e suis avant tout influencé par mes lectures. Peut-être plus que par la musique finalement. Chain Reaction, Coil, Nurse With Wound, pas mal de techno. Mais c'est Philip K dick, Dada, Edgard Poe et l'accident du Hindenburg qui m'intéressent.

      Je voudrais faire une musique qui aille puiser dans notre réserve de nostalgie et de rêves, dans les zones frontières du sommeil et de la réalité éveillée (vous êtes enfant, vous vous endormez dans une salle où des adultes parlent, vous entendez leurs voix mais de plus en plus étouffées, elles se mélangent à votre rêve qui débute, elles se drappent de mystère ou d'une quelconque gangue que votre esprit en état de rêve voudra lui donner, comme si vous retraitiez sans aucune machine un matériau sonore : j'aimerais reproduire ça). D'ou des voix (il y en a presque sur tous les morceaux) fondues dans les sons, (le plug in "accoustic mirror" de Sonic fondry permet d'insérer un son de voix dans la forme d'un son d'instrument), les voix façons brouillage sonore (On peut citer Ubik, et son héros mort qui croit pouvoir sauver son ami vivant. Ubik et l'au-delà. Les voix perçues pendant le sommeil et l'au-delà, c'est certainement la même chose). Ou, et cela revient au même, trouver des fantômes, essayer d'exprimer, de laisser s'exprimer les fantômes qui nous tournent autour : fantômes du passé, ex copines regrettées, personnes disparues, ondes radios et télés qui nous traversent et polluent notre mémoire, nostalgie de bonheurs non vécus, d'autres possibles qui ont pu s'exprimer et mourir avant de naître (c'est ça, l'uchronie), manque pour des choses n'ayant jamais existé (c'est ça, une histoire d'amour ratée). Voilà. Tout cela est bien sûr pensé à posteriori, quand on m'a demandé de décrire ma musique. A priori, ça n'est que lancer les machines, ou des logiciels, faire et assembler des sons qui me plaisent. Jamais d'idées préconçues, le morceau se fait presque de lui même en ajoutant des gros blocs bruts, en découpant jusqu'à ce qu'une idée intéressante, une perception bizarre, une jolie mélancolie apparaisse et soit saisissable. Il n'y a plus alors qu'à l'habiller.

Gyom 2001