e passage est une bonne illustration de la curieuse méthode de
travail qu'il fallut inventer pour nous entendre et parvenir, ce qui n'était
pas une mince affaire, à un résultat satisfaisant : en effet,
je n'avais pas la moindre idée des limites du répertoire
vocal, et j'avais souvent imaginé des solutions qui n'étaient
tout bonnement pas chantables. En regard de ça, les deux chanteuses
m'apportèrent, sur leur instrument, de précieuses informations
susceptibles d'enrichir les jeux d'échanges entre leur deux registres.
Voici comment ça se passait en général : le texte
sous les yeux, je chantonnais d'abord un brouillon de ce que je désirais,
et à l'aide de schémas très figuratifs, je tentais
de donner une illustration du voyage du son graphiquement. Il est facile
d'imaginer une grammaire basique de ce genre, et on comprend très
vite sur le schéma ci-dessus que les deux traits croisés
représentaient un échange de voix, à la fois sur
les phrases (qui sont ainsi superposées par les chanteuses) et
sur les hauteurs. Le rythme est encore quelque chose qu'on peut renseigner
oralement; mais ce système primaire rencontre très vite
ses limites...
Extrait N°3
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première est qu'il est très difficile, quand on ne sait
pas chanter et qu'on ne sait pas noter, d'exiger précisément
un ton plutôt qu'un autre. Les tatonnements sont longs. La seconde,
corollaire de celle-ci, est la mémoire de tous ces tatonnements.
Très rapidement, les deux chanteuses décidèrent de
noter pas à pas l'avancée d'un travail de composition qui,
s'il était à peu près clairement en projet dans ma
tête, avait grand-peine à en sortir explicitement, et risquait
à tout moment d'être perdu.
Ainsi, nous travaillions sans cesse devant des micros, enregistrant toutes
les étapes, qu'Elizabeth et Julie notaient ensuite pour retrouver
à la fois suivante le travail dans son dernier état.
Suite
de "Me & The Fish" pas
à pas
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