SUJET : DEUIL NATIONAL (ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES 2002)
----- Original Message -----
From: "Francois Coquet"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 7:43 AM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> Mais le problème, je le répète,
n'est pas arithmétique; les motivations qui ont conduit à voter
pour d'autres que Jospin sont à chercher dans le gouvernement même
de Jospin; celles qui ont conduit à ne pas voter sont à chercher
dans le renoncement - irresponsable à mon avis - de ceux qui se sont
abstenus.
Renoncement ? A quoi ? Je ne renonce à rien, et notamment pas à
avoir une existence, un poids dans le champ politique et social entre deux votations.
Et d'ailleurs :
>>Mais en tout cas, il ne faudra pas compter sur
moi pour donner aux législatives une voix repentente au PS qui, dans
ma circonscription rurale, prépare "Cap-Malo", méga projet de
fun-shopping,
>car là-aussi, le problème de la disponibilité d'un
terrain de lutte se posera: ce projet que tu réprouves ne pourra être
contesté (et pourquoi pas sabordé) que dans un cadre démocratique;
Bon, anecdote : Ayant été avec quelques autres porter un brin
de contestation (très civilisée) dans la réunion de présentation
de ce projet mirifique aux élus locaux (essentiellement PS), je me suis
vu renvoyer à la niche avec ce commentaire définitif : "Nous sommes
les élus, nous sommes légitimés par la population". Inutile
de préciser que de ce projet, pourtant déjà bien avancé,
il n'a *jamais* été question lors de la préparation des
municipales. Mais il est "légitimé". Voilà, message reçu,
la contestation est nulle et non avenue. D'ailleurs, lors de la pose de la première
pierre de Cap Malo, un jeudi matin, il y avait 4 cars de CRS pour protéger
les élus contre une quinzaine de manifestants armés d'un mégaphone...
Après, faut pas pleurnicher si on y regarde à deux fois avant
de légitimer les élus...
François
--
----- Original Message -----
From: "Jean-Christophe Masson"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 10:17 AM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> Bon, anecdote : Ayant été avec quelques
autres porter un brin de contestation (très civilisée) dans la
réunion de présentation de ce projet mirifique aux élus
locaux (essentiellement PS), je me suis vu renvoyer à la niche avec ce
commentaire définitif : "Nous sommes les élus, nous sommes légitimés
par la population". Inutile de préciser que de ce projet, pourtant déjà
bien avancé, il n'a *jamais* été question lors de la préparation
des municipales. Mais il est "légitimé". Voilà, message
reçu, la contestation est nulle et non avenue. D'ailleurs, lors de la
pose de la première pierre de Cap Malo, un jeudi matin, il y avait 4
cars de CRS pour protéger les élus contre une quinzaine de manifestants
armés d'un mégaphone... Après, faut pas pleurnicher si
on y regarde à deux fois avant de légitimer les élus...
D'accord avec l'utilisation du mégaphone. Mais Pourra-t-on même
encore
l'allumer une fois qu'il y aura un ministre de l'intérieur lepéniste
----- Original Message -----
From: "Jean-Christophe Masson"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 11:12 AM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> ..et il ne te traverse pas l'esprit qu'une des données du problème,
c'est qu'on aurait pu se soucier d'eux avant dans deux semaines ? Je vais finir
par m'énerver paisiblement, moi aussi, devant ce discours qui résume
l'engagement, la résistance, le soutien, les messages de sympathie, à
deux minutes dans un isoloir tous les cinq ans.
Je suis d'accord avec le fait que la lutte, sous toutes ses formes, est sur
le terrain au quotidien et non pas dans les urnes tous les 5 ans.
Je conçois que l'on s'abstienne (même si je ne peux m'y résoudre)
par écoeurement, lassitude, impuissance, engagement (??) etc... Mais
certains contextes "historiques" sont parfois trop dangereux pour accepter de
jouer avec le feu.
Dans ce cadre, utiliser les règles d'une démocratie malade me
paraît ponctuellement plus constructif que de me réfugier derrière
une réflexion vainement idéaliste.
Vous l'avez compris : je ne suis pas un révolutionnaire. Je préfère
voter lâchement pour un Chirac (contre lequel les moyens existeront encore
pour lutter) que mourir en héros face un Pinochet (contre lequel seul
le sang ou le temps peuvent lutter). En tout cas, je n'aurai pas le courage
de m'abstenir ..
----- Original Message -----
From: "jean-francois savang"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 1:29 PM
Subject: [terrier] deuil nat
Du moment que le pen est présent au second tour, le risque qu'il soit
élu est réel, et institutionnellement légitime. Ce n'est
donc pas sur les autres qu'ils faut compter pour faire entendre sa voix, mais
sur la sienne propre même sic'est, évidemment, dans les pires circonstances
et à contre-
courant de ce qu'on a toujours espéré de la représentation.Si
la seule chose à faire dans un premier temps c'est de voter chirac, tant
pis. Nous devons être plus politique que les politiciens. Il y a un temps
pour chaque chose, et j'espère, notamment, qu'il y aura un temps pour
revoir de façon un peu moins torve le chantage sur lequel s'appuie le
jeu des élections.Je ne pense pas que voter massivement chirac pour se
garantir de le pen le comble de légitimité. Au contraire si chirac
est élu à une faible majorité, il pourra se targuer d'avoir
sauvé à lui tout seul le pays de la menace FN; et fera vraisemblablement
un gros score aux législatives, chacun s'estimant heureux d'avoir évité
le pire pour têtertranquille pendant 5 ans. Voter massivement pour chiracc'est
donc enlever de la crédibilité à sa voix, et l'amenerà
un score qui ne pourra pas laisser penser que ça puisse être le
fruit de ses idées politique qui l'aura emporté.
C'est faire valoir que la société n'est pas seulement verrouillée
par les représentations politiques officielles pas toujours légitime,
qu'elle est aussi composée par une population qui tient à rappeler
que c'est elle la majorité, que c'est elle qui édicte les règles
du jeu et même, si elle a parfois du mal à s'en souvenir, que c'est
elle qui constitue la réalité et non les faibles signes d'un casting
qui ne satisfait personne faute de mieux.
Votant et non-votant doivent donc s'allier et, je pense,aussi bien dans la rue,
pour faire valoir sa majorité, sa réalité, sa discordance
avec la politique de chirac et les stratégies politico-médiatiques
qui nous ont servi le pen sur un plateau (chirac jospin et le pen à eux
trois ne font pas même une majorité absolue ; chacun n'en fait
même pas une relative puisque ce sont au fond les abstentionnistesqui
l'emportent au premier tour avec 28%) et pour bien stipuler à chirac
que s'il l'emporte, c'est pas au paradis ; aussi bien dans les urnes où,
l'occasion pour des électeurs de saturer le sens originaire d'un vote,
la conviction et la participation à la vie publique, comme on sature
un site, est aussi une façon de montrer sonmécontentement.
Donc voter contre le pen, certes, mais expliquer activement dans la rue que
ce n'est pas un plébiscite pour chirac, faire de cette élection
une légitimité qui n'appartient nià l'un, ni à l'autre.
----- Original Message -----
From: "Eric Loillieux"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 12:06 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> Je ne vois pas non plus pourquoi je ne serais pas
énervé par l'abstention.
J'espère que tu es au moins aussi énervé par tous ceux
qui ont votés
Laguiller, Mamère, Hue etc..., contribuant d'autant à ton malheur.
> La décision de ne pas intervenir sur le champ
politique me semble parfaitement injustifiée. Dénie toujours,
je me le permettrai quand même, na.
Il ne m'apparait pas ne pas intervenir sur le champ politique. Je persiste et
signe également, re-na.
> Tu vois, y a la politique de métier. Le citoyen,
lui, est un amateur. C'est pas son boulot de s'informer, de dialoguer, d'agir.
Son rôle s'arrête aux urnes.
Là, j'espère que tu plaisantes...
> Et vive la démocratie directe, le bon sens
populaire et la vision de clocher.
Sans oublier les amalgames obscurantistes qu'à ton ennemi même
tu empruntes si bien...Etonnant que tu n'aies pas encore parlé de fromages
de chêvre.
> Tout ceci pour François et Eric, amicalement
et en toute amitié. Nous parlerons d'énervement paisible.
C'est bien entendu. Les fesses étaient là pour le romantisme.
Eric L.
----- Original Message -----
From: "FiLH"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 9:20 AM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> ce n'est pas un discours pragmatique, arithmétique, mais moral :
il s'agit de renvoyer à la fois à Lepen et aux immigrés
qu'il terrorise un signe clair, intelligible, de définition anthropologique.
Ben c'est déjà fait non ? Environ 20% de la population serait
bien contente de les foutre dehors. 20% de la populatin n'a aucune notion de
ce que peut-être la politique. De plus un autre cinquième de la
population approuve un arnaqueur notoire, menteur, tounreur de veste professionnel,
sous prétexte qu'il est sympatique, et fait la bise à la grand
mère.
On oublie aussi très certainement un autre cinquième de la population
qui pense encore que l'ont peut-être de gauche, que l'on cède trop
à l'économie; et qu'il serait temps que l'on soumette les riches
aux mêmes lois que les pauvres.
Que tous ces gens qui préfèrent voter LePen que de voter LCR ou
autre, sont ceux que l'ont fait marcher à la carotte à qui l'ont
fait croire qu'ils valent mieux que d'autres (les arabes, les juifs, leur voisin...)
tout le peuple des «malins» des qui croient qu'ils s'en sortiront
mieux en écrasant les autres plutôt que de se faire la courte-échelle.
Que les grands politologues continuent de penser comme des ploucs et de ne pas
voir que c'est d'abord de l'insécurité sociale que nous souffrons
avant de souffrir d'une soit-disant insécurité violente.
> Oui. Ils mentaient. Qui l'ignore ici? Et alors? Quel
est le rapport que tu établis?
Que faire un chèque en blanc à un menteur est une chose qui reste génante quelque soit les circonstances. Que tout sauf LePen peut aussi se voir comme le «tout sauf la guerre» de la fin des années 30. Que l'on trouvera également un exemple contraire.
>Et aujourd'hui voter Chirac. Et demain voter LePen contre Maigret ? Occupe-toi d'aujourd'hui Frédérix, tu auras tout le loisir de vaticiner si Lepen n'est pas élu.
Tu vois tu es déjà contaminé tu «gauloitises» mon nom ! Mais enfin Laurent ça va pas la tête ? Te lire ici en train de faire l'éloge du court terme me glace ! Je le dis et le répète c'est précisément à cause de ce genre de raisonnement que nous en sommes ici ! J'ai voté socialiste pendant des années, parce que justement je pensais qu'il vallait mieux que, et que j'aurais le temps plus tard...
> Lorsque tu parles de politique du moins pire, je crains que tu ne saisisses pas de quoi il s'agit aujourd'hui: il ne s'agit pas de mettre en parallèle Chirac et Lepen, mais justement d'exprimer la certitude qu'il ne peuvent absolument pas être mis en parallèle (ce que nous pourrions faire entre Lepen et Maigret, par exemple)
Je te trouve bien optimiste sur Chirac. De voir ce qu'il fit à la Mairie
de Paris me fait plus penser à un gouvernement de clientelisme, bref
une gestion à la FN, avec un zeste de rouge à lèvre.
Chirac a eu dans ses gouvernements des Pandraux, des Pasqua, des Debré
dont la coquinerie et les fantasmes ne sont pas loin de LePen. Des Balkany champions
de la vidéo surveillance.
>Quoiqu'il dise, nous aurons de l'espace pour lui répondre. S'il n'est pasélu, nous n'aurons aucun espace pour répondre à Lepen. Pourquoi? Parce que la démocratie, que tous les démocrates habitant ce pays tiennent vivante même si aucun gouvernement ne parvient à l'installer réellement, survivra à la réélection de Chirac.
Qelle démocratie Laurent ? La seule chose que notre système
politique te permet c'est parce qu'elle a enfin compris que ça revenait
moins cher de te laisser parler que de te bailloner. Que rien de ce qui est
fait pour avancer n'est fait par voie démocratique - par exemple l'affaire
des nouveaux canaux télé o seules les structures commerciales
avaient le droit de postuler - bref cette démocratie n'en est que le
visage sofistiqué d'un système qui chache son nom et dont les
USA sont la face presque achevée.
Alors je suis désolé, je n'ai pas de solution miracle, appeler
à votre Chirac me semble aussi dérisoire que de ne pas voter ou
voter blanc. Il n'y a pas ici de solution «évidente».
f.g.
----- Original Message -----
From: "Eric Loillieux"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 12:06 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> Le Terrier est le rassemblement joyeux et hasardeux
d'artistes qui ont tout leur temps pour exercer pleinement leur art et d'un
maître d'oeuvre qui peut leur donner toute son énergie grâce
à sa liberté d'action, de parole, et aussi à son RMI. En
cas de victoire du fascisme, nous serons tous bien trop occupés à
chercher un endroit où on ne brûle pas les synagogues, à
éviter les coups, à chercher d'autres moyens de susbsistance,
ou encore à batailler physiquement, pour faire des oeuvres d'art, ce
que, pourtant, nous faisons le mieux;
Pourquoi alors nous priver de cette joie avant terme? N'est-ce pas déjà
courber l'échine? Bon, je comprend ton geste et le respecte, mais sa
négativité me gêne. J'ai aucune leçon à te
donner, neammoins.
> cette page d'accueil serait sans aucun doute définitive.
Elle n'existerai probablement carrément plus non plus, si tu vas au bout
de
tes analyses.
> Je continue à travailler pour le Terrier pendant
ces quinze jours, rassures-toi, il y aura sûrement des tas de nouveautés...
Je te fais confiance.
Eric L.
----- Original Message -----
From: "Thierry Bouche"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 12:49 PM
Subject: Re[2]: [terrier] deuil national
>> Je ne vois pas non plus pourquoi je ne serais
pas énervé par l'abstention.
EL> J'espère que tu es au moins aussi énervé par tous
ceux qui ont votés Laguiller, Mamère, Hue etc..., contribuant
d'autant à ton malheur.
et pas du tout contre ceux qui ont voté le pen ou chirac ?
z'avez pas un tantinet le sentiment d'avoir déraillé suite aux
événements ?
--
Thierry Bouche
----- Original Message -----
From: "rupture"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 2:02 PM
Subject: [terrier] deuil national
> J'espère que tu es au moins aussi énervé
par tous ceux qui ont votés Laguiller, Mamère, Hue etc..., contribuant
d'autant à ton malheur.
Et bien, je fais partie des totos qui (ayant personnellement voté Mamère)
ont confondu présidentielles et législatives. Depuis, j'ai pris
l'habitude de me traitre régulièrement et copieusement de crétin
parfait.
> Tu vois, y a la politique de métier. Le citoyen,
lui, est un amateur. C'est pas son boulot de s'informer, de dialoguer, d'agir.
Son rôle s'arrête aux urnes. Là, j'espère que tu plaisantes...
Bah, oui, je plaisantais. Je défend l'idée que le citoyen peut
et doit être l'un des nécessaires contre-pouvoir. D'où l'importance
du vote. La politique n'est pas un métier mais un champ collectif d'action.
> Et vive la démocratie directe, le bon sens
populaire et la vision de clocher.
Sans oublier les amalgames obscurantistes qu'à ton ennemi même
tu empruntes si bien...Etonnant que tu n'aies pas encore parlé de fromages
de chêvre.
Je voulais signifier ici que sans structure globale de gestion de la vie collective,
certains risques comme la démocratie directe et l'ultra-individualisme
des rapports sociétaux peuvent survenir. Je ne te supposais pas de telles
idées mais tenais à souligner les conséquences possibles
d'un désintérêt de la chose publique.
Je reconnais un manque de clarté dans mes propos. Mea culpa. Tu as raison
de me reprendre, il n'est pas acceptable d'écrire plus vite que la pensée
ne se constitue, travers propre au dialogue par mail.
Je suis un être conscient. Je connais donc les conséquences de
mes actes.
Seule cette pensée fonde mon action. Et loin de moi de te dénier
toute attitude telle que le non-vote. Cela n'empêche que je me réserve
le droit de battre en brèche ce comportement comme la démocratie
me le permet.
Amicalement,
Marc
P.S : J'aimerais que de temps en temps, on arrête de faire du catastrophisme
historique. Le simple fait d'imaginer une fin désastreuse à notre
histoire est de mon point de vue très orgueilleux. Ne pas voir l'évolutions
des libertés dans nos démocraties à peine centenaires tient
tout de même de la mauvaise foi. Que le résultat actuel ne me convienne
pas, soit, je ne suis pas le seul et rien ne m'empêche de continuer la
résistance. Quant à parler le démocratie comme le "moins
pire des systèmes", c'est aussi vouloir que la production politique accouche
d'un produit parfaitement achevé, donc monolithique. Le conflit est ce
qui nourrit la démocratie. Vouloir la révolution tous les quatre
matins, c'est se masquer la complexe réalité d'une société.
Affirmer que rien n'est possible face à la collusion des pouvoirs, c'est
aussi avaliser le mythe du complot là ou il n'y a après tout qu'une
bonne vieille lutte des classes. Je ne pense pas qu'il faille imaginer une fin
à ces oppositions. La bête immonde est immortelle tout autant que
le sont la peur et le désir.
"Le progrès est un escargot"
Gunter Grass
----- Original Message -----
From: "lldemars"
To: <aguichardon@wanadoo.fr
Sent: Tuesday, April 23, 2002 2:06 PM
Subject: Re: [copyleft_attitude] ce soir est un autre soir
> Quand tu parles d'espace, à quoi penses tu
exactement ? aux médias ? à tout espace de parole et d'expression
?
C'est plutôt un terme général, celui de la topologie propre
à tout sujet (le lieu dans lequel il fait l'expérience du monde,
dont il est à la fois le producteur et le produit), et en termes plus
pragmatiques, ce serait le lieu du discours (si on entend par discours le sens
que lui donne Benveniste: langage où s'inscrit celui qui s'y énonce),
oui, quelque chose de cet ordre.
> Fais tu référence à une certaine standardisation du message, produit de communication, s'inscrivant dans une logique d'audimat et qui formate la pensée ambiante ?
Dans le cadre virtuel d'une domination du pays par le front national, il s'agit d'une unicité et d'une univocité des messages en tant que le front national ne survit que sur le fond de ce fantasme communicationnel, celui d'une conception du monde livrée clé en mains en un signe de la plus rigoureuse économie. C'est l'apothéose de la pensée "de communication", de l'économie maximum du discours, une pensée ésotérique qui organise le monde en deux trois clés qui visent l'éternité.
> Personnellement, je ne crois pas que la liberté
d'expression soit dramatiquement menacée, meme s'il est dur de se faire
entendre..
tu pars de l'hypothèse que Lepen est inélligible; ça me
semble bien imprudent...
> La seule solution pour moi, c'est de mettre des gardes
fous qui remettent sérieusement l'homme au dessus de tout,
je suis pleinement d'accord: la seule solution est de faire basculer la problématique
qui nous noie aujourd'hui dans sa vraie dimension anthropologique, oui. Pour
la suite de ton message, de même, j'acquiesce, bien sûr
----- Original Message -----
From: "rupture"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 2:27 PM
Subject: [terrier] deuil national
> Oui Laurent, oui... mais ça me fait tellement penser aux types qui
avaient entendu les chars russes sous leurs fenêtres toute la nuit le
10 mai 81 (véridique) que ça me laisse un peu perplexe...
Ca me fait aussi penser à ces rabbins qui encadraient le ghetto de varsovie
et dont le couplet préféré était "Ne vous inquiétez
pas, ils n'irons pas plus loin".
Ou aussi, dans un autre genre, les dissentions drappées dans l'orgueil
de la gauche républicaine espagnole, qui nous ont vallu l'accession facilitée
de Franco.
L'histoire événementielle justifie tout et rien à la fois.
Pour avancer, détail par détail, pensez-vous vraiment pouvoir
mettre Chirac et Lepen dans le même sac en toute conscience ? Ne pensez-vous
pas qu'il y ait là quelques différences qui justifient notre peur
actuelle, qui vous semble pourtant si excessive (ce que n'est pas visiblement
votre méfiance vis-à-vis des processus politiques).
Encore une fois, je ne souhaite pour ma part qu'une chose, que vous agissiez
sur la base de votre seule conscience, évidemment. Mais cela ne m'empêche
pas de considérer comme important de critiquer votre position.
Amicalement,
Marc
----- Original Message -----
From: "lldemars"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 2:21 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> Ben c'est déjà fait non ? Environ 20%
de la population serait bien contente de les foutre dehors. 20% de la populatin
n'a aucune notion de ce que peut-être la politique.
ce n'est qu'un signe émis par les 20%, et du silence pour les autres;
c'est maintenant le signe clair de ces 80% qui doit être émis.
> Tu vois tu es déjà contaminé tu «gauloitises»
mon nom !Mais enfin Laurent ça va pas la tête ? Te lire ici en
train de faire l'éloge du court terme me glace !
je fais l'éloge des possibilités d'exister du long terme : avec
Lepen au pouvoir, adieu à toute possibilité de long terme, et
vive la terreur au jour le jour.
> Alors je suis désolé, je n'ai pas de
solution miracle, appeler à votre Chirac me semble aussi dérisoire
que de ne pas voter ou voter blanc. Il n'y a pas ici de solution «évidente».
Nous en reparlerons à tête reposée quand je te demanderai
un abri parce que Lepen est au pouvoir; tu te rappelleras le temps ou nous pouvions
travailler ensemble, entre autres choses, à la réalisation, du
Terrier.
L.L.d.M.
----- Original Message -----
From: "lldemars"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 2:24 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national
>Oui Laurent, oui... mais ça me fait tellement
penser aux types qui avaient entendu les chars russes sous leurs fenêtres
toute la >nuit le 10 mai 81 (véridique) que ça me laisse un
peu perplexe...
rappel: l'électorat de Lepen est le seul qui soit armé...
Ou veux-tu dire que tu crois Lepen inélligible?
L.
----- Original Message -----
From: "jean-francois savang"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 4:57 PM
Subject: [terrier] deuil nat 2
Du moment que Le Pen est présent au second tour, le risque qu'il soit
élu est réel, et institutionnellement légitime. Ce n'est
donc pas sur les autres, ou sur un fondement démocratique acquis de notre
société qu'ils faut compter pour faire entendre sa voix, mais
sur la sienne propre même si c'est, évidemment, dans les pires
circonstances et à contre-courant de ce qu'on a toujours pu espérer
de toute représentation politique. Si la seule chose à faire dans
un premier temps c'est de voter Chirac, tant pis.
Nous devons être plus politiques que les politiciens. Il y a un temps
pour chaque chose, et j'espère, notamment, qu'il y aura un temps pour
revoir, de façon un peu moins torve, le chantage éthique sur lequel
s'appuie le jeu des élections. Peut-on imaginer, en effet, que la démocratie
ne soit qu'une éthique coupée de toute activité politique
ou rhétorique et que la liberté, qui semble être garantie
comme une évidence, soit inoffensive au point de rendre invisibles les
stratégies qui l'accompagnent ?
Je ne pense pas que voter massivement Chirac pour se garantir de Le Pen le comble
de légitimité. Au contraire si Chirac est élu à
une faible majorité, il pourra se targuer d'avoir sauver à lui
tout seul le pays de la menace FN ; et fera vraisemblablement un gros score
aux législatives, chacun s'estimant heureux d'avoir évité
le pire, pour téter tranquille pendant 5 ans. Voter massivement pour
Chirac c'est donc enlever de la crédibilité à sa voix,
et l'amener à un score qui ne pourra pas laisser penser que ça
puisse être le fruit de ses idées qui l'aura emporté. C'est
faire valoir que la société n'est pas seulement verrouillée
par les représentations politiques officielles ni toujours légitime,
qu'elle est aussi composée par une population qui tient à rappeler
que c'est elle la majorité, que c'est elle qui édicte les règles
du jeu et même, si elle a parfois du mal à s'en souvenir, que c'est
elle qui constitue la réalité politique et non les faibles signes
d'un casting qui ne satisfait personne, faute de mieux.
Les votants des candidatures négligeables du premier tour, les abstentionnistes
et les autres doivent saisir l'occasion de faire entendre la voix que le vote
ne leur rend habituellement pas. Tout d'abord dans la rue, pour faire valoir
la majorité qu'ils représentent, sa réalité, sa
discordance avec la politique de Chirac et les stratégies politico-médiatiques
qui nous ont servi Le Pen sur un plateau (sachant que Chirac Jospin et Le Pen,
à eux trois, constituent à peine une majorité absolue ;
sachant que chacun n'en constitue même pas une relative puisque ce sont,
au fond, les abstentionnistes qui l'emportent au premier tour avec 28%). Mais
également dans les urnes où, l'occasion pour des électeurs
de saturer le sens originaire d'un vote - la conviction et la participation
engagée dans la vie publique - comme on sature un site web, est aussi
une façon de montrer son désaccord avec un système qui
ignore le sens de ce qu'est le social et qui, de surcroît, dissimule la
faiblesse de ses institutions dans le machiavélisme économique
et l'insécurité qui constitue pourtant, comme discours de la performance
et du déchet, la logique même de la croyance capitaliste.
Il s'agit de bien stipuler à Chirac que s'il l'emporte, c'est pas au
paradis. Donc voter contre Le Pen, certes, mais expliquer activement dans la
rue que ce n'est pas un plébiscite pour Chirac. Il s'agit de montrer
par les élections du second tour que la légitimité n'appartient
ni à l'un, ni à l'autre. Et de renforcer cette convictions dès
les législatives. Suivra, j'espère, le développement d'une
conscience sociale qui devra fermement se distinguer des couleuvres politico-médiatiques
qui pensent en son nom, qu'elle se réapproprie une dimension politique
dans laquelle elle puisse enfin reconnaître une efficacité autre
qu'élective.
jf
----- Original Message -----
From: "Eric Loillieux"
To: "Le Terrier"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 3:01 PM
Subject: [terrier] Mes excuses
Toutes mes excuses pour la correspondance en cours, je dois suspendre momentanément
ma participation car mon ordi et moi-même sont appelés à
d'autres taches qui s'éxécutent en un pays où la prise
modem est interdite. A dans trois jours.
Eric L.
----- Original Message -----
From: "Jean-Christophe Masson"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 5:06 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national
FiLH a écrit :
> Que va nous dire Chirac ensuite ? Il va nous faire le coup du «je
vous ai compris», et va s'en donner à coeur joie dans la direction
qui lui plait temps et que le vote LePen va encourager. Chirac démocrate
? Laissez moi rire. Chirac se contre fout de la démocratie. Il est au
pouvoir c'est la seule chose qui importe.
f.g.
Je trouve tout à fait louable de détester Chirac et le pragmatisme
économique, mais je trouve moins louable d'accuser quelqu'un de pragmatique
parce qu'il a simplement peur du fascisme
----- Original Message -----
From: "lldemars"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 3:39 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national
>Je trouve tout à fait louable de détester
Chirac et le pragmatisme économique, mais je trouve moins louable d'accuser
quelqu'un de pragmatique parce qu'il a simplement peur du fascisme
d'autant que, contrairement à ce que suppose Benoit, cette peur est bien
loin d'être irrationnelle; lorsqu'en 98 je disais à mes proches
qui riaient de la scission du FN en le condamant déjà à
mort: "Mais êtes-vous assez fous pour imaginer que des individus s'étant
engagés dans la voie de ce type de vote vont, comme par enchantement,
changer de conception du monde?", ils ne m'ont fait l'aveu d'entendre ma question
que dans les dernières semaines d'une campagne qui, quatre ans plus tard,
montrait un Lepenisme inébranlable. Lorsque je disais il y a quelques
jours à mes proches "Le risque d'un deuxième tour mettant Chirac
et Lepen en vis-à-vis est grand, même si ça vous donne des
hauts-le-coeur, votez Jospin", ils m'ont entendu, mais cru que ma paranoïa
l'emportait.
Et maintenant? Maintenant je ne vois que des journalistes clamer que c'est une
grande surprise, que alalalala madame, on s'y attendait pas. Bien.
Et si ce lyrisme occupait un peu trop d'espace au point que chacun, croyant
déjà la partie gagnée, considère n'avoir pas à
salir ses bottes dans cette boue électorale-là, que croyez-vous
que nous devrons entonner comme chant d'adieu dans deux semaines?
L.L.d.M.
"c'est pas parce que je suis paranoïaque que tout le monde est pas contre
moi".
----- Original Message -----
From: "FiLH"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 3:57 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> Je trouve tout à fait louable de détester Chirac et le pragmatisme
économique, mais je trouve moins louable d'accuser quelqu'un de pragmatique
parce qu'il a simplement peur du fascisme
Mais bonté divine qui fait le lit de LePen ? Avez vous vu TF1 et son
pupulisme puant ? Les patrons des TF1 ne sont pas FN, ils sont gentillement
à droite. Et pareil pour le JT de TF2.
Vous avez vu un projet politique au RPR ? Moi je vois essentiellement la goût
du pouvoir, un clientelisme certain, et se ménager les patrons parce
que c'est finalement en symbiose avec eux qu'on a le plus de chance d'y rester.
Alors Chirac rempart contre LePen ou avant garde masquée ?
Si les socialistes ont permis ce risque électoral parce que leurélectorat
traditionnel à préféré voter à gauche. La
droite n'offre pas pour moi de garantie fiable.
Maintenant le pb qu'on semble oublier ici c'est que au delà d'une victoire
politique, que faire pour que 20% de la polulation n'ait pas cette tentation
permanente de voter extrème droite ? Car s'il s'agit d'escamoter Le Pen
sans que ces gens ne changent d'opinion, c'est peinture sur merde.
Et pour d'autres raisons que celle du vote de ce dimanche, je n'ai pas vraiment
confiance en mes semblables...
Alors l'autre question est : si Chirac est élu, que faire après,
car c'est cet après qu'il faut jouer.
f.g
----- Original Message -----
From: "Benoît Delaune"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 4:01 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national
rupture a écrit :
> Pour avancer, détail par détail, pensez-vous vraiment pouvoir
mettre Chirac et Lepen dans le même sac en toute conscience ?
Je n'ai jamais mis Le Pen et Chirac dans le même sac. Jospin et Chirac,
par contre, ça peut se discuter...
> Ne pensez-vous pas qu'il y ait là quelques
différences qui justifient notre peur actuelle, qui vous semble pourtant
si excessive (ce que n'est pas visiblement votre méfiance vis-à-vis
des processus politiques).
Peur excessive car elle cède au catastrophisme là où il
faudrait se calmer un peu. Par exemple : je ne sais pas encore si je vais voter
Chirac ou blanc ; certaines réflexions très justes des uns comme
des autres sur cette liste ou ailleurs me font avancer dans ma réflexion.
Par contre, les pensées à l'emporte-pièce, que je comprends
aisément par le choc de dimanche, ont tout de même tendance à
m'énerver. Je les place au même niveau que les mecs que je vois
dans les manifs avec leurs jumbés propageant leurs "good vibes festives".
Donc ne tombons pas dans un lyrisme excessif. Et arrêtons de pointer du
doigt les abstentionistes ou les votes soi-disant "contestataires". C'est ridicule.
Le résultat de dimanche est peut-être (rêvons un peu...)
le moyen de refonder une gauche différente. Et au moins de localiser
l'ennemi (si on me permet cette image militaire) et de pas l'oublier (combien
pensaient que l'extrême droite en France n'existait plus ?).
Par contre je ne crois pas que la gauche socialiste pourra redresser la barre
pour les législatives... même si je ne m'empêche pas d'espérer.
> Encore une fois, je ne souhaite pour ma part qu'une
chose, que vous agissiez sur la base de votre seule conscience, évidemment.
Mais cela ne m'empêche pas de considérer comme important de critiquer
votre position.
Et c'est bien ce que moi je demande ! De la critique, des arguments, pas des
larmoiements ou des arguments-bulldozer comme j'ai pu en avoir ici (certes avec
parcimonie, mais ça suffit à m'énerver) ! Même si
je ne me sens pas capable pour l'instant (fatigue, surcharge d'activités)
de répondre et de rentrer vraiment dans cet espace de parole.
Benoît
----- Original Message -----
From: "Jean-Christophe Masson"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 6:30 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national
FiLH a écrit :
> Mais bonté divine qui fait le lit de LePen ?
Sa femme de chambre.
> Avez vous vu TF1 et son pupulisme puant ? Les patrons
des TF1 ne sont pas FN, ils sont gentillement à droite. Et pareil pour
le JT de TF2.
Non ? du populisme à la télé ? j'y crois pas !!
> Vous avez vu un projet politique au RPR ? Moi je
vois essentiellement la goût du pouvoir, un clientelisme certain, et se
ménager les patrons parce que c'est finalement en symbiose avec eux qu'on
a le plus de chance d'y rester.
Là je suis d'accord.
> Alors Chirac rempart contre LePen ou avant garde
masquée ? Si les socialistes ont permis ce risque électoral parce
que leurélectorat traditionnel à préféré
voter à gauche. La droite n'offre pas pour moi de garantie fiable.
Pour moi non plus. Mais l'extrème-droite non plus.
> Maintenant le pb qu'on semble oublier ici c'est que au delà d'une
victoire politique, que faire pour que 20% de la polulation n'ait pas cette
tentation permanente de voter extrème droite ? Car s'il s'agit d'escamoter
Le Pen sans que ces gens ne changent d'opinion, c'est peinture sur merde.
Là aussi je suis d'accord.
> Et pour d'autres raisons que celle du vote de ce
dimanche, je n'ai pas vraiment confiance en mes semblables...
Moi non plus. C'est pour cela que je vais voter moi-même pour un autre
que Le Pen.
> Alors l'autre question est : si Chirac est élu,
que faire après, car c'est cet après qu'il faut jouer.
Je suis encore une fois d'accord : c'est cet après qu'il faut jouer.
Mais si Le Pen est élu, que faire après
----- Original Message -----
From: "Julien Pauthe"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 4:32 PM
Subject: [terrier] Rep:[terrier] deuil national
Marc : "Quant à parler de la démocratie comme le "moins pire des
systèmes", c'est aussi vouloir que la production politique accouche d'un
produit parfaitement achevé, donc monolithique."
C'est curieux, Marc, je voulais signifier exactement l'inverse : qu'il fallait
cesser, en politique, de courir après la pureté des utopies (d'ailleurs
relisez celles de Platon ou de Thomas More : c'est glaçant), pour faire
au mieux avec l'imperfection réelle du système. Ce système
étant le seul qui nous laisse cet espace de liberté (le discuter,
le réformer) étant pour moi "le moins pire" parce qu'il y a longtemps
que je pense qu'en vouloir un parfait ne conduit qu'au pire.
J
----- Original Message -----
From: "Benoît Delaune"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 7:52 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> rupture a écrit : Pour avancer, détail par détail,
pensez-vous vraiment pouvoir mettre Chirac et Lepen dans le même sac en
toute conscience ? Je n'ai jamais mis Le Pen et Chirac dans le même sac.
Jospin et Chirac, par contre, ça peut se discuter...
Juste une précision sur ce que j'ai répondu à Marc plus
haut : je mettrais Chirac et Jospin dans le même sac au plan de leur stratégie
d'évitement de l'extrême droite ; par exemple lorsque Jospin déclare
ne pas avoir "un programme socialiste", lorsque Chirac laisse entendre qu'il
est de gauche socialement... des discours repris habilement par Le Pen qui se
déclare "de gauche socialement, de droite économiquement".
Par contre je refuse l'amalgame "gauche = droite, tous pourris". C'est peut-être
l'un des discours qui a été le plus néfaste dans cette
campagne. Discours trop dangereux asséné par exemple par Laguiller.
Même si entre la politique de Jospin et celle d'un Juppé il y a
...hem... très peu de différences. Malheureusement. je reprends
les mots de Besancenot : la gauche n'est pas la droite, pour preuve on ne voit
jamais l'UDF ou le RPR dans une manif, par exemple.
B.D.
----- Original Message -----
From: "rupture"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 8:13 PM
Subject: [terrier] deuil national
> Marc : "Quant à parler de la démocratie comme le "moins pire
des systèmes", c'est aussi vouloir que la production politique accouche
d'un produit parfaitement achevé, donc monolithique." C'est curieux,
Marc, je voulais signifier exactement l'inverse : qu'il fallait cesser, en politique,
de courir après la pureté des utopies (d'ailleurs relisez celles
de Platon ou de Thomas More : c'est glaçant), pour faire au mieux avec
l'imperfection réelle du système. Ce systèmeétant
le seul qui nous laisse cet espace de liberté (le discuter, le réformer)
étant pour moi "le moins pire" parce qu'il y a longtemps que je pense
qu'en vouloir un parfait ne conduit qu'au pire.
Julien,
Je comprend et ne peut être qu'en accord avec ce que tu dis. Il n'est
rien de plus dangeureux pour moi que le romantisme politique (d'où ma
méfiance absolue vis-à-vis de candidats comme Laguiller) et c'est
bien ce que j'essaie maladroitement d'exprimer depuis le début.
Il n'empêche, tu sais à quel point notre langage est fondateur
de notre appréhension du monde et je trouve malgré tout regrettable
qu'on ne puisse accoler au concept de démocratie autre chose qu'une expression
négative. Et si je me permet d'en parler, c'est qu'il s'agit bien là
d'une expression très répandue.
Amicalement,
Marc
----- Original Message -----
From: "FiLH"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 7:05 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> Jean-Christophe Masson wrote:
Avez vous vu TF1 et son pupulisme puant ? Les patrons des TF1 ne sont pas FN,
ils sont gentillement à droite. Et pareil pour le JT de TF2. Non ? du
populisme à la télé ? j'y crois pas !!
Le populisme étant la démarche de conquète du FN, le résultat
est donc relativement normal.
La question que je me pose par rapport à ceci, c'est de savoir s'il s'agit
d'une stratégie consciente de la part de ceux qui ont le pouvoir. Ou
bien s'il s'agit de quelque chose d'irresponsable, où le seul critère
est le profit financier immédiat. Il ne s'agit pas pour moi de parler
d'un grand complot, mais juste de savoir si il existe un projet politique derrière
ou pas. Mais la seule chose que je sais c'est que tous ces gens là se
revendiquent démocrates. Mais clairement ne le sont pas.
FiLH.
P.S. Entendu sur le journal d'Arte : d'après la communauté juive
de Marseille, ils ont votés à 5% FN. (Sondage interne apparament).
---- Original Message -----
From: "Julien Pauthe"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 9:06 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> Julien,
Je comprend et ne peut être qu'en accord avec ce que tu dis. Il n'est
rien de plus dangeureux pour moi que le romantisme politique (d'où ma
méfiance absolue vis-à-vis de candidats comme Laguiller) et c'est
bien ce que j'essaie maladroitement d'exprimer depuis le début. Il n'empêche,
tu sais à quel point notre langage est fondateur de notre appréhension
du monde et je trouve malgré tout regrettable qu'on ne puisse accoler
au concept de démocratie autre chose qu'une expression négative.
Et si je me permet d'en parler, c'est qu'il s'agit bien là d'une expression
très répandue.
Amicalement,
Marc
Tellement répandue que je ne sais même plus qui en est l'auteur,
ni la forme originale de la citation... Peut-être Churchill ? Qu'on en
vienne à user de qualificatifs négatifs pour ce concept provient
peut-être aussi de sa filiation : la démocratie des cités
grecques, directe, populiste, xénophobe (à l'inverse de ce qui
se fera à Rome), militariste et ne concernant qu'une frange infime de
la population ne correspond pas exactement avec l'objet de nos présents
soucis... Quant à l'origine de la République en France (22 sept.
1792)... hum... encore des tracas léxicaux et autres en perspective.
"Français, encore un effort pour être républicains", au
moins celle-là tout le monde saura l'attribuer.
A plus
Julien
----- Original Message -----
From: "Julien Pauthe"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 10:17 PM
Subject: Re: [terrier] deuil nat
> Autant être précis et cohérent : tu nous demandes de
voter *socialiste* aux législatives (je rappelle que si Jospin est éliminé,
c'est parce qu'un bon 90 % de la population n'a pas voté pour lui : tous
coupables !). La démocratie en prend un sacré coup, dis-donc !
François
Non, pas forcément socialiste. Votez. A gauche, je préfererais,
évidemment. Mais surtout, votez.
J
----- Original Message -----
From: "Julien Pauthe"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 10:27 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> Une remarque générale : il me semble que la conversation
glisse insensiblement de l'attitude adoptée au premier tour à
celle qu'on adoptera (peut-être) au second tour.
Oui, c'est le cas un peu partout (réunions, manifs). On se remettrait
de la gueule de bois ?
> Or la situation est sensiblement différente.
Je ne sais pas encore ce que je ferai au second tour, il est possible que j'aille
voter Chirac, parce que je ne suis pas non plus fétichiste de l'abstention,
et que je préfère sans doute Chirac à Le Pen, et tant qu'à
faire avec un score stalinien, comme l'a écrit, je crois, Jean-François.
Non, "stalinien" c'était moi, une coquetterie au passage. (Mais c'est
vrai que je rêve d'un 91 %, et donc surtout d'un score à un seul
chiffre pour l'ordure : rejet de Le Pen et pas l'ombre d'une légitimité
pour Chirac, parce que déjà 80 %, c'est du score par défaut.)
> En revanche, pas l'ombre d'un remords d'avoir contribué
à jeter Jospin (la France réconciliée, mon cul !), et bien
peu de chance que je refréquente les urnes aux législatives. La
rue, peut-être...
Pas de remords pour moi, juste un peu de tristesse pour un gouvernement qui
a fait deux-trois choses (PACS, parité, CMU, 35h) là où
les autres se sont contenté de se gratter les couilles et les fonds de
tiroirs.
Ceci dit je doute que la rue ne nous amène grand chose : elle est squattée
par des idéalistes, quand ce n'est pas par des connes comme Laguiller
(non à la taxe Tobin, non au shit, non à un front uni contre le
FN... et "le communisme est l'avenir de l'homme" comme on le lit encore sur
ses banderolles).
Julien
----- Original Message -----
From: "lldemars"
Sent: Tuesday, April 23, 2002 11:20 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national
>Ceci dit je doute que la rue ne nous amène
grand chose : elle est squattée par des idéalistes, quand ce n'est
pas par des connes comme Laguiller (non à la taxe Tobin, non au shit,
non à un front uni contre le FN... et "le communisme est l'avenir de
l'homme" comme on le lit encore sur ses banderolles).
Arlette Laguiller vient de signer son ultime sottise, fruit inévitable
d'une chanson qui aime trop s'entendre chanter. Aux dernières manifestations
issues de regroupements universitaires circulaient des tracts: "abstention",
dans le roulement joyeux des jumbés. On pouvait voir s'y agiter dans
la seule expression politique de groupes de ces quinzes dernières années
- la fête - tous ceux qui ne sont pas allés voter au premier tour
(sources personnelles, bien entendu, mon téléphone crépite
autant que ma boîte aux lettres en ce moment)
Je ne connais plus le chiffre exact des abstention aux élections de Adolf
Hitler (celles qui précédèrent et légitimèrent
son appel à la chancellerie par Hindenburg), il doit avoisiner les 30%.
Quelqu'un a-t-il le chiffre exact? (je rappelle à cette époque
la claque prise par une gauche incapable de gérer ses dissensions internes
qui s'éclatait en 6 listes lors des premières élections
du 31 juillet 32) L'Universalis ne me le donne pas, le "de Nuremberg à
Nuremberg" de Rossif non plus (pas plus que les dossiers de l'histoire N°41
intitulé: 1933, les nazis prennent le pouvoir)
L.L.d.M.