SUJET : DEUIL NATIONAL (ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES 2002)
--- Original Message -----
From: "Benoît Delaune"
Sent: Wednesday, April 24, 2002 12:15 AM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> Arlette Laguiller vient de signer son ultime sottise,
fruit inévitable d'une chanson qui aime trop s'entendre chanter.
Parce que tu la trouvais bien avant la chanson d'Arlette ? Tu n'as pas l'air
bien informé sur Lutte Ouvrière et son mystérieux gourou
Hardy, et les soupçons de financement douteux, et l'absence de siège
social, et tout ce fatras de culture de la minorité voire de la Résistance
et de la clandestinité qui fait dire à beaucoup que le fonctionnement
de LO s'apparente à celui d'une secte de raëliens crypto-trotskystes...
Je connais qq'un qui a passé 6 mois à LO (enfin, en clandestinité
- il n'a vu en tout et pour tout qu'un "contact" avec qui il collait des affiches
à 3H du mat, tu comprends sous la torture il ne pouvait dénoncer
qu'une personne, et comme il n'était pas encore "éprouvé"
le stage aurait dû durer encore plus longtemps !!).
> Aux dernières manifestations issues de regroupements
universitaires circulaient des tracts: "abstention", dans le roulement joyeux
des jumbés. On pouvait voir s'y agiter dans la seule expression politique
de groupes de ces quinzes dernières années - la fête
Eh oui, cette culture "festive" est une désolation totale...
> - tous ceux qui ne sont pas allés voter au
premier tour (sources personnelles, bien entendu, mon téléphone
crépite autant que ma boîte aux lettres en ce moment)
Pfff... encore cet index moralisateur pointé inutilement. Pourquoi y
a-t-il eu plus d'abstention qu'en 95 ? Sont-ce seulement des 18-25 ans dépolitisés
qui n'ont pas voté ? Tu pratiques dans le sondage, toi aussi ?
Marre des leçons de morale qui ne servent à rien sinon qu'à
geindre...
> Je ne connais plus le chiffre exact des abstention aux élections
de Adolf Hitler (celles qui précédèrent et légitimèrent
son appel à la chancellerie par Hindenburg), il doit avoisiner les 30%.
Quelqu'un a-t-il le chiffre exact? (je rappelle à cette époque
la claque prise par une gauche incapable de gérer ses dissensions internes
qui s'éclatait en 6 listes lors des premières élections
du 31 juillet 32) L'Universalis ne me le donne pas, le "de Nuremberg à
Nuremberg" de Rossif non plus (pas plus que les dossiers de l'histoire N°41
intitulé: 1933, les nazis prennent le pouvoir)
Je trouve ton raccourci dangereux. De la même manière que traiter
Le Pen de fasciste et de nazi, comme je l'ai entendu aux manifs et lu dans qqs
messages, fait le jeu involontairement du FN. A trop utiliser ces vocables à
tort et à travers, on les vide totalement de leur sens qui correspond
à une période historique donnée. D'ailleurs Le Pen répond
très bien (façon de parler) que les fascistes italiens étaient
des gens de gauche et n'étaient pas racistes... et il répond encore
très bien que le gouvernement de Vichy était tenu par d'ex-gens
de gauche...
Attention donc aux raccourcis et rapprochements trop faciles et dangereux. Croirais-tu
à des "cycles" historiques qui reviennent régulièrement
? On est déjà rendu au Kali Yuga ?
Sur l'utilisation abusive de certains termes : "fasciste" alors, le chauffard
qui manque écraser un piéton ? "nazi", celui qui ne pense pas
comme toi ? Pourquoi ne pas plutôt dire de Le Pen en expliquant ce qu'on
y met exactement qu'il est "fascisant" ou "néo-fasciste" plutôt
? C'est déjà un peu mieux, bien qu'encore insatisfaisant. Pourquoi
ne pas dire de Le Pen tout simplement qu'il est un anti-républicain,
un extrêmiste raciste ? les mots ne manquent pas... Et pourquoi brandir
le spectre de l'éternel recommencement de l'histoire, du "ça peut
arriver encore" ? ça ne sert pas la réflexion, me semble-t-il,
ça renforce plutôt le catastrophisme ambiant qui me semble nuire
à la construction d'une pensée, d'une réflexion sur ce
qu'il faut faire ou non le 5 mai, et ensuite.
Bon,
J'arrête.
Je me mets sur la position repos..
B.
----- Original Message -----
From: "Benoît Delaune"
Sent: Wednesday, April 24, 2002 12:35 AM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> >Le résultat de dimanche est peut-être
(rêvons un peu...) le moyen de refonder une gauche différente.
Et au moins de >localiser l'ennemi
> disons que c'est le maintien dans l'état d'un lieu précaire
dans lequel soit possible, encore, la refondation d'une gauche "réelle"...
Il y a quelque chose d'irréparrable dans ce qui vient de se jouer, et
c'est avec un pied de plomb qu'on va devoir se tirer de la merde.
Et Chirac, après son élection, va faire comme si rien ne s'était
passé, le foot va fédérer, et ça ne sera plus qu'un
souvenir jusqu'en 2007... Je ne crois pas que cet "irréparable" que je
ressens comme toi va être marqué à vie dans le crâne
de nos concitoyens...
>> Et c'est bien ce que moi je demande ! De la critique,
des arguments, pas des larmoiements ou des arguments-bulldozer comme j'ai pu
en avoir ici (certes avec parcimonie, mais ça suffit à m'énerver)
!
> Le cercle dans lequel se dessine la conception du monde du front national
est celui de la colère, de l'homme qui se vautre dans ses émotions
et n'entretient avec les autres que des rapports passionnels; c'est le moment
ou jamais de montrer (contrairement aux excités niaiseux qui lyrisent
sur les places publiques et confortent les nazis
qui traites-tu de "nazis" ? je ne savais pas qu'un parti national-socialiste
existait en France aujourd'hui (cf. mon précédent message). Un
FN, oui.
> dans l'idée qu'ils se font de la lutte, de
la nécessité et des rapports humains) que la colère nous
est étrangère, ou du moins qu'elle ne dépasse jamais le
stade émotionnel pour devenir une passion.
Tiens ! c'est ce que je m'échine à dire depuis hier ! halte donc
aux "c'est la faute à lui... et aussi à lui..." et aux jérémiades
de toute part ("vous vous rendez pas compteuh ?? c'est un scandaleuh"). Le catastrophisme
ambiant me semble participer de cette "passion" dont tu parles et vers laquelle
il ne faut pas tendre...
Aujourd'hui j'ai failli basculer du côté de cette passion lorsqu'un
étudiant de l'Unef (ex-Unef id, larbins du PS) a voulu me fourguer un
tract moralisateur sur l'abstention et la "contestation"... il est vite reparti
la queue basse et la conscience alourdie après avoir essayé de
me traiter successivement et sans succès d' "anarchiste", de "communiste
libertaire" de "crypto-trotskyste" puis argument suprême de "j'men foutiste"
- il a oublié de me traiter "d'abstentioniste", je crois. Lui, son "syndicat"
et leurs tracts honteux ne font justement que faire tomber le débat dans
ce marigot partisan jouant sur la fibre de la culpabilité voire du péché
("les méchants ki n'ont pas bien voté Jospin"). Du coup moi j'en
suis resté à la simple colère de surface face à
son vitriol à effet boomerang. Il doit pleurer dans son lit ce soir le
pauvre garçon... Promis j'irai à confesse un jour pour ça.
Benoît Delaune
qui arrête vraiment -promis - d'envoyer des messages qui encombrent les
boîtes aux lettres - quel facho, ce Delaune !
----- Original Message -----
From: "rupture"
Sent: Wednesday, April 24, 2002 1:06 AM
Subject: [terrier] deuil national
Je te suis quant à l'utilisation excessive du mot "nazi", si malheureusement
commun dans les discours, jusque dans la bouche des amis et ennemis de sharon,
pour les raisons que Julien a évoqué.
> Et pourquoi brandir le spectre de l'éternel
recommencement de l'histoire, du "ça peut arriver encore" ? ça
ne sert pas la réflexion, me semble-t-il, > ça renforce plutôt
le catastrophisme ambiant qui me semble nuire à la construction d'une
pensée, d'une réflexion sur ce qu'il faut faire ou non le 5 mai,
et ensuite.
Parce qu'il ne s'agit pas du recommencement de l'histoire mais bien de la même.
La bête immonde, la peur, est un fidèle compagnon. Et ce propos
sert l'urgence du moment.
Amicalement,
Marc
----- Original Message -----
From: "Benoît Delaune"
Sent: Wednesday, April 24, 2002 1:46 AM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> Je te suis quant à l'utilisation excessive
du mot "nazi", si malheureusement commun dans les discours, jusque dans la bouche
des amis et ennemis de sharon, pour les raisons que Julien a évoqué.
Ouf ! je commençais à me sentir seul sur cette histoire de dérive
lexicale !
> Et pourquoi brandir le spectre de l'éternel recommencement de l'histoire,
du "ça peut arriver encore" ? ça ne sert pas la réflexion,
me semble-t-il, ça renforce plutôt le catastrophisme ambiant qui
me semble nuire à la construction d'une pensée, d'une réflexion
sur ce qu'il faut faire ou non le 5 mai, et ensuite. Parce qu'il ne s'agit pas
du recommencement de l'histoire mais bien de la même. La bête immonde,
la peur, est un fidèle compagnon. Et ce propos sert l'urgence du moment.
Je ne crois pas que ce genre de comparaison par raccourci soit justifiable par
une "urgence du moment". ça laisse sous-entendre une sorte de fatalisme
qu'essaierait de contrer une poignée de "romantiques" (c'est toi qui
emploie ce terme, je crois ? Tu n'aurais pas un peu trop lu "La maladie infantile
du communisme" de Lénine ? En ce moment, remarque, c'est une lecture
plus qu'appropriée, qui me conforte dans mes opinions... un livre qui
peut faire froid dans le dos justement... sacrifions tout au bolchevisme, camarades
! annihilons ces "romantiques" d'anarchistes et de gauchistes qui font le jeu
de la bourgeoisie capitaliste - ou du danger d'une pensée unique socialiste
nourrie au jumbé et à la politique du moins pire)
Bien amicalement,
B.
----- Original Message -----
From: "Jean-Christophe Masson"
Sent: Wednesday, April 24, 2002 12:11 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> Le populisme étant la démarche de conquète
du FN, le résultat est donc relativement normal. La question que je me
pose par rapport à ceci, c'est de savoir s'il s'agit d'une stratégie
consciente de la part de ceux qui ont le pouvoir. Ou bien s'il s'agit de quelque
chose d'irresponsable, où le seul critère est le profit financier
immédiat.
Il ne s'agit pas pour moi de parler d'un grand complot, mais juste de savoir
si il existe un projet politique derrière ou pas. Mais la seule chose
que je sais c'est que tous ces gens là se revendiquent démocrates.
Mais clairement ne le sont pas.
Nos avis convergent totalement. Voilà des décennies que le doute
s'installe et se confirme.
Plus globalement, la démocratie a de sérieux problèmes
et ce n'est pas nouveau. Par exemple, quelque soit le pourcentage qui fera gagner
Chirac (s'il y arrive), ce dernier ne représentera vraiment plus grand
chose.
Le problème c'est que lui croira l'inverse.
A nous, après cela, d'être plus que vigilants et de lui faire comprendre
ainsi qu'à tous les partis de pouvoir qu'il faudrait qu'ils arrêtent
leur mesquine auto-complaisance. Comment ? Par la révolution ? Si quelqu'un
a une autre proposition de réponse, elle sera la bienvenue.
----- Original Message -----
From: "erwan.tanguy"
Sent: Wednesday, April 24, 2002 10:22 AM
Subject: Re: [terrier] deuil nat
En réalité je ne suis pas aussi extrémiste que mes propos
- j'avais besoin d'un débat avant de dire si oui ou non mon vote allait
être blanc ou contre le pen - et ce débat a lieu je m'excuse si
je me suis laisser aussi prendre par mes émotions mais pourtant je ne
suis pas dans la rue avec ces dits "romantiques" car il me semble, que l'on
ait voté ou non, que c'est contradictoire si on n'a pas voté on
ne peut pas se plaindre de la montée de le pen aux élections si
on a voté on doit assumer le principe des élections ce qui ne
veut pas dire que la rue est exclue - mais après le 5 mai ou après
les législatives suivant le résultat
Et aussi en cas de victoire de Chirac, je ne crois pas la gauche capable de
remporter les législatives - on se retrouverait donc avec une droite
dure en qui personne n'a envie de croire mais si qd même la gauche passe,
une nouvelle cohabitation - bonjour l'angoisse il me semble que de toute façon
on fonce dans le mur
En effet les résultats de ce premier tour vont changer la vie politique
pour longtemps
Pour 1933, je crois que le parallèle n'est pas correct même si...
Avant hitler au pouvoir, je crois me souvenir que la gauche et la droite s'étaient
unis contre l'extrême gauche. A revoir dans mes livres, je me trompe peut-être
?!
Aujourd'hui la gauche se suicide elle-même dans la cohabitation, non ?
erwan
----- Original Message -----
From: "lldemars"
Sent: Wednesday, April 24, 2002 10:44 AM
Subject: Re: [terrier] Soyons vigilant
>Un garde-fou de Google est cependant de prévenir
qu'il se réserve le droit de supprimer une publicité qui ne lui
conviendrait pas. Ce qui est chose faite pour ce qui concerne la scientologie.
Cet incident met bien en évidence le devoir de vigilance dans le monde
du net."
Franck, je ne suis pas paranoïaque au point d'imaginer une quelconque collusion
entre Google et les sites négationnistes, tout de même! Enfin!
Non: je vois juste un des effets de la motivation, de l'attachement à
un
point de vue, un engagement, qui, de la même façon, rend les négationnistes
opiniâtres, laborieux, patients, et les autres, tellement touchés
par la lumière de l'histoire qu'il supposent qu'il suffit de dire "c'est
ainsi,
c'est évident" pour que tout le monde en soit éternellement convaincu;
il pensent sans doute que le savoir est contagieux, qu'il ne nécessite
aucun travail...
De même, probablement pour les mêmes raisons, les ultras, nous le
savons tous, ne rateraient pour rien au monde l'occasion de voter là
où les autres considèrent rêveusement que le système
démocratique est acquis, éternellement, sans qu'il soit nécessaire
de remettre régulièrement en jeu sa viabilité, son sens,
etc.
L.L.d.M.
----- Original Message -----
From: "FiLH"
Sent: Wednesday, April 24, 2002 7:22 AM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> > Ouf ! je commençais à me sentir
seul sur cette histoire de dérive lexicale !
Il s'agit peut-être d'une dérive lexicale, mais d'après
les diverses infos que j'ai pu lire et voir depuis quelques années, le
discours du FN puise directement sa source dans les penseurs de l'extrème
droite des années 30 et 40. Hélas je ne suis pas un spécialiste
de la chose pour vous citer précisément les similitudes, mais
à mon souvenir elles étaient plutôt précises.
f.g.
----- Original Message -----
From: Olivier Brisson
To: Undisclosed-Recipient:;@smtp3.9tel.net <mailto:Undisclosed-Recipient:;@smtp3.9tel.net>
Sent: Wednesday, April 24, 2002 11:54 AM
Subject: "Quand j'entends le mot culture, je sors mon mon révolver"
Salut à tous, je vous envoie - ci-dessous - un texte de Guigou Chenevier,
que vous n'êtes pas obligé de lire, mais ça en dit long
malgré tout...
A très bientôt, Olivier Brisson / Vert Pituite La belle
"A l'heure où, contre toute attente, et alors que tout le monde donnait
Le Pen comme mort politiquement, et que le F.N. se retrouve en finale des élections
présidentielles, je pense qu'il n'est pas vain de se remettre en mémoire
les "positions" du F.N. sur la Culture... En 97, j'avais écrit le texte
ci-dessous pour Ras L'Front... Si jamais il peut contribuer aujourd'hui encore
à "informer" ceux qui ne seraient pas encore au fait de ces positions,
tant mieux ! Utilisez-le, diffusez-le si vous voulez....
"Quand j'entends le mot Culture, je sors mon révolver". Cette fameuse
déclaration de Goebbels, ministre de la Propagande et de l'Information
d'Hitler à partir de 1933, en dit long sur l'importance de la Culture
dans le combat antifasciste.
Plus de cinquante ans ont passé, et l'idéologie fasciste n'a pas
changé sur ce point, puisque Le Pen a promis à plusieurs reprises
de supprimer purement et simplement le Ministère de la Culture, s'il
arrivait un jour au pouvoir. Le 30 Mars 97 à Strasbourg, lors de son
discours de clôture du Congrès du Front National, il a encore enfoncé
le clou en s'en prenant, entre autres, aux "rappeurs crasseux, aux intermittents
du spectacle, et aux scientifiques bidon"...Voila qui avait au moins le mérite
d'être clair...
Qu'en est-il de la politique culturelle des élus du F.N. ?
A Toulon, par exemple, la municipalité a détruit une sculpture
jugée trop moderne et supprimé la subvention de l'Orchestre Régional
parce qu'il avait à son programme des compositeurs sulfureux (Ravel et
Debussy !!..). A Orange, le F.N. a retiré de la Bibliothèque Municipale
les contes africains et s'est attaqué au Centre Culturel Mosaïques,
et aux Chorégies. Comme le dit l'éthologue Boris Cyrulnik, on
peut établir clairement qu'un état devient totalitaire quand il
commence à s'en prendre aux artistes, aux scientifiques, et aux journalistes...
On a pu le vérifier dans les pays communistes, les dictatures d'Amérique
Latine, chez les Ayatollahs d'Iran, en ex-Yougoslavie, sans oublier l'Algérie
d'aujourd'hui etc...
Pourquoi la Culture et les artistes font-ils tellement peur aux fascistes du
monde entier ? Voila la question qu'il faut se poser...je pense qu'il y a plusieurs
raisons ...
La 1ère qui me vient à l'esprit est en forme d'image... L'image
de cet orchestre de la Radio Bosniaque, qui, en plein siège de Sarajevo,
restait le seul lieu en ville où Serbes, Croates et Bosniaques continuaient
à vivre ensemble, surmontant désespoir et faiblesse physique par
la pratique commune de la musique...
La 2ème réponse, c'est que la Culture et l'Art constituent un
lien très fort entre passé et futur...l'Art c'est la mémoire
future des peuples... Prenons par exemple "Guernica" de Picasso. Non seulement
cette toile extraordinaire a fait plus que de longs discours pour graver à
tout jamais dans la mémoire universelle la tragédie de la guerre
civile espagnole, mais en plus, c'est comme si la vision transfigurée
de l'artiste nous mettait constamment en garde contre le retour possible de
tels évènements.
Bien sûr, toutes les oeuvres d'art n'ont pas la force de "Guernica", mais
les petits contes africains retirés de la Bibliothèque d'Orange
sont tout aussi dangereux pour le F.N., qui en nous faisant découvrir
et partager leurs légendes, nous rapprochent de ces peuples d'Afrique...On
n'a peur que de ce que l'on ne connait pas.
La 3ème réponse à cette question est la suivante: l'Art
est par essence "subversif"...Pourquoi subversif ? Parce qu'il est là
pour "provoquer" (au sens positif) des réactions, des questionnements,
...Comme disait Brecht "L'Art n'est pas fait pour rassembler mais diviser"...Cette
phrase qui peut paraitre négative est en fait extrêmement "positive".
En effet, c'est uniquement par l'échange, la discussion, la "division"que
peut naitre la tolérance, le progrès et la démocratie...toutes
valeurs contraires à celles du Front National".
Guigou Chenevier (1997)
----- Original Message -----
From: "pascal nieto" <pascal.nieto@noos.fr <mailto:pascal.nieto@noos.fr>>
Sent: Wednesday, April 24, 2002 11:46 AM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> Hélas je ne suis pas un spécialiste
de la chose pour vous citer précisément les similitudes, mais
à mon souvenir elles étaient plutôt précises.
f.g.
>>>>>>>>>> pour répondre ..... >>>>>>>>>>>>
a vérifier .... mais sans surprise
...
-----Message d'origine-----
Objet: TR: Qui a dit...
Qui a dit il y a quelques heures "je suis socialement de gauche,
économiquement de droite et nationalement de France" ?
Bon et bien, on sait maintenant sur quel "Que sais-je" il a potassé son
discours...
----------------------------------------------------------------
"Unser National Sozialismus ist die Zukunft Deutschlands. Trotz diese
Zukunft wirtschaftlich rechts-orientiert wird, werden unsere Herzen
links orientiert bleiben. Aber vor allem Werden wir wir niemals
vergessen, dass wir Deutschen sind."
A.Hitler, 29 novembre 1932, discours de clôture du congrès annuel
du
NSDAP (National Sozialistisches Demokratisches Partei)
Petite traduction pour les non-germanisants :
"Notre National-Socialisme est le futur de l'Allemagne. Bien que ce
futur soit économiquement résolument à droite, nos coeurs
resteront à
gauche. Mais par dessus tout, jamais nous n'oublierons que nous
sommes Allemands"
Edifiant autant qu'effrayant...
----- Original Message -----
From: "lldemars"
Sent: Wednesday, April 24, 2002 11:54 AM
Subject: Re: [terrier] deuil nat
>"Quand j'entends le mot Culture, je sors mon révolver".
Cette fameuse déclaration de Goebbels,
puisqu'on veut éviter les approximations, cette phrase n'est pas de Goebbels,
mais de Baldur von Schirach (chef des Jeunesses hitlériennes).
Pour le reste, ce courrier un peu "rapide", mériterait une nouvelle discussion,
sans doute. Pour ma part, je dois reporter (attentif à répondre
le plus clairement possible à Benoit sur ses précédents
messages).
L.L.d.M.
----- Original Message -----
From: "Julien Pauthe"
Sent: Wednesday, April 24, 2002 7:49 AM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> Aux dernières manifestations issues de regroupements
universitaires circulaient des tracts: "abstention", dans le roulement joyeux
des jumbés. On pouvait voir s'y agiter dans la seule expression politique
de groupes de ces quinzes dernières années - la fête - tous
ceux qui ne sont pas allés voter au premier tour (sources personnelles,
bien entendu, mon téléphone crépite autant que ma boîte
aux lettres en ce moment)
Ah, par ici (Belfort) il y a aussi les inévitables jumbés, mais
le mot d'ordre de la manif prévue samedi c'est "Votez contre Le Pen au
second tour" et "Non à l'abstention". Manif initiée par un collectif
étudiant, rejoint à leur demande par ATTAC, Ligue des droits de
l'homme, PCF, CGT, CFDT, Amis du monde diplomatique, etc. Tous ces syndicats,
partis et associations ayant accepté de défiler sous ces mots
d'ordre, derrière les initiateurs et sans leurs propres banderolles (qu'ils
sortiront le 1er mai). Il faut dire que le collectif étudiant a délibérément
ignoré
l'UNEF...
Julien
----- Original Message -----
From: "Benoît Delaune"
Sent: Wednesday, April 24, 2002 12:42 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> Il s'agit peut-être d'une dérive lexicale,
mais d'après les diverses infos que j'ai pu lire et voir depuis quelques
années, le discours du FN puise directement sa source dans les penseurs
de l'extrème droite des années 30 et 40. Hélas je ne suis
pas un spécialiste de la chose pour vous citer précisément
les similitudes, mais à mon souvenir elles étaient plutôt
précises.
Ce sont des similitudes et une réutilisation des discours nazi et fascistes.
Point. Le Pen n'est pas fasciste au sens historique du terme.
Tu dis : "le discours du FN puise directement sa source dans les penseurs de
l'extrème droite des années 30 et 40." OK. Je suis d'accord totalement.
Mais alors Le Pen est plutôt un "néo-fasciste", un extrêmiste
de droite tendant à une pensée très proche des fascistes
italiens et allemands. Le simple terme lapidaire "fasciste" a été
trop utilisé, du coup il ne veut plus rien dire.
... et j'entends d'ici l'électorat lepéniste : ils nous traitent
de fasciste, donc ce ne sont que des agitateurs "socialo-communistes", de jeunes
hippies sales drogués sidéen enjuivés etc., ce sont eux
qu'il faut combattre en premier, etc. Je ne crois pas pour ma part que les traiter
à tout bout de champ de "fachos" leur fasse honte. Au contraire, ça
leur permet de ressortir en grandes pompes leurs théories des complots.
Le terme "fasciste" employé à tort et à travers contre
les militants FN me semble faire le jeu du FN. Désolé à
tous pour vos envolées lyriques à base de "la France nazie", "les
sales fachos" etc.
Bien à vous tous,
Benoît
----- Original Message -----
From: "erwan.tanguy"
Sent: Wednesday, April 24, 2002 12:46 PM
Subject: [terrier] Fw: [MRAP-INFO] MRAP >>> CRIF, des propos déplacés
et dangereux
Autre message venant du MRAP
là franchement à vérifier
si qqu'un a des infos là-dessus
mais cela me semble être plus de l'énervement (on mélange
toutes les
haines...)
erwan
----- Original Message -----
From: <mrap.sn@free.fr <mailto:mrap.sn@free.fr>>
To: "liste d'information du mrap" <mrap-info@ras.eu.org <mailto:mrap-info@ras.eu.org>>
Sent: Tuesday, April 23, 2002 2:47 PM
Subject: [MRAP-INFO] MRAP >>> CRIF, des propos déplacés
et dangereux
Réf. MA54
Communiqué de presse
CRIF : des propos
déplacés et dangereux
Le MRAP trouve surréalistes et déplacés les propos du président
du CRIF, qui a déclaré au sujet du vote FN : ce score «
est un message aux musulmans,
leur indiquant de se tenir tranquilles ».
Au moment où l'urgence absolue est de faire barrage aux idées
xénophobes, racistes et antisémites, ce type de réaction
incompréhensible est
affligeant et dangereux.
Paris, le mardi 23 avril 2002
----- Original Message -----
From: "Julien Pauthe"
Sent: Wednesday, April 24, 2002 1:04 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> Ce sont des similitudes et une réutilisation
des discours nazi et fascistes. Point. Le Pen n'est pas fasciste au sens historique
du terme. Tu dis : "le discours du FN puise directement sa source dans les penseurs
de l'extrème droite des années 30 et 40." OK. Je suis d'accord
totalement. Mais alors Le Pen est plutôt un "néo-fasciste",
Non : "néo" voudrait dire qu'il y a eu une rupture entre l'engagement
fasciste des collaborateurs, vichyssois, volontaire de la légion étrangère
SS, etc. et les cadres du FN. Or cette rupture n'a pas eu lieu : c'est certes
souterrainement que la filiation s'est faite pendant les années d'après-guerre,
se renforçant aux combats pro-Algérie française comme au
rejet de Vatican II, mais elle s'est faite sans discontinuité aucune
: le FN a eu et a encore pour cadres (peu actifs vu leur âge) d'anciens
Waffen-SS, des revenants de Vichy, d'ex-OAS, etc. Le FN est fasciste. C'est
un fascisme français, avec ses racines et ses spécificités,
mais c'est un fascisme. Tout son appareil réthorique et théorique
est fasciste, avec quelques emprunts au nazisme (dont l'antisémitisme
vicéral). Les différences entre le fascisme des origines (italien)
et le nazisme ne doivent pas aveugler : le nazisme est un fascisme et il est
peut-être même l'accomplissement du fascisme, son horizon indépassable,
totalisé. Le Pen est un fasciste français, inscrit dans des conditions
historiques qui ne lui permettent pas d'être un nazi. Mais ce n'est pas
le désir qui manque.
Julien
----- Original Message -----
From: "Julien Pauthe"
Sent: Wednesday, April 24, 2002 1:09 PM
Subject: [terrier] Re: [terrier] Fw: [MRAP-INFO] MRAP >>> CRIF, des
propos déplacés et dangereux
> là franchement à vérifier si
qqu'un a des infos là-dessus mais cela me semble être plus de l'énervement
(on mélange toutes les haines...)
erwan
Les propos ont bien été tenus (à un journal israëlien
de gauche, Haaretz). Le CRIF les a immédiatement condamné et son
président, leur auteur donc, les a lui-même désavoués,
déclarant qu'il n'avait pas exactement dit cela et que si ça y
ressemblait dans le fond c'était un dérapage émotionnel
qu'il regrettait.
Il n'y a pas que sur les listes de discussions que les gens ont la tête
à l'envers ces temps-ci.
Julien
----- Original Message -----
From: "Benoît Delaune"
Sent: Wednesday, April 24, 2002 1:32 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national
> Non : "néo" voudrait dire qu'il y a eu une
rupture entre l'engagement fasciste des collaborateurs, vichyssois, volontaire
de la légion étrangère SS, etc. et les cadres du FN. Or
cette rupture n'a pas eu lieu : c'est certes souterrainement que la filiation
s'est faite pendant les années d'après-guerre, se renforçant
aux combats pro-Algérie française comme au rejet de Vatican II,
mais elle s'est faite sans discontinuité aucune : le FN a eu et a encore
pour cadres (peu actifs vu leur âge) d'anciens Waffen-SS, des revenants
de Vichy, d'ex-OAS, etc. Le FN est fasciste. C'est un fascisme français,
avec ses racines et ses spécificités, mais c'est un fascisme.
Tout son appareil réthorique et théorique est fasciste, avec quelques
emprunts au nazisme (dont l'antisémitisme vicéral). Les différences
entre le fascisme des origines (italien) et le nazisme ne doivent pas aveugler
: le nazisme est un fascisme et il est peut-être même l'accomplissement
du fascisme, son horizon indépassable, totalisé. Le Pen est un
fasciste français, inscrit dans des conditions historiques qui ne lui
permettent pas d'être un nazi. Mais ce n'est pas le désir qui manque.
Réflexion très pertinente.
Mais je persiste à penser que traiter le Pen de fasciste à tout
bout de champ fait son jeu. Un "fascisme à la française", oui.
Mais il faudrait à chaque fois reprendre tes propos en intégralité.
Désolé de répondre si rapidement.
Merci pour tes propos pertinents,
B.
----- Original Message -----
From: "jean-francois savang"
Sent: Wednesday, April 24, 2002 1:50 PM
Subject: [terrier] petite biblio
si ça peut aider certains à se faire une opinion surl'idéologie
du front nationale, voir les ouvrages de Jean- Claude Martinez, professeur à
Assas et idéologue du bunker;à consulter sans acheter évidemment!
- Cent discours pour la France : le front national etStrasbourg, éditions
Lettres du monde, 1994.
- Dieu et l'impôt: ouvrage collectif, éditions Godefroy deBouillon,
2001.
- Maastricht le non de tous les miens, éditions Lettres dumonde, 1992.
et un petit dernier
- L'europe folle, éditions Les presses Bretonnes, 1996.
Voir également les rapports du FN dans lesquels, parexemple, on trouve
des équations sans appel: 300 000 délitsen 1998 en préface
du rapport sur l'immigration pour Lepen, 300 000 immigrés clandestins
dans le rapport deMartinez... etc
----- Original Message -----
From: "lldemars"
Sent: Wednesday, April 24, 2002 2:13 PM
Subject: [terrier] deuil national - tentatives de définitions - merci
benoit
chers colistiers,
j'espère être clair dans ce courrier, et, d'une certaine manière,
y résumer tout ce qui chaotiquement définit mes participations
à ce fil de discussion; c'est un peu long, il ne peut pas en être
autrement.
>Je trouve ton raccourci dangereux. De la même
manière que traiter Le Pen de fasciste et de nazi, comme je l'ai entendu
aux manifs et lu dans qqs messages, fait le jeu
involontairement du FN.
Bien. Avant de répondre à cette partie, qui est d'importance (peu
de choses sont plus importantes effectivement, que les mots qu'on choisit pour
les dire), je réponds brièvement à la suivante, qui éclaire
mon point de vue, lorsque tu dis "Croirais-tu à des "cycles" historiques
qui reviennent régulièrement ? On est déjà rendu
au Kali Yuga ?"
L'histoire ne semble se répéter que pour ceux qui l'envisage comme
une extériorité qui embarquerait l'humanité en son cours;
mais dès lors que l'on entend l'histoire comme une des manifestations
parmi d'autres de l'être, une émanation humaine et non un vaisseau
de l'humanité, on peut comprendre que la stabilité des universaux
qui spécifient l'espèce humaine entraîne presque inévitablement
celle de ses manifestations, de ses émanations, elles-mêmes. La
stabilité des composantes historiques n'est qu'un des corrélats
de la stabilité des composantes de l'espèce humaine. Supposer
que l'histoire change, c'est supposer que l'homme, en sa substance, change aussi.
Et là, on touche à un problème bien plus éthique
que rationnel, et son poste d'observation est la façon dont nous choisissons
de considérer notre espèce et les manifestations de sa singularité.
Tu dis que c'est ma méconnaissance de l'histoire qui me conduit à
parler du nazisme pour le lepenisme; c'est plutôt ma connaissance des
spécificités (ici l'historicité, la constitution) du nazisme
qui m'y a conduit, et qui me dissuade de changer de mot pour parler de la même
chose. Le lepenisme n'est qu'un national-socialisme - un national-populisme
basé sur une programmatique raciale, ce qui le différencie du
fascisme, ou plutôt en fait une branche satellite - que la proximité
d'un désastre historique qui en fut la conséquence interdisait,
on s'en doute, de se donner sous ce nom à la scène politique;
le nom, le front national, tu le sais certainement (idem, pour cause de lectures
communes), fut dérobé à un réseau de résistants;
on ne pouvait rêvé mieux pour avancer dans l'honorabilité
(ce renversement est un des choix rhétoriques systématique de
Lepen, comme il fut celui d'Adolf Hitler, qui consiste à se placer dans
la position de SA PROPRE victime*).
Je trouve très juste ton attachement à des catégories distinctes
pour commencer à penser un objet autrement qu'en des généralités
abusives, mais il est ici - il me semble - inadéquat. Il ne s'agit pas
seulement de programme (il suffirait pourtant de s'en référer
à celui du NSDAP, point par point), mais aussi de grammaire, de conception
du monde, de la culture, et de méthodes; et ceci jusqu'aux moindres citations
récurrentes des discours de Adolf Hitler par J.M. Lepen (elles sont foison,
depuis "3 000 000 de chômeurs, 3 000 000 d'immigrés" jusqu'à
sa dernière, se référant à son coeur à gauche,
son porte-monnaie à droite et son identité nationale; Lepen vient
encore hier de parler "du petit peuple des sans grades et des opprimés";
c'est strictement en ces termes qu'Hitler évoquait les compatriotes dont
il se disait le plus proche).
Ce serait interminable. Dis-toi seulement que la différence, pour l'instant,
est applicative; du national-socialisme précédent, nous connaissons
les effets. De celui-ci, nous sommes à l'instant "t" qui précède
son arrivée au pouvoir.
Pour la grammaire, je vous renvoie à Viktor Klemperer et son formidable
essai de philologie écrit pendant la guerre 39-45: "L.T.I.", la langue
du troisème Reich". Pour le reste, je n'ai hélas que l'embarras
du choix.
Bon. Dire, par exemple, "il y a une lepenisation des esprit", c'est souscrire
à une doctrine particulière, humaniste, qui postule une identité
générale des aspirations humaines, et faire précéder
ses conclusions par le choix d'un angle de vue dans lequel la conclusion est
administrable par cette doctrine. C'est, comme le cas fut fréquent dans
l'histoire de la science, forcer les fait à une catégorie préétablie
de l'entendement, les soumettre aux exigences d'une théorie. De même,
répéter encore comme le font les journalistes: "c'est un vote
protestataire", c'est réfuter une permanence factieuse, et préférer
lui imaginer une aventure organique (faite de bourgeonnement, de raréfactions,
de chutes et de croissances) à un simple silence momentané dicté
par un système démocratique et ses règles.
L'incapacité à évoquer ce vote comme un vote factieux,
c'est-à dire l'incapacité à admettre la nature fasciste
de ce vote et le choix fasciste des électeurs, est peut-être une
erreur de l'essentialisme, ici sémiotique (le mot "fasciste", le mot
"nazi") qui vous rend tout affolé devant la définition clôturée:
un nazi, un fasciste, c'est quoi comme entité?
Il va s'agir de quitter le point de vue essentialiste pour décomposer
ce que l'on saisissait jusqu'alors comme un objet achevé (un principe,
dans l'exemple que je donne plus loin) : nous associons trop souvent sous l'espèce
d'un élément ce qui est un système qui en articule plusieurs
et trouve dans cette articulation seulement sa définition; en gros, il
ne nous faut pas commettre l'erreur d'Anaxagore: celui-ci se demandait pourquoi,
lorsque le lapin ne mange que des carottes, hé bien, au bout du compte,
le principe carotte ne l'emportait pas sur le principe lapin. Il ne parvenait
pas, tout simplement, à parcelliser ses objets en quantités signifiantes
minimales et déterminantes, il les essentialisait. Ne décomposant
pas la carotte jusqu'à la seule chose qui intéresse l'organisme
du lapin (décomposer ses protéines en acides aminés et
les assimiler pour produire ses propres protéines), Anaxagore manquait
à la fois le lapin et la carotte ; précédé aveuglement
par une conception achevée de ses objets il ne poursuivait pas assez
loin la voie de la causalité.
Alors? Il faut parcelliser, identifier ses composantes spécifiques, archipéliser
son objet, ne pas le saisir comme un continent ou un principe mais dégager
les quelques universaux qui le caractérisent et déterminent la
certitude de toucher à son essence, c'est-à dire à une
définition qui à la fois le singularise absolument et le distingue
des autres. Quels sont donc les universaux qui, s'articulant, spécifient
le national-socialisme et le lepénisme en la même substance? J'en
voie quelques-uns, qui peuvent suffire à ne pas se tromper d'objet, et
je vous invite à corriger, préciser, etc.
a) Un discours réduit aux paradigmes de la communication susceptible
de serrer la vérité : dans le cadre virtuel d'une domination du
pays par le front national, il s'agit d'une unicité et d'une univocité
des messages en tant que le front national ne survit que sur le fond de ce fantasme
communicationnel, celui d'une conception du monde livrée clé en
mains en un signe de la plus rigoureuse économie. C'est l'apothéose
de la pensée "de communication", de l'économie maximum du discours,
une pensée ésotérique qui organise le monde en deux trois
clés qui visent l'éternité. Cette "explication du monde",
telle que la pratiquaient de concert Hitler et Goebbels, vise la plus grande
des simplifications au nom d'une complexité jugée mensongère,
susceptible de masquer la vérité. Cette façon de considérer
l'énoncé vise la terreur de la responsabilité du sujet
vis-à-vis du discours (si on entend par discours le sens que lui donne
Benveniste : langage où s'inscrit celui qui s'y énonce), et dans
ce cas, s'articule clairement au point b), la détermination dans les
causalités extérieures de la responsabilité, la délégation
des causes à l'altérité. Ça, c'est ce qu'elle vise,
disons, dans l'ombre de sa propre mythologie, sans que ceci s'énonce
nettement (ça lui est impossible: il faudrait imaginer un méta-langage
ou plus rationnellement lui imaginer une linguistique, impensable dans le cadre
d'un langage qui se suppose être celui de la vérité). Ce
qui s'énonce, en revanche, clairement, c'est le balayage de toute complexité
sur un point de vue économique: l'efficacité du discours, la brièveté
de ses énoncés, répond à un appel à l'économie
directement exprimé par les toxicomanes de la vérité. Il
vous faudra 10 minutes pour convaincre une foule de hurler avec vous, et une
vie de discussions ne suffirait pas à faire d'un nazi un démocrate.
b) l'extériorisation des causes par l'invention de l'altérité
achevée, cloturée ("l'autre" du raciste - je vous renvoie pour
un travail plus sérieux, élargi, à "la haine identitaire",
de Daniel Sibony), définissable et surtout: immédiatement perceptible.
On rejoint ici l'appel à l'irresponsabilité, le choix de se maintenir
dans une situation enfantine régulée par des causalités
extérieures.
c) Une conception mythologique de structure fondée sur un fantasme de
naturalité. Cette conception commence par un premier degré de
mythologisation qui se campe sur l'idée d'une nature perdue, à
retrouver sous la souillure infligée par le système en place (attaques
à la bureaucratie, au modernisme, à l'art dégénéré,
etc. toutes communes aux nationaux-socialismes) ; le deuxième degré
de cette mythologisation est le présupposé d'une structure sociétale
fondée sur les mêmes dispositions "naturelles" (mythologiques,
donc) dont la fonction n'est pas la recherche des causes (la fondation et le
sens de la civilisation, puisque la version nazie est sur ce point contradictoire:
elle croit faire appel au modèle grec), mais la défense des comportements
brutaux à venir, exprimés comme "loi naturelle". Cette conception
légitime le point d) et découle du point b), car c'est encore
le report des responsabilités sur une causalité extérieure
et monstrueuse (donc invisible), le progressisme. C'est aussi une conception
passionnelle des jeux de rapports entre les êtres et les groupes (la passion
y étant violemment opposée à la raison dans la sphère
de la vérité considérée comme lui étant "naturellement"
consubstantielle) qui nous ramène au point a).
d) Une perception - assujettie à cette structure mythologique - d'un
groupe morcellé en autant de communautés d'intérêt
dont la viabilité découle de leur aptitude à s'imposer
par l'expression de leur puissance. On saisit mieux que si la culture leur fait
sortir leurs revolvers, ce n'est pas du tout - comme préfèrent
se l'imaginer ceux qui ne localisent le nazisme que dans la bêtise - parce
qu'elle leur échappe en ses espèces: c'est parce qu'elle est la
force imaginaire qui s'oppose à la force imaginaire derrière laquelle
ils se rangent, la nature.
Nous ne sommes pas dans l'analogie des effets, comme le suppose Benoit (disant:
c'est une citation, pas une assimilation du FN au NS), mais dans une analogie
des causes.
>Pourquoi ne pas plutôt dire de Le Pen en expliquant
ce qu'on y met exactement qu'il est"fascisant" ou "néo-fasciste" plutôt
?
en quoi est-il "neo"?, c'est ça la question que je me pose... Cette précaution
me semble n'être prise que parce que la simple superposition de l'un a
l'autre est inadmissible dans une perspective humaniste.
>J'arrête.Je me mets sur la position repos..
je te remercie en tout cas de m'avoir poussé à écrire et
organiser ce que je n'aurais probablement jamais cru devoir faire, par fainénantise,
sans doute, et par changement de mode de vie (j'ai cessé toute lecture
relative à la Shoah ou à la seconde guerre mondiale depuis très
longtemps, pour ne pas m'y abîmer définitivement, craignant trop
l'hypnose désespérée où ça me
conduisait)
L.L.d.M.
--------------------------------------------
à propos des autres questions de Benoit:
>Parce que tu la trouvais bien avant la chanson d'Arlette
?
Que j'assiste à un de ses meetings pour un album photos du Terrier et
comprendre la nature des stimulations qui ont conduit ma famille à être
rouge, militante (ce qui, dans un cadre groupal, m'est complètement étranger)
ou me conduire aux rencontres franco-russes du parti lorsque j'étais
enfant, est une chose, et d'importance pour moi; ça tient de l'anecdote,
et n'a guère de rapport avec mes engagements. Pour le reste, suppose
ce que tu veux. Je vois mal, étant donné ce que je suis, comment
je pourrais simultanément travailler avec obstination pour une théorie
du sujet et chanter la chanson de lutte ouvrière. Je crois même,
ici, avoir discuté de cette étrange, hémiplégique,
conception du monde pour laquelle un être humain ne trouverait son effectuation
au groupe que dans le travail.
>Tu n'as pas l'air bien informé sur Lutte Ouvrière
et son mystérieux gourou Hardy,
Benoît; qui est mal informé à ce sujet? Personne, je crois.
Toi et moi
lisons la même presse, et ces infos sur LO circulent depuis bien longtemps.
>Pfff... encore cet index moralisateur pointé
inutilement. Pourquoi y a-t-il eu plus d'abstention qu'en 95 ? Sont-ce seulement
des 18-25 ans dépolitisés qui n'ont pas voté ? Tu pratiques
dans le sondage, toi aussi ?
l'essentiel de ma lutte depuis quinze ans pourrait se résumer ainsi :
pistage de l'occultisme, sous toute ses formes. Donc du sondage (voir mon article
sur les statistiques en 1997 dans la Parole Vaine N°12: "Les statistiques
ne produisent chez les imbéciles que l'orgueil d'être imbécilement
nombreux ; chez les autres, le désespoir des statistiques et du pouvoir
qu'elles exercent contre eux. Chez les statisticiens, le sentiment d'avoir fait
du bon travail. Nous vivons dans un monde où un homme veut savoir si
son voisin pense avant de s'autoriser à penser. Factuellement, c'est
la négation même de la pensée...") Alors? J'évoque
aujourd'hui des informations personnelles, ce qui veut dire, clairement: de
personne à personne. Ce qu'elles me disent souffrent mal la réinterprétation,
tu en aurais tiré les mêmes
constatations (je n'ai pas dit: "conclusions")
* Lepen dit qu'il est victime de racisme anti-français, qu'on le met
dans un ghetto, qu'on veut mettre ses électeurs dans des camps, qu'on
veut le brûler sur la place publique: ce sont des citations exactes, glanées
par moi, qui expriment simplement le programme qu'il veut appliquer à
ses victimes.
----- Original Message -----
From: "lldemars"
Sent: Wednesday, April 24, 2002 2:26 PM
Subject: Re: [terrier] petite biblio
>Voir également les rapports du FN dans lesquels,
parexemple, on trouve des équations sans appel: 300 000 délitsen
1998 en préface du rapport sur l'immigration pour Lepen, 300 000 immigrés
clandestins dans le rapport deMartinez... etc
Ce rapport, dans le cadre du front national a une histoire éditoriale
régulière, sous d'autres mains: je dispose (pour ceux dont sa
consultation les intéresse) du Rapport Milloz publié en 1990 (Centre
d'études et d'argumentaires du F.N., éditions nationales, tiré
à 1000 ex) fondé sur ces mêmes équations. Au bout
du compte, après 60 pages aussi ésotériques qu'absurdes
de tableaux, de calculs idiots, l'auteur chiffre avec précision le "coût
de l'immigration" (texto: "solde en faveur des étrangers: 211 millards)
Je propose ceci: en france, 2 millions de protestants, 2 millions de charcutiers.
Protégeons les protestants pour préserver le saucisson.
----- Original Message -----
From: "Benoît Delaune"
Sent: Wednesday, April 24, 2002 5:00 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national - tentatives dedéfinitions - merci
benoit
lldemars a écrit :
> chers colistiers, j'espère être clair dans ce courrier, et,
d'une certaine manière, y résumer tout ce qui chaotiquement définit
mes participations à ce fil de discussion; c'est un peu long, il ne peut
pas en être autrement.
Pas eu le temps le lire complètement ton message, mais à première
vue je suis entièrement d'accord. N'empêche que le problème
réside dans le fait que la plupart des
gens ne se servent du mot "fascisme" que comme d'une coquille vide bien réconfortante
pour ne pas se poser les bonnes questions. Et j'ai peur qu'en utilisant ces
termes
sans les expliquer (on ne peut pas à chaque fois envoyer des explications
de 50 pages !) on ne participe à cette approximation dangereuse. C'est
tout ce que je dénonce,
maladroitement évidemment puisque je n'ai pas d'énormes connaissances
des discours hitlériens et fascisants. En tout cas bravo à toi
et à Julien pour ces mises au point
essentielles et salutaires.
PS : mon allusion au Kali Yuga était ironique, je sais bien que ta vision
de l'histoire n'est pas si réduite ! Mais il manquait qqs explications
à la tonalité de ton
messaeg. C'est réparé.
B.
----- Original Message -----
From: "Francois Coquet"
Sent: Wednesday, April 24, 2002 10:44 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national
>>>>>>>>>> pour répondre
..... >>>>>>>>>>>> a vérifier ....
mais sans
surprise..
-----Message d'origine-----
Objet: TR: Qui a dit...
Qui a dit il y a quelques heures "je suis socialement de gauche,économiquement
de droite et nationalement de France" ?Bon et bien, on sait maintenant sur quel
"Que sais-je" il a potassé sondiscours...
----------------------------------------------------------------
"Unser National Sozialismus ist die Zukunft Deutschlands. Trotz diese Zukunft
wirtschaftlich rechts-orientiert wird, werden unsere Herzen links orientiert
bleiben. Aber vor allem Werden wir wir niemals vergessen, dass wir Deutschen
sind."
A.Hitler, 29 novembre 1932, discours de clôture du congrès annuel
du NSDAP (National Sozialistisches Demokratisches Partei)
(snip)
Edifiant autant qu'effrayant...
Et presqu'autant que faux ? En tout cas, prononcer ce discours le jour de la
naissance de Chirac, c'était pour le moins visionnaire. Mais je n'ai
pas trouvé de date de Congrès du NSDAP en 1932.
Heureusement qu'on ne cède pas à l'affolement et qu'on se retient
avant de propager des rumeurs.
Au passage : merci de ne pas prendre les hôtes du terrier pour des crétins,
et de nous épargner la biblio des pontes FN: on est au courant qu'ils
sont très méchants, merci, et ce n'est pas de ça qu'il
s'agit de débattre.
François (noyé sous le courrier en revenant de la manif, et un
peu irrité)
----- Original Message -----
From: "Eric Loillieux"
Sent: Thursday, April 25, 2002 12:28 AM
Subject: [terrier] A la source, fontaine...
>"Quand j'entends le mot Culture, je sors mon révolver".
Me doutant que d'aucuns hésiterons à payer de leurs deniers pour
aller à la source (d'autant plus que le site est lent en ce moment, beaucoup
plus que
d'habitude), je ne résiste plus à le fournir à domicile
(en digest, tout de même):
LE GÉNOCIDE CULTUREL
Dans le carré diabolique de la destruction de la France menée
par les politiciens de l¹Établissement, après l¹extinction
biologique (la dénatalité française), la submersion migratoire
(l¹immigration de peuplement), la disparition de la Nation (l¹euromondialisme),
le quatrième côté est celui du génocide culturel.
Depuis près de quatre décennies (en fait, depuis la ³culture
Malraux², qui ne renia jamais son engagement marxiste), la civilisation
française, chef-d¹¦uvre patiemment construit au cours des
siècles et mondialement reconnu, y compris par des peuples à qui
nous opposaient des conflits violents, est systématiquement détruite.
Cette entreprise de liquidation de nos racines spirituelles et naturelles vise
à rendre amnésiques les Français sur leur propre sol. Notre
pays est sa cible principale, parce que sa civilisation élève
l¹homme et fait rempart à la barbarie.
³CIVILISATION² OU ³CULTURE² ?
Alors que le budget du ministère de la Culture n¹a jamais été
aussi élevé et que son action est relayée par les collectivités
locales, la civilisation française, enracinée dans le temps et
dans l¹espace, est subvertie dans son contraire : la culture mondiale de
masse. Le glissement du terme ³civilisation² au terme ³culture²
n¹est pas indifférent.
La ³civilisation² est à la fois état et mouvement. Elle
est état en ce sens qu¹elle forme un tout ordonné, produit
du Beau, du Bien et du Vrai dans tous les ordres de l¹activité humaine
: la civilisation française est autant dans sa gastronomie que dans ses
cathédrales, dans l¹harmonie de ses paysages (pour autant qu¹ils
n¹aient pas été normalisés par l¹agriculture
PAC) que dans la perspective des jardins de Versailles. (...) : la poésie
d¹un Chénier répond à celle d¹un Villon comme
Degas fait écho à La Tour et Ravel à Couperin.
La ³culture² au sens actuel, n¹est absolument pas le produit
d¹un ordre qui vise l¹excellence. (...). Il ne suffit pas de décréter
que tout est ³art² pour que cela en soit. La ³culture Lang²,
qui en est l¹archétype, refuse toute idée de Beau, toute
hiérarchie, toute propension de l¹activité artistique à
élever l¹âme et l¹esprit : elle mettra sur le même
plan, Mozart et le rap, les colonnes de Buren et le vitrail de Chartres... avec
une préférence pour ce qui est reconnu par l¹État.
La civilisation fait du Beau l¹étalon de toute production de l¹esprit
et de la main, la ³culture² sacralise la laideur ou le non-sens, voire
le régressif ou le sordide. D¹où sa dernière caractéristique
: le totalitarisme.
La civilisation, fruit du Beau objectif, autorise une grande liberté
de création, parce que les pouvoirs publics en reconnaissent et en respectent
les fondements. L¹empereur Auguste, les Médicis, Louis XIV, par
exemple, tous personnages à la forte personnalité et très
conscients de leur prestige, se sont entourés d¹artistes dont ils
ont encouragé le génie... mais qu¹ils ont laissé librement
créer. La culture subventionnée par l¹État culturel,
selon l¹expression de Marc Fumaroli, ne reconnaît que ce qu¹elle
subventionne et ne délivre de brevet d¹existence qu¹à
ce qu¹elle contrôle. La civilisation sublime la liberté du
créateur, la ³culture² impose à l¹artiste l¹uniformité
totalitaire.
(Programme officiel du FN, volet culture)
...à vos pinceaux, m'ssieurs-dames!
Ce n'est que l'intro, suivent des considérations non-dénuées
d'intérêts sur les "Jumbistes" déjà fort maltraités
ici même.
A remarquer que Jean-Marie fait éloge de Ravel, d'où ma surprise
quand j'appris la politique d'Orange à son égard.
Eric L., de retour plus tôt que prévu malheureusement.
----- Original Message -----
From: "lldemars"
Sent: Thursday, April 25, 2002 1:12 AM
Subject: Re: [terrier] deuil national. Simple bibliographie?
>la naissance de Chirac, c'était pour le moins
visionnaire. Mais je n'ai pas trouvé de date de Congrès du NSDAP
en 1932.
où as-tu cherché?
J'ai pour ma part trois rayonnages d'une bibliothèque de 120cm consacrés
à la guerre 39 45, ses origines, ses conséquences, allant des
analyses microscopiques ("la psychothérapie sous le troisième
Reich" ou "le cinéma nazi") aux grands ouvrages généralistes;
et je serais bien en peine de savoir ou chercher dans ce merdier la liste et
le compte-rendu des congrès du NSDAP (dont les 3/4 se tinrent dans des
brasseries) et d'en lire l'intégralité pour y retrouver une phrase
(dont le sens n'est, au fond, que le raccourci qui conduisit Hitler des mouvements
de gauche révolutionnaire - le "AP" de NSDAP signifie "Arbeiterpartei,
c'est-à dire Parti des ouvriers - à l'établissement du
programme national-socialiste dont le système économique droitier
est décrit point par point dans "la destruction des Juifs d'Europe" de
R. Hilberg). Je suppose, si cette phrase a été prononcée
telle quelle, qu'elle est, comme toutes les sentences qui émaillent les
discours d'Hitler jusqu'à la fin du Reich, un découpage dans sa
somme de 1925: or, je l'ai sous les yeux, "Mein Kampf" fait 684 pages (fac similé
N.E.L.). Donc, question: où as-tu cherché?
>Au passage : merci de ne pas prendre les hôtes
du terrier pour des crétins, et de nous épargner la biblio des
pontes FN: on est au courant qu'ils sont très méchants, merci,
et ce n'est pas de ça qu'il s'agit de débattre.
François: j'ai passé plus de trois heures à rédiger
ce qui me semble être une tentative nécessaire de dégager
les invariants de l'identité nationale-socialiste. Je suppose que seule
la volonté de t'en épargner la lecture (pourquoi pas, personne
n'est obligé de se taper mes pensums philosophiques, je te le concède)
peut expliquer une caricature aussi rapide de ce qui circule en ce moment sur
la liste.
La distance avec les jugements à l'emporte-pièce et le recours
à l'expression passionnelle est justement ce qui nous distingue des électeurs
qui choisissent la voie du front national.
Selon toi, de quoi s'agit-il de débattre, si l'on refuse de définir
exactement à quoi et à qui on a affaire? Mon travail ne vise pas
à déterminer s'ils ont choisi le mal ou pas (c'est plutôt
entendu) mais à déterminer ce qu'ils sont et ce qui les unit à
la fois entre eux et avec le national-socialisme.
L.L.d.M.
----- Original Message -----
From: "lldemars"
Sent: Thursday, April 25, 2002 1:44 AM
Subject: Re: [terrier] A la source, fontaine...
> LE GÉNOCIDE CULTUREL
[...]
> La ³culture² au sens actuel, n¹est absolument pas le produit
d¹un ordre qui vise l¹excellence. (...). Il ne suffit pas de décréter
que tout est ³art² pour que cela en soit. La ³culture Lang²,
qui en est l¹archétype,refuse toute idée de Beau, toute hiérarchie,
toute propension de l¹activité artistique à élever
l¹âme et l¹esprit etc.
Mein Kampf, en substance, pp. 257-264 paragraphe "le bochevisme dans l'art"
(ici"en fait, depuis la ³culture Malraux², qui ne renia jamais son
engagement marxiste"), à paragraphe "les batiments monuments d'autrefois"
- Nouvelles Éditions Latines, fac-similé de l'édition originale
française. Dois-je vous les retaper, vraiment? Les termes sont évidemment
différents, les structures institutionnelles l'étaient. Pour le
reste...
>A remarquer que Jean-Marie fait éloge de Ravel,
d'où ma surprise quand j'appris la politique d'Orange à son égard.
"Déjà précocement révolutionnaire en politique,
je ne tardai pas à le devenir aussi en matière d'art" (p.28, op.cit.)
Et puis Munich, juillet 37, exposition de l'art dégénéré
(Entartete Kunst)
Là encore je n'insiste pas pour appuyer les analogies conséquentielles
- le goût lepeniste pour la citation de son modèle -, mais bien
pour souligner une fois de plus l'adéquation principielle de l'un à
l'autre : la substance identique. Le front national n'a rien de neo dans son
nazisme, il n'est pas une filiation mais le même organisme dont la fin
d'une guerre n'a pas entraîné la mort. Ce sont les alliés
et les Juifs qui ont perdu la guerre, qui s'y sont perdus.
L.L.d.M.
----- Original Message -----
From: "Franck Laurent"
Sent: Thursday, April 25, 2002 9:40 AM
Subject: FN
Le président du Front national l'a dit et le revendique encore <<...OLE_Obj...>>
LE MONDE | 02.02.02 | 12h16
En décembre 2001, Français d'abord, l'organe du Front national,
a publié, sous le titre "Le Pen avait, a, aura, raison", un abécédaire
de phrases prononcées par Jean-Marie Le Pen au cours de sa carrière
politique et qu'il revendique encore aujourd'hui. Une façon de montrer
qu'il n'a pas changé. En voici des extraits.
Avortement : l'avortement massif est aussi une forme de génocide, les
foetus (...) on les brûle dans des crématoires. ("L'Heure de vérité",
13 février 1984.)
Europe : l'Europe de Maastricht c'est l'Europe du capital, pour le capital par
le capital. Oui à l'Europe des patries, des nations, des Etats. Oui à
une monnaie commune, symbole de la coopération fraternelle des Européens.
Mais alors mille fois non à la monnaie unique. (Discours du 1er mai 1998.)
Famille : les femmes sont investies d'une mission fondamentale, tant sur le
plan individuel que collectif : transmettre la vie et éduquer les enfants.
(L'Espoir, éditions Albatros, 1989.)
France : dirigeants politiques de bords différents, puissances médiatiques,
lobbies internationaux, prétendues autorités morales (...) paraissent
ligués pour organiser et hâter la disparition de notre peuple,
de ses racines, de son histoire, de sa culture, de ses fastes glorieux, pour
faciliter l'invasion massive de son sol par tous les laissés-pour-compte
du tiers-monde. ( Français d'abord, janvier 1988.)
Veut-on pour demain une société multiraciale dont on doit savoir
qu'elle débouchera inéluctablement sur une fracture, puis sur
une guerre ethnique ?
(La Grande-Motte, 1996.)
Français : le Front national n'est ni de droite ni de gauche, il est
français. (Saint-Cloud, juillet 1995.)
Immigration : certains nous disent que le retour des immigrés est impossible.
Mais ceux qui disent cela se rendent-ils compte que cela signifie que la France
n'est plus maîtresse chez elle. (Montpellier, 1988.)
Islam : je vois plutôt l'islam d'aujourd'hui comme un risque certain d'éclatement
de la nation et de l'Etat. (Identité n° 6.)
Lobbies : on aurait tort d'oublier le rôle de (...) l'internationale maçonnique
juive du Bnaï Brith. Cette minorité puissante et occulte a choisi
de dresser à l'intérieur du peuple français des barrières
invisibles (...).
Cette secte a réussi à faire accepter aux partis de la droite
classique un pacte dit " républicain" ou plus faussement encore " moral"
qui interdit tout accord avec le Front national. (Lettre de Jean-Marie Le Pen,
février 1992.)
Mondialisation : il s'agit pour une minorité anonyme et conquérante
de mettre en place les institutions et les mécanismes qui permettront
de générer, sans contrôle, les plus grands profits possibles
et de s'attribuer la plus grosse part du revenu de l'activité et de la
peine des hommes.
(Discours du 1er mai 1997.)
Nation : sans la nation et ses structures, [les classes laborieuses, les classes
moyennes et plus généralement ceux qui travaillent] ne seront
bientôt plus que des individus isolés, réduits à
n'être que des consommateurs, des chômeurs, dont la survie dépendra
de la bonne volonté de Big Brother. (Discours du 1er mai 1997.)
Peine de mort : devant le déferlement de crimes qui déshonorent
la France (...),je réclame que le rétablissement de la peine de
mort soit soumis sans retard au verdict populaire. (Discours au BBR, 1985.)
Préférence : j'aime mieux mes filles que mes nièces, mes
nièces que mes cousines, mes cousines que mes voisines. Il en est de
même en politique, j'aime mieux les Français. Et on ne me fera
jamais dire autre chose. ("L'Heure de vérité", France 2, 1984.)
Race : dire que les races connaissent des développements culturels différents,
et donc qu'elles sont inégales entre elles à un moment donné
de l'histoire et à leurs stades respectifs d'évolution, est une
simple constatation. (Colloque du Conseil scientifique sur les origines de la
France, 1996.)
Sida : vous ne vous étonnez pas de voir des tuberculeux dans des sanatoriums.
Mais vous vous étonnez que l'on propose d'isoler des malades du sida,
qui sont terriblement contagieux (...). Il s'agit d'une question excessivement
grave qui met en cause la santé publique, qui met en cause la sécurité,
l'équilibre de la nation. ("L'Heure de vérité", France
2, 6 mai 1987.)
----- Original Message -----
From: "erwan.tanguy"
Sent: Thursday, April 25, 2002 10:09 AM
Subject: [terrier] Fw: Votons avec des gants
Une proposition symbolique pour le 5 mai - pour ceux qui voteront évidemment
!
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AVEC DES GANTS !!
Vous, qui le 5 mai 2000, voterez Chirac la rage au coeur, allez aux urnes avec
des gants. Gants de bricolage, gants de chirurgien, moufles, gants de cuisine
ou de ski.
Que sur toutes les images des élections qui seront tournées en
France ce jour là, soient visibles ces gants, symboles de refus, de dégoût,
de rejet de cette élection de merde.
Que ces gants soient, pour les médias étrangers, pour les archives
télévisées, pour les enfants qui dans dix ans, nous demanderont
où nous étions en 2002, pour les têtes de linottes qui ont
voté le Pen, le signe que nous n'étions pas tous complices.
Relayez cette idée autour de vous, le plus possible, avec ce texte ou
un autre. Parlez-en à vos amis, à ceux qui, comme vous, se sentent
écoeurés.
Le 5 mai 2002, nous voterons avec des gants, parce que nous ne voulons pas nous
salir les mains.
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