, tu vois, comme dans
le coeur, et qu'elle ne s'ouvre que d'un côté, Ouest-Est, comme
un miroir sans tain...
Parce que moi, quand j'ai vu Fargo, j'ai tout de suite imaginé que les
frères Coen avaient du en voir pas mal, des films européens, et
pas seulement du Rivette
qu'ils en avaient apprécié la fracture
-La facture tu veux dire
-Non, la fracture... celle qui fait renoncer à la positivité,
on dit plutôt à l'efficacité des plans, et ça au
point d'y renoncer eux-mêmes...
-C'est sûr que ce qui doit révolter l'épargnant -enfin :
le producteur- américain, ce qui doit le choquer, c'est sûrement
pas que Fellini dépense autant d'argent pour ses décors et ses
costumes du Satyricon, ou du Casanova par exemple
c'est qu'il dépense autant de plans..
-Exactement, c'est ça : de plans, c'est-à-dire d'idées...
Le film des frères Coen c'est un hommage à ce cinéma VRAIMENT
généreux, ce cinéma belge, français ou suédois,
aussi incompréhensible pour un américain qu'un haïku doit
le rester pour moi... Ils ont fabriqué cet être hybride que j'appellerais
"Cinéma Atlantique", tu vois
le cinéma de cette traversée, c'est une invitation... et puis
surtout il y a eu cette image incroyable, une vue en plongée sur six
cubes, des bacs à plantes, des arbustes enfin posés sur la neige
-la traversée de l'Atlantique- avec ce désordre dans l'équilibre
des masses, peut-être entre la France et l'Amérique
ces six cubes dans la bande d'entraînement du film, six trous dans la
bande américaine pour regarder l'Europe.
Cinéma Atlantique souligné deux fois.
Pour regarder l'Europe, souligné, regarder
souligné deux fois, un jeu de mot qu'il sait être de
Godard étant noté par la séparation, d'un trait vertical,
de re et de garder.
A la droite d'Europe la mine graphite dessine dans la marge poreuse, crème,
du livre de poche, une astérisque, plutôt gauche (un gribouillis),
puis le numéro de la page, à la fin du livre. Ça renvoie
à l'une des nombreuses notes du carnet, c'est très méthodique,
il ne lit jamais autrement : pour une phrase, un paragraphe, pour commenter
une photo, dans n'importe quel livre, dans les revues les plus insignifiantes
(qu'il garde, toutes), des mouchetis d'astérisques numérotées
sous les titres, indexées, et des carnets couchés (qui forment,
avec les hauteurs disparates des livres voisinants, d'effroyables nids à
poussières triangulaires) dans la bibliothèque. "Ça
t'agace, hein Sylvie?" Oui ça l'agace toujours, "Ça t'arrive,
Bruno, de jouir d'un bouquin sans faire le prof ou l'étudiant?" Il
n'a pas assez de mémoire, c'est ce qu'il dit, il ne relit d'ailleurs
jamais ces centaines de notes, ces références, mais relit plutôt
les livres assez agacé d'y trouver les traces griffonnées d'une
lecture ancienne dont il méprise la naïveté, mais comment
ai-je pu souligner ce truc alors que le passage le plus important est juste
à côté! (et encore, s'il relisait les notes qui s'y rapportent!)
mais comme l'étudiant ou le prof auquel il lui fait si souvent penser
hein Sylvie!, ces lignes nerveuses l'aident juste à se souvenir d'avoir
un jour lu quelque chose, ça alimentera ses maux de crâne dans
des fouilles éperdues, et vaines, quand un jour, à table, quelqu'un
évoquera un passage, une anecdote, dont tout le monde -et lui-même-
aura oublié l'auteur, le titre, l'habitat.
Elle lui pose une question. Maintenues repliées derrière la reliure
à la colle du carnet, les feuilles forment, en arceaux, la coupe d'un
plissement géologique. "Un truc sur un film des frères Coen".
"Tu lis un bouquin sur eux?" "Non non, mais des types en parlent dans
le Wattez que je suis en train de lire" "Tu me liras ta note?"
ote
sur Bloody simple: passage final où la fille est traquée par le
gros mec à stetson (deux pièces côte à côte:
la fille se trouve côté pénombre, le type est dans la pièce
très éclairée. La main du type est clouée (griffonner)
le type a la main qui passe par la fenêtre (griffonner)
deux fenêtre proches de la cloison donnent sur la rue (griffonner)
"Bon, je vais pas y arriver".
la main MORTE est clouée dans l'ombre. La main TUEUSE
est du côté de la lumière.
haque
coup de feu perce la cloison séparant les pièces d'une trajectoire
lumineuse, projecteurs filaires, cônes étirés mmensément,
où s'agitent des essaims poussiéreux; les trouées : passage
sec des sabres vus par une comparse enfermée dans la boîte du magicien.
Mais ici, les impacts ouvrent la voie à la lumière.
La victime est à l'intérieur
de la camera obscura, elle est pistée par la lumière : cinéma.
Prise de vue. Projection.
« Alors, tu
me lis?
-Ça t'intéresse vraiment?
»
Elle lui dit "Ouais, j't'assure".
Il lui relis sa note. Elle fait du thé en l'écoutant, le cliquetis
des instruments de cuisine lui fait reprendre quelques mots en arrière
des phrases à demi couvertes, elle passe devant le grand miroir du salon
en laissant un souffle de buée avec la trompe fumante de la théière
et, quand il a fini (pas très satisfait de sa main morte et de sa main
tueuse), elle lui parle, je crois, du Roublev de Tarkovski.
A travers la cloison, trop fine,
je perçois sa voix que l'écho de la grande pièce -vide,
que j'imagine jaune- fait tinter, claire, comme s'il faisait froid dans un champ.
Un lundi comme dimanche, indiscutable pli du temps à rien, j'y suis un
mardi comme dimanche, mercredi comme dimanche plié tendu au contour d'un
an. L'oreille collée contre le mur, mais ne me jugez pas, ne me regardez
pas, écoutez-la parler, comme sa voix est assurée mais douce,
écoutez ce que Sylvie dit à Bruno:
"ça se passe à peu
près au coeur du film (elle appuie sur coeur parce qu'elle veut le convaincre,
alors...), comme un axe sur lequel tu pourrais plier la bande filmée,
une guirlande de papier découpée et animée... D'ailleurs
le début et la fin de Roublev pourraient se recouvrir, l'un devenant
l'imprimant, l'autre la gravure en creux, deux motifs inversés par la
découpe; la montgolfière, tu te souviens? Au début? Elle
ondule en se gonflant, la respiration exagérée d'un animal malade
qui se relève dans l'eau, je crois que des gosses piaillent quand elle
commence à s'élever, je ne sais plus très bien. Des cordes
suivent en se tendant et en se relâchant en ondes souples son envol, elle
peine, c'est poussif, un poumon crevé qui siffle, et, vu de dessus, c'est
comme une étoile captive aux branches élastiques... "
Curieusement, j'ai, moi, le souvenir
d'une poche énorme et secouée qui se débat avec violence,
se dresse, s'écrase, tend les cordes et hoquette.
"C'est un échec, tu te souviens?
Elle restera clouée, elle ne suivra pas la bande qui se déroule...
Elle restera loin derrière le travail qui conduit aux icônes de
Roublev. Et à l'autre bout du film... Un creuset immense, profond, ballon
concave qui troue le sol : on doit y fondre la cloche. Les multiples canaux
qui drainent le bronze vers ce moule gigantesque se déploient autour
de lui comme les pattes d'un faucheux couché sur le dos, et, en quelques
sortes, ces coulées de métal en fusion sont les cordons qui aliment
la réussite".
"Pas mal... Et, au coeur du film
donc?"
"Ben... Il y a un cavalier au loin,
mais je ne me souviens pas si on le voit, enfin je veux dire : si on le voit
directement. Par contre, par l'ouverture d'une fissure légère
dans le mur d'une église la lumière diffuse une ombre tremblante
sur le mur opposé : c'est l'image renversée et floue du cavalier
qui semble balbutier les premières images muettes du cinéma. Tu
noterais sans doute : camera obscura - prise de vue - projection".
Bruno est admiratif mais j'écoute
plus, j'abandonne leurs voix dans un léger bourdonnement, l'hiver rend
ma fenêtre translucide. Un léger frisson d'écoeurement à
regarder une vitre que le givre planifie à l'état de surface,
comme VOIR UN TROU, specific object, vision presque aussi abominable
et impossible que celle d'un blanc transparent; les coulées crasseuses
y ont durci en quelques mois les formes poussiéreuses du chat Murr que
j'avais dessiné en octobre à la graisse de mon index. Le tranchant
de ma main efface sa silhouette humide entraînant derrière lui
le paysage aveuglant balayé, mince portion du monde qui serre chacun
de mes jours.
Sursaut dans le temps
plein
d'une brisure légère
dans le champ
où un point naît
ce point fuyant
est le portrait illégitime de
mon cadre,
pivot inouï
qui balaye
me projetant hors de moi
hors champ