SUJET : DEUIL NATIONAL (ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES 2002)


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From: "Jean-Christophe Masson"  
Sent: Thursday, April 25, 2002 3:04 PM
Subject: [terrier] Devons-nous défiler ?


Autre proposition de débat : devons nous défiler d'ici le 5 mai (même si c'est très désagréable de suivre la foule) ?
Oui pour dimanche dernier.
Oui peut-être pour les lycéens qui représentent la relève et qui, pour la plupart, n'ont pas le droit de vote.
Oui sans doute le 1° mai parce que Le Pen est aussi dans la rue bien qu'il pourrait être drôle de déserter les villes et d'aller essayer de convaincre dans les campagnes.
Non dans les autres cas sauf pour se faire plaisir. Je ne suis pas sûr en effet que regarder un défilé donne envie d'aller voter (correctement) à tout le monde.
Oui après le 5 mai quelque soit le vainqueur.
C'est simpliste mais c'est un début de débat ...


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From: "lldemars"  
Sent: Thursday, April 25, 2002 2:15 PM
Subject: [terrier] Re: [terrier] Devons-nous défiler ?


>Oui peut-être pour les lycéens qui représentent la relève et qui, pour la plupart, n'ont pas le droit de vote.

c'est juste

>Oui après le 5 mai quelque soit le vainqueur.

sur quels types de motifs?
Pour ma part, le mode d'expression de la manifestation n'est pas le mien, c'est encore une vision du monde dont le coeur est l'affrontement et le bruit à faire ou à couvrir. Celui de la parole publique peut l'être, dans d'autres structures, ça reste à inventer.
À Rennes sera organisée cette année une fête de la paresse qui, on peut l'imaginer, ayant été décidée avant les élections va prendre un tout autre tour que la rencontre rigolarde prévue (rue de St Malo). J'y lirai des textes, des débats seront organisés, nous verrons bien ce qu'il ressort de tout ça même si je suis dubitatif sur toute forme d'enthousiasme fonctionnant sur le modèle organique de la contagion.

Je sais que pour un mouvement populiste, la réaction violente contre lui d'une bonne partie de ce qu'il aime appeler le peuple est un signe de défaite. Mais les lepénistes se donnent-ils les moyens d'interpréter les manifestations comme ça? Non; le système d'infection par le complot des régnants se maintient en dogme, et les foules sont considérées comme manipulées (c'est un aveu de leur éventuelle manipulabilité sur lequel Lepen devrait rendre des comptes pour être cohérent)

L.L.d.M.


----- Original Message -----
From: "jean-francois savang"
 Sent: Thursday, April 25, 2002 4:46 PM
Subject: [terrier] Re[1] [terrier] deuil national



> Au passage : merci de ne pas prendre les hôtes du terrierpour des crétins, et de nous épargner la biblio des pontes FN: on est aucourant qu'ils sont très méchants, merci, et ce n'est pas de ça qu'il s'agitde débattre.

il n'était nullement dans mon intention de prendre qui que ce soit pour un crétin ou de heurter ton intelligence.
Constater dans le texte des stratégies mises en place pour banaliser une opinion qui veut trop fermement mon bien ne renvoie pas à l'humeur ou au jugement binaire qui ne fait que la distribution morale des bons ou des mauvais points, le "Maranche" des bons et des méchants.
Car il ne s'agit pas, univoquement, de s'apitoyer sur une société qui semble découvrir, à l'instant, qu'elle a eu pendant de longues années (depuis plus longtemps qu'elle ne le laisse croire) un devenir FN, une mauvaise conscience qu'elle pouvait fièrement instrumentaliser et arborer dans son extériorité ou sa marginalité afin, par ailleurs de convaincre de son éthique sociale ou économique, de délimiter un champ de bien-
être officiel. Il n'y a pas ici de procès Le pen à faire, on ne fait pas le procès d'un pantin, (lorsqu'une société stigmatise la monstruosité individuellement c'est souvent pour dissimuler la sienne propre) mais du système qu'il représente et qui déborde largement le cadre du FN qu'ilsoit néo, post ou crypto nazi.
Le fait que le FN nous y fasse penser le - et nous - ramène à son bon souvenir, à la réitération, comme tu le remarques, de peurs mais aussi de fantasmes (surtout pour une société qui semble tant happée par l'ennui et les désillusions de toutes sortes ; elletrouve là le comble de son insécurité). Ce qui apparaît, en tout cas, c'est que le FN porte l'empreinte historique, discursive, idéologique du nazisme, qu'il s'inscrit dans l'historicité de ses idées et de ses stratégies, tout en s'en différenciant, effectivement, puisque son cadre d'existence l'intègre et le conceptualise autrementaujourd'hui.
Ca ne me paraît donc pas inutile de suivre les processus qui mettent en oeuvre la banalisation, par transparence, des idées "fascistes" (faute de mieux et je ne sais pas s'il est nécessaire d'en trouver un autre, puisqu'il trouve là peut-être une reconceptualisation possible) dans des textes dits de droit ou de société qui n'ont que l'autorité du bon sens derrière le sens commun.
Revoir, par exemple "Porcherie" de Pasolini qui montre bien comment l'inscouciance côtoie la monstruosité, comment le passé condamné à prendre unanimement la porte de la culpabilité perdure en s'empressant à la fenêtre de la joie et l'impunité. Le malheur, la pauvreté, le déchet, n'ont ni la valeur de leur sentiment ni celle de leur situation.
Ils ne sont pas même le symptôme des bonnes intentions de certains paysan salsaciens ou de cerains retraités du pays PACA.
Ce que la démocratie a d'alerte repose au fond sur un conflit d'intérêts qui se fout globalement du bien-être individuel. Car le totalitarisme joue, dans le creuset du modèle de la totalisation économique, une fausse transparence, un double fond, laissant le sentiment d'une arrière pensée, qui est la définition même, non pas de l'idéologie pour la démocratie, mais à l'inverse, de la démocratie pour l'idéologie. Instrumentation dont on peut s'indigner, mais dont on ne peut guère être surpris, puisque c'est une forme de pouvoir qu'on connaît bien.
Reste peut-être à remettre en cause notre naïveté et notre manque de vigilance à ce sujet.

jf (qui ne s'irrite plus depuis longtemps de sa connerie ni de celle des autres)


----- Original Message -----
From: "Jean-Christophe Masson"  
Sent: Thursday, April 25, 2002 5:17 PM
Subject: Re: [terrier] Devons-nous défiler ?



>> Oui après le 5 mai quelque soit le vainqueur.
> sur quels types de motifs?


il faudrait faire une réunion.

> Pour ma part, le mode d'expression de la manifestation n'est pas le mien,

Pour ma part, la manifestation n'est pas un mode d'expression mais plutôt un signal à destination de ceux qui ne regarde pas la rue ou qui sont trop loin pour la voir.

> je suis dubitatif sur toute forme d'enthousiasme fonctionnant sur le modèle organique de la contagion.

moi aussi bien entendu.


> Je sais que pour un mouvement populiste, la réaction violente contre lui d'une bonne partie de ce qu'il aime appeler le peuple est un signe de défaite. Mais les lepénistes se donnent-ils les moyens d'interpréter les manifestations comme ça? Non; le système d'infection par le complot des régnants se maintient en dogme, et les foules sont considérées comme manipulées (c'est un aveu de leur éventuelle manipulabilité sur lequel Lepen devrait rendre des comptes pour être cohérent)

Là encore je suis d'accord. Lorsque je parle de défiler après le 5 mai quelque soit le vainqueur. J'entends par là que contre Chirac, ce sera contre un populiste et bien d'autres choses encore (à définir en réunion) et que contre Le Pen, ce sera les barricades (sans trop d'illusions toutefois).

.


----- Original Message -----
From: "FiLH"  
Sent: Thursday, April 25, 2002 3:52 PM
Subject: [terrier] Froid dans le dos...

Entendu tout à l'heure en attendant mon bus : trois jeunes entre 16 et
18 ans environ :
- tu sais le mec qu'ils ont eu en Allemagne à un momment...
- Hitler ?
- Ah oui !

Dans cinq ans ils voteront.

f.g.


----- Original Message -----
From: "Francois Coquet"  
Sent: Thursday, April 25, 2002 4:59 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national. Simple bibliographie?


moi :

>>la naissance de Chirac, c'était pour le moins visionnaire. Mais je n'ai pas trouvé de date de Congrès du NSDAP en 1932.

le lièvre :

>où as-tu cherché?

Ben, je me suis précisément dit que si cette citation était si vite retrouvée (je l'ai reçue 4 fois hier dans les mêmes termes - le genre de chose qui signe assez facilement un hoax), elle ne devait pas être bien difficile à pister, ne serait-ce que sur une page web. J'ai donc googlé avec quelques mots clés, et le manque de référence à un congrès fin novembre 1932 (donc à un moment où le parti nazi était en crise, avec la défection de Strasser, etc...) m'a confirmé dans mes doutes.

La date de naissance de Chirac en prime (ça, ça se vérifie sur Google !), il se trouve que je la connaissais.

Côté rumeurs invérifiables, j'en ai reçu quelques autres hier (dont une annonçant une progression de Le Pen de 2% par jour dans des sondages tenus secrets, évidemment) ; puisqu'on en est aux analogies, il me semble que propager la panique au moyen de rumeurs est typiquement le genre de méthode,euh, bien référencée dans l'histoire des mouvements d'extrême-droite : il est donc nécessaire de s'en passer.
Par ailleurs, il semble que je n'ai pas été le seul à me méfier : ce matin, Libé en parle :
(<http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020425-000003103PRES.html>)

re-moi

>>Au passage : merci de ne pas prendre les hôtes du terrier pour des crétins, et de nous épargner la biblio des pontes FN: on est au courant qu'ils sont très méchants, merci, et ce n'est pas de ça qu'il s'agit de débattre.

re-lièvre :

>François: j'ai passé plus de trois heures à rédiger ce qui me semble être une tentative nécessaire de dégager les invariants de l'identité nationale-socialiste.


Bon, je m'aperçois que, sur le coup de l'énervement, j'ai été inutilement désagréable. Du reste, ce n'est pas spécialement ton texte que je visais, mais une tendance générale à focaliser sur ce référent unique qu'on nous a servi pour Khadafi, Saddam Hussein, Milosevic, Haider, Le Pen, etc... au gré du "méchant" du jour à stigmatiser, et dont la rumeur du jour était le dernier avatar.

Je regrette infiniment d'insister, mais quand je vois propager partout la rumeur sur laquelle j'ai réagi, et qu'elle soit vraie ou fausse, je lis : "vous voyez bien que Le Pen est méchant, puisqu'il utilise une phrase d'Hitler". Outre que, je le répète, je n'ai pas besoin de ce parallèle pour savoir quoi penser de ce personnage, ce type de raisonnement est par ailleurs extrêmement dangereux : qui peut me garantir que je n'ai pas, dans ce message, utilisé une phrase se retrouvant peu ou prou dans ces fameuses 684 pages de Mein Kampf ? Et dans ce cas, qu'est-ce que ça prouve ?

Autrement dit, la phrase que Le Pen a effectivement prononcée est-elle plus grave si elle reprend une formulation d'Hitler ? Et, a contrario, le fait qu'Hitler n'ait jamais rien dit de tel nous indique-t-il que finalement, Le Pen n'est pas si scandaleux que ça ?

Et voilà la face cachée du problème. Si j'étais Le Pen, je lancerais quelques fausses rumeurs, tiens, rien que pour le plaisir de les démentir dans un processus de victimisation qui a déjà fait ses preuves...

François


----- Original Message -----
From: "lldemars"  
Sent: Thursday, April 25, 2002 5:31 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national. Simple bibliographie?


>Autrement dit, la phrase que Le Pen a effectivement prononcée est-elle plus grave si elle reprend une formulation d'Hitler ? Et, a contrario, le fait qu'Hitler n'ait jamais rien dit de tel nous indique-t-il que finalement, Le Pen n'est pas si scandaleux que ça ?



Il me semble que si, comme je tiens à l'éclairer dans mon courrier sur le sujet, le lepénisme est bien un national-socialisme, alors il n'est pas indifférent de savoir s'il cite ses propres sources historiques ou non, et d'essayer de comprendre quand et pourquoi il le fait (d'autant que, je le répète, ces citations par Lepen de textes de A. Hitler, de textes hitlériens, d'images hitlériennes, sont récurrentes depuis 20 ans selon l'état de santé passager du parti: plus il se porte bien, plus les citations sont limpides). Qu'il le fasse ou non est signifiant de modifications dans la perception de l'idéologie nationale-socialiste par notre corps social.

L.L.d.M.


----- Original Message -----
From: "Benoît Delaune"  
Sent: Thursday, April 25, 2002 6:19 PM
Subject: Re: [terrier] Devons-nous nous défiler ?



>> Oui après le 5 mai quelque soit le vainqueur. sur quels types de motifs?
> il faudrait faire une réunion.


Réunion de qui ? de quoi ? Personnellement, je pense qu'après les législatives tout le monde retournera à ses occupations principales : comment maigrir avant l'été ? Où part-on en vacances ? Et la coupe du monde de foot... Je ne crois pas que personne manifeste après cette secousse... et dans 5 ans ça recommencera d'une manière ou d'une autre...

> Pour ma part, la manifestation n'est pas un mode d'expression mais plutôt un signal à destination de ceux qui ne regarde pas la rue ou qui sont trop loin pour la voir.

Je suis d'accord avec toi. C'est pourquoi, après une phase de grosse méfiance (pardon pour ces pauvres "jumbistes" que je dénigre au moins autant que le fn - mais pas pour les mêmes raisons, heureusement) je pense que défiler dans la rue est important - en tant que signal. Donc j'y serai le 1er mai, et avant s'il y a manif de prévue (il y en a 1 samedi, à 14 H dans 3-4 quartiers, les cortèges se retrouveront place de la mairie vers 15 H - 15H30). De toute façon dans tous les cas le fn se débrouille très bien pour diaboliser n'importe quoi et se victimiser n'importe quand.

> > je suis dubitatif sur toute forme d'enthousiasme fonctionnant sur le modèle organique de la contagion.
> moi aussi bien entendu.


Aucun doute là-dessus.

> > Je sais que pour un mouvement populiste, la réaction violente contre lui d'une bonne partie de ce qu'il aime appeler le peuple est un signe de défaite. Mais les lepénistes se donnent-ils les moyens d'interpréter les manifestations comme ça?

> Là encore je suis d'accord. Lorsque je parle de défiler après le 5 mai quelque soit le vainqueur. J'entends par là que contre Chirac, ce sera contre un populiste et bien d'autres choses encore (à définir en réunion) et que contre Le Pen, ce sera les barricades (sans trop d'illusions toutefois).


Mouais... vraiment pas beaucoup d'illusions à avoir...
Juste un mot, bien plus terre-à-terre et à vue courte que l'intéressante analyse de Jean François (désolé !). Entendu aujourd'hui Lorrain de Saint Afrique, ancien directeur de com' de Le Pen qui a retourné sa veste depuis 94. Il fait une analyse intéressante (enfin, en partie) : il considère que Le Pen n'attendait surtout pas cette situation, il le trouve "angoissé" en ce moment. Selon lui Le Pen souhaitait juste talonner Jospin pour pouvoir emmerder Chirac et mettre ce dernier à la retraite par le vote Jospin. De quoi partir en beauté en "tuant" Chirac, et laisser 5 ans au fn totalement désorganisé pour se recomposer, tout en laissant volontairement leur pire ennemi au pouvoir - politique du pire - après moi le déluge dirait l'autre.
Et ce type finissait en faisant le compte des gens "de qualité" (selon les critères de Le Pen) qui pourraient participer à un gouvernement lepéniste : Carl Lang, Martinez, la fille Le Pen, Golnisch (aux affaires culturelles ?), au maximum 7-8... Donc selon lui Le Pen se sent fini et très mal, il est comme "le bélier dont les français se sont servis pour enfoncer la porte des institutions, et qu'ils vont jeter une fois qu'elle le sera ". Et il termine, ce cher Saint Afrique, en évoquant avec angoisse une éventuelle révolution (pauvre chou !)

Analyse à méditer. Ecraser Le Pen maintenant par les urnes pourrait être le moyen de "broyer" (mot de St Afrique) le fn avant que sa structure politique apparemment très malade depuis la scission ne se recompose ? Mais que ferait-on de tous ces électeurs fn frustrés et aigris ?
B.


----- Original Message -----
From: "Julien Pauthe"
Sent: Thursday, April 25, 2002 6:24 PM
Subject: [terrier] Fwd: TR : Communique de l' ADBDP


L'Association des directeurs de bibliothèques départementales de prêt (ADBDP) prend acte avec inquiétude des résultats du premier tour de l'élection du Président de la République française, qui a abouti à la qualification pour le second tour de Jean-Marie Le Pen.

Elle rappelle que son parti, le Front national, ainsi que le Mouvement national républicain qui le soutient pour ce second tour, sont par leur idéologie anti humaniste, mais aussi leurs actes dans les communes dont ils ont la responsabilité, des ennemis déterminés de la lecture publique.

Ils cherchent à faire des bibliothèques publiques des instruments au service de leurs valeurs, réduisent leurs moyens financiers et humains, cessent de recourir à des professionnels pour leur gestion.

La communauté internationale des bibliothécaires s'est émue de ces pratiques et s'est mobilisée pour les faire connaître.

Les bibliothèques publiques sont des lieux de rencontre et de confrontation des hommes, des oeuvres, des idées. Elles sont au service de toute la population sans exclusive. Instruments de la démocratie, elles ont besoin de la démocratie pour développer leurs activités et exercer leurs missions."

Association strictement professionnelle, l'ADBDP considère de son devoir de participer à la mobilisation de l'opinion en vue d'une défaite la plus cuisante possible de Jean-Marie Le Pen, des idées et des pratiques qu'il incarne.

C'est pourquoi elle appelle les bibliothécaires, les usagers des bibliothèques, toutes les électrices et les électeurs français à voter au second tour de l'élection présidentielle pour Jacques Chirac.

L' Association des Directeurs de Bibliothèques Départementales de Prêt



Didier GUILBAUD, Conservateur en Chef

Directeur Départemental des Bibliothèques et de la lecture de touraine Président de l' Association des Directeurs de Bibliothèques Départementales de Prêt Président de l' ABF Centre 165-167, rue des
Douets

37100 TOURS
Tél. 02 47 54 74 02
Fax. 02 47 42 95 39
email. dguilbaud@cg37.fr <mailto:dguilbaud@cg37.fr>


----- Original Message -----
From: "Julien Pauthe"
To: "Le Terrier Liste"
Sent: Thursday, April 25, 2002 6:24 PM
Subject: [terrier] Fwd: TR : Communique de l'ABF


Liberté

L'ABF est une association professionnelle et n'a pas l'habitude d'intervenir dans le débat politique, du moins quand les sujets ne concernent pas directement les bibliothèques.

Les enjeux cette fois ci concernent tous les citoyens y compris en tant qu'usagers des bibliothèques ou professionnels de l'information et de la lecture et il est de notre devoir de rappeler nos expériences de professionnels quand le Front National et ses alliés ont eu ou ont encore la responsabilité de la gestion des bibliothèques municipales.

Cela à amené à chaque fois la remise en cause complète des missions des établissements : Censure des collections, orientations des acquisitions, disparition des professionnels mis dans l'impossibilité d'exercer normalement leur métier par diverses tracasseries ou humiliations remettant en cause leur responsabilité, rendant illusoires toute politique de services aux différentes communautés d'usagers.
L'Association des Bibliothécaires Français est intervenue contre ces agissements, elle a été soutenue en cela par tous les bibliothécaires européens et aussi par le Comité sur la liberté d'accès à l'information et sur la liberté d'expression de la Fédération internationale des associations de bibliothécaires.

L'ABF rappelle la nécessité, le devoir de la collectivité de développer des bibliothèques jouant leur rôle dans la démocratie et la vie politique en mettant à disposition de tous les citoyens des collections à la fois riches et pluralistes, modernes et vivantes, tolérantes et ouvertes aux idées et aux expériences originales. L'ABF rappelle également que la qualité des établissement est toujours dépendante du niveau de l'encadrement par de vrais professionnels, formés, capables de défendre les missions des bibliothèques auprès des élus et des usagers, s'appuyant sur une déontologie qui doit être reconnue.

L'ABF rappelle une fois de plus l'urgence d'une loi reconnaissant les missions des bibliothèques, et le droit des citoyens à un accès à l'information et à la culture, à la formation et aux loisirs à travers les bibliothèques, l'encadrement par des professionnels, le statut particulier des établissements.

L'Association des bibliothécaires français appelle donc tous les usagers des bibliothèques, tous les citoyens à défendre tout simplement leur Liberté.


Gérard Briand

Président de l'Association
des bibliothécaires français

--
Salut et Fraternité

BRIAND Gérard
Président ABF
SICOD-BU BORDEAUX
4, Avenue des Arts
F-33607 PESSAC Cedex
Tel:(33)(0)556848687 fax:(33)(0)556848696
Courriel: g.briand@bu.u-bordeaux.fr <mailto:g.briand@bu.u-bordeaux.fr>
Consultez: <http://www.abf.asso.fr>


----- Original Message -----
From: "rupture"  
Sent: Thursday, April 25, 2002 7:24 PM
Subject: [terrier] Re: [terrier] Devons-nous nous défiler ?



> Personnellement, je pense qu'après les législatives tout le monde retournera à ses occupations principales : comment maigrir avant l'été ? Où part-on en vacances ? Et la coupe du monde de foot...

La résistance a toujours été le fait de quelques-uns. Supposer possible l'adhésion collective au concept de citoyenneté responsable est de mon point de vue absolument illusoire. Et pour minoritaire que soit la contestation, cela n'enlève rien à sa capacité à faire évoluer la société.


> Mais que ferait-on de tous ces électeurs fn frustrés et aigris ?

Là, ce serait supposer que les électeurs du FN le soient par essence. Or, je pense que pour beaucoup, ce vote est une abdication aux passions de leur part irrationnelle. Il n'y a aucune constance à cet état, pas plus chez eux que chez nous. Mais cela implique aussi que ce mouvement puisse enfler, plus encore qu'aujourd'hui. Pure supposition, la raison peut regagner les esprits. Je le répète, l'affirmation définitive que le sort ce l'humanité est déjà joué vaut tout autant que les commentaires d'une cartomancienne.
Mais la nature humaine nous oblige cependant à une vigilance éternelle (et ceci n'est pas un vain mot).

Amicalement,

Marc


----- Original Message -----
From: "Benoît Delaune"  
Sent: Thursday, April 25, 2002 10:11 PM
Subject: Re: [terrier] Re: [terrier] Devons-nous nous défiler?



> Là, ce serait supposer que les électeurs du FN le soient par essence. Or, je pense que pour beaucoup, ce vote est une abdication aux passions de leur part irrationnelle. Il n'y a aucune constance à cet état, pas plus chez eux que chez nous. Mais cela implique aussi que ce mouvement puisse enfler,


Je m'exprime mal dans ma question avec ce "on" maladroit et avec ce "les électeurs fn" qui ne veut rien dire en soi, c'est vrai.
Ce que tu dis est exactement ce que je voulais dire. On n'est pas "par essence" fn. Mais un "broyage" du fn ne risque-t-il pas, finalement, de renforcer la légitimation pour certains des électeurs de dimanche de discours irrationnels ?
Le fn cassé ne signifie pas la fin du problème de son électorat traditionnel comme ponctuel (c'est une lapalissade).
Et Mégret là-dedans ? Sans vouloir faire aucun pronostic hasardeux et illusoire, pourquoi ne prendrait-il pas la tête d'un post-fn ? Est-il si écrasé que ça par son score minable ? Son look berlusconien étudié pourrait le rendre crédible, plus "propre" pour certains. Attendons de voir le rapprochement fn/mnr qui est en train de s'opérer.

> Pure supposition, la raison peut regagner les esprits. Je le répète, l'affirmation définitive que le sort ce l'humanité est déjà joué vaut tout autant que les commentaires d'une cartomancienne.

Tiens, on n'entend pas Elizabeth Tessier ces jours-ci. Elle aurait sans doute d'excellentes analyses à proposer...
Je reviens en passant sur le programme culturel du fn : Ont-ils vraiment lu Villon ? Ils ne confondent pas plutôt avec un grand poète actuel, Charles Millon ?
B.


---- Original Message -----
From: "rupture"  
Sent: Friday, April 26, 2002 2:15 AM
Subject: [terrier] Devons-nous nous défiler?


> Mais un "broyage" du fn ne risque-t-il pas, finalement, de renforcer la légitimation pour certains des électeurs de dimanche de discours irrationnels ?

Je me pose effectivement la même question. Comme l'a souligné Laurent, la foule est passionnelle et je ne doute pas qu'elle puisse en effrayer plus d'un. Du coup, j'imaginais la situation inverse, les rues ouvertes à la seule manifestation FN. Personnellement, ça me foutrait une trouille de tous les diables qui me pousserait plutôt deux fois qu'une vers les urnes. Mais qu'en est-il chez les autres, pas le moindre début d'idée. Peut-être qu'un petit précis sur les manifestations anti-nazies dans les années 30 et leurs répercussions (non, celles-là, on les connait) nous éclaircirait les idées. Laurent, Julien, siouuuuuuplait.

Le problème, c'est que ça nous entraîne aussi sur le terrain glissant de la manipulation. Comme tout le monde, j'ai un désir ardent de leur faire ravaler leur putain de sourire mais ne serait-il pas préférable que nous nous focalisions principalement sur notre dialogue de proximité, leur seul que nous puissions véritablement contrôler ?


> Ont-ils vraiment lu Villon ?

Hitler a-t-il lu Nietzsche ? Sans aucun doute mais de travers.

Amicalement,

Marc


----- Original Message -----
From: "Jean-Christophe Masson"  
Sent: Friday, April 26, 2002 10:11 AM
Subject: Re: [terrier] Devons-nous nous défiler ?


> Réunion de qui ? de quoi ? Personnellement, je pense qu'après les législatives tout le monde retournera à ses occupations principales : comment maigrir avant l'été ? Où part-on en vacances ? Et la coupe du monde de foot... Je ne crois pas que personne manifeste après cette secousse... et dans 5 ans ça recommencera d'une manière ou d'une autre...

Je ne peux qu'être d'accord avec cela , hélas. Ma réponse désabusée était plus un constat d'impuissance (je ne crois pas trop aux réunions).
Ma proposition initiale se voulait plus théorique que réaliste


----- Original Message -----
From: "Julien Pauthe"  
Sent: Friday, April 26, 2002 8:29 AM
Subject: [terrier] Rep:[terrier] Devons-nous_nous_défiler?



>Hitler a-t-il lu Nietzsche ? Sans aucun doute mais de travers.


Il y a vraiment du déroutant dans ce "programme culturel" du FN : rayon théâtre il se plaignent de ne jamais voir jouer des pièces de Michel Vinaver, dramatuge contemporain régulièrement à l'affiche, engagé dans la lutte contre Haider... et qui se trouve bien embarrassé de ce soutien complètement impromptu du FN.
Attention à qui vous plaisez... Pour Villon, je pense que seul l'aspect patrimonial ("culturel") du nom les attire : je ne vois rien de commun entre le poète voyou, acharné à sortir des cadres mentaux et matériels que lui réservaient son époque, son milieu de clercs et les encenseurs de la tradition et de l'immobilisme social, culturel et biologique. Sa lecture (mais il est très difficile à lire) devrait définitivement guérir un individu du virus grégaire.

Julien


----- Original Message -----
From: "Thierry Bouche"  
Sent: Friday, April 26, 2002 8:36 AM
Subject: Re: [terrier] Rep:[terrier] Devons-nous_nous_défiler?


JP> Attention à qui vous plaisez... Pour Villon, je pense que seul l'aspect patrimonial ("culturel") du nom les attire : je ne vois rien de commun entre le poète voyou, acharné à sortir des cadres mentaux et matériels que lui réservaient son époque, son milieu de clercs et les encenseurs de la tradition et de l'immobilisme social, culturel et biologique. Sa lecture (mais il est très difficile à lire) devrait définitivement guérir un individu du virus grégaire.


Mais si , ç't'évident, la balade du pendu est une ode à la peine de mort !
(et puis caser les les textes en argot homosexuel dans leur programme, ça lui donne un peu de panache -)

Au fait, c'est quoi un texte très difficile à lire ? un texte mal imprimé ?

Thierry


----- Original Message -----
From: "Julien Pauthe"  
Sent: Friday, April 26, 2002 8:46 AM
Subject: [terrier] Rep:[terrier] Devons-nous_nous_défiler?


>Peut-être qu'un petit précis sur les manifestations anti-nazies dans les années 30 et leurs répercussions (non, celles-là, on les connait) nous éclaircirait les idées.


Je crois que le degré de violence (et de tolérance à la violence) n'était pas du tout le même à l'époque, en France et plus encore en Allemagne. De plus l'Allemagne n'a pas connu de "front républicain" pour barrer la route à Hitler, que tous les hommes politiques et les journalistes prenaient pour un guignol de passage. La rue s'est donc trouvé livrée aux SA et aux services d'ordre communistes, spartakistes (du moins ce qu'il en restait...) et anarchistes. Rude choc. Evidemment instrumentalisé par le NSDAP (avec élévation de ses victimes au rang de martyrs, etc), dans une démarche dont un point d'orgue fut l'incendie du Reichstag.
La présente situation, quant à la rue et à son usage, n'a rien à voir : les manifestations rassemblent largement au-delà de l'extrème gauche et ni elle ni personne n'appelle à la violence contre le FN (à part les deux trois jeunes excités qu'on croise dans chaque manif). Il y aura, il y a déjà, des tentatives d'instrumentalisation venues du FN. Le seul moyen de les contenir est de conserver aux manifestations leur caractère ouvert et non-violent.

Julien


----- Original Message -----
From: "lldemars"  
Sent: Friday, April 26, 2002 10:45 AM
Subject: [terrier] Re: [terrier] Devons-nous nous défiler?


> Mais un "broyage" du fn ne risque-t-il pas, finalement, de renforcer la légitimation pour certains des électeurs de dimanche de discours irrationnels ?

Tu ne peux pas, dans la même phrase, articuler la logique (si nous avons cette cause, quel sera son effet) en faisait l'aveu de l'irrationnalité de ton objet. On ne dialogue pas rationnellement avec l'irrationnel: ce qui me distingue d'un membre du FN, c'est que je le hais pour ce qu'il fait, et que lui me hait pour ce que je suis. D'un côté, la souplesse des rapports et des actes, modulable, de l'autre le monolithisme de l'essence et du fantasme. Cessons de dandiner du croupion en vous demandant: "et si on fait ça, est-ce que le FN va pas faire ça?", parce que la question est absurde. Exemple: personne ne défile= le FN est légitime, tout le monde l'accueille favorablement tout le monde défile= les socialo-droitistes cohalisés manipulent les foules

>Mais qu'en est-il chez les autres, pas le moindre début d'idée. Peut-être qu'un petit précis sur les manifestations anti-nazies dans les années 30 et leurs répercussions (non, celles-là, on les connait) nous éclaircirait les idées.

pour en rendre compte, les modes de manifestation étant très différents à cette époque, il faudrait tracer un portrait assez long de ce qui précède l'arrivée au pouvoir d'Hitler et la façon dont la gauche se désorganisa terriblement (inconciliabilité en le KPD - coco- et les sociaux-démocrates) après les élections partielles de 1927 à 29 et, surtout, après le crach. Je ne suis pas du tout d'accord avec Julien lorsqu'il dit "pour barrer la route à Hitler, que tous les hommes politiques et les journalistes prenaient pour un guignol de passage."; en effet, c'est l'incapacité à enrayer la montée d'Hitler (37,2% des voix au Parlement d'Oldenbourg en mai 1932 pour un parti anti-parlementaire) qui décida Brüning, le malheureux chancelier et médiocre calculateur de l'époque, à conduire pas à pas Hitler à la chancellerie pour éviter qu'il ne se trouve face à face avec Hindenburg, le vieux président du Reich. Comme si une manoeuvre politique jouée aujourd'hui visait à faire de Lepen un premier ministre pour éviter d'en faire un jour un président....

>Comme tout le monde, j'ai un désir ardent de leur faire ravaler leur putain de sourire mais ne serait-il pas préférable que nous nous focalisions principalement sur notre dialogue de proximité, leur seul que nous puissions véritablement contrôler ?

Je pense que oui; mais c'est raisonnable. Et je ne sais pas non plus s'il faut être raisonnable.


L.L.d.M.


----- Original Message -----
From: "lldemars"  
Sent: Friday, April 26, 2002 10:52 AM
Subject: [terrier] Re: [terrier] Rep:[terrier] Devons-nous_nous_défiler?


>ni elle ni personne n'appelle à la violence contre le FN (à part les >deux trois jeunes excités qu'on croise dans chaque manif).

la manifestation, il faut le croire, est un organisme moins responsable et moins violent que ceux qui la composent : le slogan d'hier pour celle qui traversa le centre de Rennes (et, je l'imagine, pour toutes les autres, le manque total d'inventivité et le goût pour les babioles sémiotiques etant les choses les mieux partagées du monde) était: "Lepen, salaus, le peuple aura ta peau".
C'est pas "rien", avoir la peau de quelqu'un , le dire, se réunir pour le lui dire.
C'est pas rien non plus de se balader à plusieurs et de se désigner pour "le peuple". S'il existe le peuple, alors, j'en suis pas, moi? Qu'est-ce qui m'en écarte, brusquement?

>Le seul moyen de les contenir est de conserver aux manifestations leur caractère ouvert et non-violent.

Est-ce qu'il n'y a pas oxymore entre manif et non-violent, au fond? Je ne vois pas de solution "sensée" à cet impossible dialogue. Conclusion? Ben c'est que le sens est ce qui est visé, non?

L.L.d.M.


----- Original Message -----
From: "caro"  
Sent: Friday, April 26, 2002 11:25 AM
Subject: [terrier] Re: [terrier] Re: [terrier] Devons-nous nous défiler?


> On ne dialogue pas rationnellement avec l'irrationnel: ce qui me distingue d'un membre du FN, c'est que je le hais pour ce qu'il fait, et que lui me hait pour ce que je suis. D'un côté, la souplesse des rapports et des actes, modulable, de l'autre le monolithisme de l'essence et du fantasme.

Certes, on ne peut pas débattre avec leurs membres, parce qu'ils disqualifient tout discours.
Par contre, il faut, à mon sens, parler à ses électeurs (qui ont voté pour lui pour des raison très très diverses, souvent contradictoires entre elles), diffuser et expliciter son programme pour en dégager l'ineptie.
C'est très facile.
Je pense qu'une de mes responsabilités en ce moment, consiste à ne pas me laisser envahir par la colère, ou l'envie d'en découdre. Ce n'est pas le mépris, la haine, les menaces qui vont permettre à ceux qui ont "fait" ce vote parce qu'ils sont eux-mêmes identifiés à de la merde, de se décaler par rapport à leur propre haine.
Je viens de passer 1/2 heure avec un type qui avait manifestement voté Le Pen mais qui n'était pas très à l'aise avec ça ("of il n'est pas vraiment raciste"/ "de toutes façons, il ne sera pas au pouvoir") et que j'ai même réussi à faire rigoler en démontant économiquement son programme : ne serait-ce que retirer la France de l'Europe nous conduit à la ruine (détruire les euros, refaire des francs, guerre commerciale avec tous les pays avec lesquels nous avons signés des accords économiques et qui seraient surtaxés...) ! Suppression de l'impôt sur le revenu, et sur les successions, baisse de l'impôt sur la fortune, hausse de la tva, développement des fonds de pension pour les retraites, etc etc etc, que des trucs qui devraient convaincre les désespérés de la misère ! Même le fameux débat sur l'insécurité n'est pas si difficile à tenir si on glisse rhétoriquement sur le terrain de la méfiance : c'est elle qui est en hausse, et le sens du civisme, la solidarité dans les quartiers qui baissent ! Je ne suis pas forcément fière d'avoir à admettre des prémisses contre lesquelles je me bats d'habitude, pour pouvoir discuter, comme par exemple le mythe de l'âge d'or, mais ça, on verra plus tard.
Prenez n'importe quel point du programme frontiste, selon les préoccupations de votre interlocuteur. Tout est démontable très facilement.

caro


----- Original Message -----
From: "lldemars"  
Sent: Friday, April 26, 2002 11:34 AM
Subject: [terrier] Re: [terrier] Devons-nous nous défiler?


>Je ne suis pas forcément fière d'avoir à admettre des prémisses contre lesquelles je me bats d'habitude, pour pouvoir discuter, comme par exemple le mythe de l'âge d'or, mais ça, on verra plus tard.
Prenez n'importe quel point du programme frontiste, selon les préoccupationsde votre interlocuteur. Tout est démontable très facilement.



Quelle énergie, quel courage! Mais ça vaut sans doute le coup, va savoir. Reste à trouver dans notre entourage des gens qui pourraient voter Lepen... Mais où je vais aller chercher des zozos pareils, moi?

L.L.d.M.


----- Original Message -----
From: "lldemars"  
Sent: Friday, April 26, 2002 11:38 AM
Subject: [terrier] Re: [terrier] Re: [terrier] Re: [terrier] Devons-nous nous défiler?


>Je viens de passer 1/2 heure avec un type qui avait manifestement voté LePen mais qui n'était pas très à l'aise avec ça ("of il n'est pas vraimentraciste"/ "de toutes façons, il ne sera pas au pouvoir") et que j'ai mêmeréussi à faire rigoler en démontant économiquement son programme :


et s'il avait été raciste ton électeur, comme tout le monde? Tu l'aurais fait rigoler avec quoi? Une blague Juive suivi d'une blague antisémite?


L.L.d.M.


----- Original Message -----
From: "caro"  
Sent: Friday, April 26, 2002 11:42 AM
Subject: [terrier] Re: [terrier] Re: [terrier] Devons-nous nous défiler?


>> Reste à trouver dans notre entourage des gens qui pourraient voter Lepen...
> Mais où je vais aller chercher des zozos pareils, moi?


les bistrots, les quartiers.
c.


----- Original Message -----
From: "Elisabeth Çatçoury"  
Sent: Friday, April 26, 2002 11:51 AM
Subject: [terrier] RE: [terrier] Re: [terrier] Re: [terrier] Devons-nous nous défiler?


Les étudiants de science-po semblent se mobiliser pour aller au sein des quartiers démonter le programme du Front national.
voici l'article de Ouest-France ce matin

"« Démonter le programme du FN »

A ce stade, six groupes de travail ont été constitués. Leurs objectifs ? « Démonter le programme du Front national, passer au crible les médias et le discours sécuritaire, voir l'avenir des institutions et du régime, faire ressortir les causes profondes du résultat des urnes, se mobiliser pour un vote responsable et prendre contact avec le milieu associatif pour des relais et un travail en commun. » Le début de la restitution a eu lieu, dans l'amphi Érasme, avec approbation ou non à mains levées des propositions, dès jeudi en fin d'après-midi. Non sans un rappel sur la personnalité controversée du leader du FN à propos, entre autres, de sa déclaration sur les « chambres à gaz » d'Hitler vues, par lui, comme un « point de détail » de l'Histoire. Des déportés sont encore vivants, ô liberté, pour témoigner.

Les jeunes de Sciences-po veulent maintenant aller à la rencontre des habitants, dans les quartiers populaires, afin de faire passer le message de tous les démocrates. Celui d'une France des valeurs universelles. "


----- Original Message -----
From: "caro"  
Sent: Friday, April 26, 2002 12:24 PM
Subject: [terrier] Re: [terrier] Re: [terrier] Re: [terrier] Re: [terrier] Devons-nous nous défiler?



> et s'il avait été raciste ton électeur, comme tout le monde? Tu l'aurais fait rigoler avec quoi? Une blague Juive suivi d'une blague antisémite?

De quoi tu me parles ?
Franchement, je ne crois pas possible pour moi en ce moment de discuter avec un raciste frontalement de ça, si je puis dire. Nerveusement, je ne peux pas.
Je ne suis pas d'un optimisme béat, je pense comme toi que le 2e tour n'est pas gagné d'avance si j'écoute les (de plus en plus nombreux ) appels à l'abstention dûs au raisonnement "arithmétiquement ce n'est pas possible, alors je ne vais pas me salir les mains." Comme si c'était possible de ne pas avoir les mains sales ! Les actes, on les "commet" toujours, même s'ils consistent à ne rien faire
Ce que peut nous apprendre la psychanalyse ne me donne vraiment pas envie de rigoler, à savoir que le sursaut citoyen actuel sera refoulé (quand ? pronostic : pas dans longtemps), et que le racisme continuera de grimper sans doute (cf. mon courrier privé à l'instant sur les frontières soi/autre).
En tous cas, cliniquement, on traite autrui comme on se sent traité : ça donne une idée de la position subjective de ces électeurs. Ça fait peur, et ça fait mal.

Je fais ce que dois en fonction de ma responsabilité, que, tout comme chacun, je suis seule à mesurer, même si elle engage d'autres que moi. Car l'acte d'un seul engage collectivement la société dans laquelle il vit, c'est mon point de vue.
Et je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas rire, même désespéré ! Je ne stigmatise pas la joie dans les rues, en ce moment, même si je n'y participe pas (dimanche et le 1er mai, ça me paraît suffisant en ce qui me concerne) : c'est toujours ça de gagné sur la haine (qui par ailleurs comme Laurent tu l'as fait remarquer, est aussi présente dans ces manifs à travers certains slogans).
Il paraît qu'on baise jamais mieux que dans les périodes de crise (témoignages ?).
Le rire, la joie, l'ironie sont plus que nécessaires.
Tiens, ça me rappelle une anecdote de l'histoire psy : Freud, qu'un communiste essayait de convaincre que l'avènement du bolchévisme amènerait quelques années de misère et de chaos mais qu'elles seraient suivies de la paix universelle, lui répondit qu'il était à moitié converti, puisqu'il croyait à la réalisation de la première partie du programme !
Savoir qu'il y a un point d'impossible dans le fait de gouverner en vue du bien d'autrui c'est un motif de douleur, certes, mais la manière dont les gens s'en défendent, ne veulent rien en savoir, moi personnellement, ça me fait rire.Gentiment.

caro


----- Original Message -----
From: "caro"  
Sent: Friday, April 26, 2002 12:33 PM
Subject: [terrier] Re: [terrier] Votons avec des gants - proposition déjà faite ici




>Une proposition symbolique pour le 5 mai - pour ceux qui voteront évidemment ! AVEC DES GANTS !!


Idées : avec des pincettes, pinces à linge sur le nez, brassards de deuil, veste retournée, en rentrant à reculons dans le bureau de vote... Personnellement, je ne ferai pas de mine dégoûtée, peut-être le brassard, parce que comme on l'entend dire un peu partout, ce n'est pas un vote pro-Chirac, c'est un référendum pour ou contre le fascisme, et je suis fière de voter contre.
Chirac, persuadé qu'il va gagner, continue évidemment à nous seriner son programme, il a tout à y gagner. Mais il sait déjà que son élection ne sera pas légitimée par ce programme.
De nombreuses personnes suggèrent de lui renvoyer après ujne lettre explicative de son vote, ou le bulletin Le Pen déchiré.
c.


----- Original Message -----
From: "lldemars"  
Sent: Friday, April 26, 2002 12:38 PM
Subject: [terrier] Re: [terrier] Re: [terrier] Re: [terrier] Re: [terrier] Re: [terrier] Devons-nous nous défiler?


>> et s'il avait été raciste ton électeur, comme tout le monde? Tu l'aurais> fait rigoler avec quoi? Une blague Juive suivi d'une blague antisémite? De quoi tu me parles ?

>Je te dis que tu peux convaincre, peut-être, un électeur lepéniste uniquement dans la mesure où il n'est pas un électeur lepéniste. C'est-à dire pas un raciste.

Tu en parles comme si tous les électeurs de Lepen, au fond, s'étaient trompé de vote.

>Et je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas rire, même désespéré !

je ne dis pas ça: je dis: avec un électeur lepéniste convaincu, tu n'aurais pas eu d'espace disponible pour le rire.

>Il paraît qu'on baise jamais mieux que dans les périodes de crise (témoignages ?).

Pour ma part, c'est le contraire. Baise plus. Pas de désir.

>Le rire, la joie, l'ironie sont plus que nécessaires.

ça fait quinze ans que le FN n'est qu'un sujet de blague pour tous ceux qui s'y opposent. Faut croire que ces blagues n'ont servi aux rieurs qu'à minimiser leur propre implication dans l'existence de ce parti, de cette idéologie (car de l'autre côté du rire, il y a ceux "qui sont ris") ; le mot "nécessaire" me paraît mal choisi. Ça fait sûrement du bien à chacun, c'est l'anesthésiant local, oui. Mais le rire n'est d'aucun secours dans notre situation.


L.L.d.M., rabat-joie de service


----- Original Message -----
From: "lldemars"  
Sent: Friday, April 26, 2002 12:46 PM
Subject: [terrier] passionnant


Excusez-moi pour le principe du renvoi, j'en use rarement, mais ça mérite un peu d'attention; on vient donc de m'envoyer ceci, relatif au programme culturel, précisément, du FN. C'est... comment dire?


« Dans son "Programme pour gouverner", le Front national (FN) aborde les questions artistiques par un "constat" : "Dans le carré diabolique de la destruction de la France menée par les politiciens de l'Etablissement, après l'extinction biologique (la dénatalité française), la submersion migratoire (l'immigration de peuplement), la disparition de la Nation (l'euromondialisme), le quatrième côté est celui du génocide culturel."
Après quatre décennies de "culture Malraux", la civilisation française serait "systématiquement détruite". Si Jack Lang est critiqué - les colonnes de Daniel Buren au Palais-Royal de Paris sont particulièrement honnies -, le président de la République n'est pas épargné : "La tocade chiraquienne pour les "arts premiers" participe ! de cette culture branchée dont le néant n'a d'égal que la logorrhée qui la promotionne (sic)."
La France vivrait aujourd'hui "sous un art officiel", non figuratif, qui ferait la part belle notamment à César, Arman, Soulages. "Les musées font l'objet d'une orientation à caractère totalitaire." Le Mémorial de Caen (centré sur l'histoire de la seconde guerre mondiale) est considéré comme le plus "caricatural". Plusieurs grands maires RPR sont aussi accusés de céder à la culture "officielle" : Jacques Chaban-Delmas avait créé un Musée d'art contemporain à Bordeaux ; Philippe Seguin a acquis des ouvres de Buren et de César à Epinal. Le parti de Jean-Marie Le Pen défend, au contraire, le"beau" et le "vrai" : "Nous savons que la France est riche d'une civilisation exceptionnelle qui a mêlé, pour le meilleur, la Nature et la Grâce : il nous suffit d'être fidèles à cet héritage."


UN MINISTÈRE DES BEAUX-ARTS Au chapitre des propositions, Bernard Antony, chargé de la culture au Front national, plaide pour la suppression du ministère de la culture, remplacé par un ministère des beaux-arts. Président du groupe FN du conseil régional Midi-Pyrénées, ce catholique traditionaliste, dont l'association Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française (Agrif) avait tenté de faire interdire le film de Martin Scorsese La Dernière Tentation du Christ, puis réussi à faire condamner pour "propos antichrétiens" la revue Hard rock magazine, estime que "la France vit une époque nazie ou stalinienne du point de vue de l'art, une continuation d'un système qui a conduit à des millions de morts en Chine".
Le programme du FN prévoit de réserver les subventions publiques "aux créations artistiques qui respectent notre identité nationale comme les valeurs de notre civilisation". Les financements de fonds ou d'établissements "inutiles" seraient supprimés. Bernard Antony cite, parmi ces derniers, les fonds régionaux d'art contemporain. "Il faut aider la création artistique, à condition qu'elle corresponde au goût du public", ajoute-t-il. Le patrimoine reste la principale préoccupation, en matière artistique, du parti d'extrême droite. Les héritiers de demeures historiques devraient bénéficier d'une législation fiscale favorable. Le FN veut
développer le mécénat privé, en réformant le régime fiscal des fondations. Un conseil de défense de la langue française serait créé pour "s'opposer au jargon et au franglais qui envahissent notre langue" et des sanctions seraient renforcées "pour atteintes délibérées à la langue française".

"LA FIN DU SECTARISME"
Dans le domaine du spectacle vivant, le programme de gouvernement du FN vise, là encore, "la fin du sectarisme". Conscient du rôle stratégique que joue le Festival d'Avignon dans la vie théâtrale française, il dénonce sa programmation. "La caution de "bonne tenue intellectuelle" est invariablement assurée par les staliniens, les tenants de l'absurde et les nihilistes de service, tels Brecht, Kafka ou Beckett. (...) On ne peut se satisfaire d'un théâtre qui, sur le plan moral et politique, ne se préoccupe que de racisme, de colonialisme (Aimé Césaire), de nazisme (Thomas Bernhard), de fascisme (Antonio Tabucchi)." Le texte du FN préconise d'autres écrivains, Paul Morand ou le poète Saint-Pol Roux, ou quelques auteurs dramatiques moins connus : André Josset (Elisabeth, la femme sans hommes), le Vendéen Jean Yole ou le conteur breton Tanguy Malemanche. Michel Vinaver est le seul auteur vivant recommandé par le programme du FN. La promotion de "toutes les bonnes musiques"figure dans ce document, notamment l'apprentissage du chant choral, "musique de l'âme, selon saint François d'Assise", et l'opérette. En revanche, "rap et techno, qui ne sont pas des expressions musicales, seront évidemment privés de tout soutien public". Le système de l'avance sur recettes pour le cinéma devrait être réformé.
Jusqu'à présent, presque aucun artiste français n'a soutenu le FN, "mais si les choses changent en politique, les artistes changeront de position", estime Bernard Antony. "Les votes pour Le Pen viennent bien de quelque part : des artistes et des intellectuels aussi votent pour lui", assure-t-il.
Catherine Bédarida »


Fin de citation. Bonne digestion.

L.L.d.M.


----- Original Message -----
From: "Julien Pauthe"
To: "Le Terrier Liste"
Sent: Friday, April 26, 2002 12:54 PM
Subject: [terrier] Fwd: [terrier] Rep:[terrier] Devons-nous_nous_défiler?


> JP> Attention à qui vous plaisez... Pour Villon, je pense que seul l'aspect patrimonial ("culturel") du nom les attire : je ne vois rien de commun entre le poète voyou, acharné à sortir des cadres mentaux et matériels que lui réservaient son époque, son milieu de clercs et les encenseurs de la tradition et de l'immobilisme social, culturel et biologique. Sa lecture (mais il est très difficile à lire) devrait définitivement guérir un individu du virus grégaire.

Mais si , ç't'évident, la balade du pendu est une ode à la peine de mort ! (et puis caser les les textes en argot homosexuel dans leur programme,ça lui donne un peu de panache -) Au fait, c'est quoi un texte très difficile à lire ? un texte mal imprimé ?
Thierry


Un texte dont les référents (souvent puisés dans sa vie quotidienne, pour le cas de Villon) nous sont obscurs, par la distance temporelle et culturelle. Nombre de jeux de mots ou de sorties ironiques de Villon ne nous sont tout simplement pas lisibles (sauf à grand renforts d'éditions critiques et de décryptages d'historiens), là où ils étaient clairs à nombre de ses contemporains. Il joue avec des expressions populaires perdues, des réputations d'hommes oubliés, des dictons détournés et dont les originaux n'existent plus pour nous : sauf à connaître très précisément les chroniques du temps et à lire ou réciter le corpus littéraire de Villon (et encore : tel qu'il le saisissait), oui Villon est difficile à lire. On peut aussi se passer de tout cela et lire ce qu'on y trouve. On peut aussi ne pas le lire. Mais mal l'imprimer, alors
là non...

De Julien à Thierry-le-taquin


----- Original Message -----
From: "caro"
Sent: Friday, April 26, 2002 12:56 PM
Subject: [terrier] rire


lldm :
>Je te dis que tu peux convaincre, peut-être, un électeur lepéniste uniquement dans la mesure où il n'est pas un électeur lepéniste. C'est-à dire pas un raciste. Tu en parles comme si tous les électeurs de Lepen, au fond, s'étaient trompé de vote.

Non, je ne pense pas ça. Bien que la précision chiffrée soit difficile, j'estime qu'il a un électorat solide, chai pas, de 15 °/°, peut-être moins, avec qui je ne peux pas discuter parce qu'ils ont détruit les fondements de tout discours possible. L'y réduire et l' y fixer pour dimanche 5 mai, voilà ce que je dis.

>je ne dis pas ça: je dis: avec un électeur lepéniste convaincu, tu n'aurais pas eu d'espace disponible pour le rire.

C'est vrai.

>ça fait quinze ans que le FN n'est qu'un sujet de blague pour tous ceux qui s'y opposent. Faut croire que ces blagues n'ont servi aux rieurs qu'à minimiser leur propre implication dans l'existence de ce parti, de cette idéologie (car de l'autre côté du rire, il y a ceux "qui sont ris") ; le mot "nécessaire" me paraît mal choisi. Ça fait sûrement du bien à chacun, c'est l'anesthésiant local, oui. Mais le rire n'est d'aucun secours dans notre situation.

Je ne te parle pas de ce rire-là, auquel d'ailleurs tu ne peux pas me soupçonner d'avoir participé.
Ce rire dont je parle, effectivement, il ne "sert" à rien, et c'est pour ça que je le défends. C'est l'écume d'une position intellectuelle, c'est de la poudre aux yeux, c'est de la littérature, c'est la fiction par laquelle je veux tisser le monder dans lequel je vis.
Mailler du rien avec du rien, dans l'inutilité la plus totale, oui.
c.


----- Original Message -----
From: "Julien Pauthe"  
Sent: Friday, April 26, 2002 1:03 PM
Subject: [terrier] Re: [terrier] Re: [terrier] Re: [terrier] Re: [terrier] Re: [terrier] Devons-nous nous défiler?


> Il paraît qu'on baise jamais mieux que dans les périodes de crise (témoignages ?).


Oui, dans "L'air de la guerre" de Jean Hatzfeld (points seuil), pendant le siège de Sarajevo, ou moins sérieusement dans "Des femmes qui tombent" de Desproges (et là je confirme personellement : on baise comme on se noie au retour d'un enterrement). De là à baisouiller joyeusement pendant qu'un Le Pen préparerait les camps... ben, je me trouve plus très chaud tout d'un coup...

Julien


----- Original Message -----
From: "Pascal Sauvaget"  
Sent: Friday, April 26, 2002 2:23 PM
Subject: Re: [terrier] deuil national


message reçu d'un ami, travaillant à FR3 Nancy :
"
.......
lepen est allé hier ou avant-hier au CSA pour dire qu'il serait vigilant, et ne laisserai passer aucune dérive télévisuelle (petit rappel: dans les médias on est obligé d'accorder le même temps de parole à chacun des deux candidats. c'est la loi. on doit parler de lepen autant que de chirac)

OR
depuis ce matin (jeudi), les journalistes de chez nous n'arrivent plus à prendre contact avec les responsables régionaux du fn. Tous les pretextes sont bons pour refuser les reportages:

-bonjour, on est france 3 nancy, on voudrait rencontrer quelqu'un de
chez-vous pour faire un reportage
-ah... oui oui... on va faire une conférence de presse
-Ah bon? c'est quand?
-oh ben c'est quand vous voulez
-ah... bon ben alors aujourd'hui à 17h30?
-ah non. ca ne va pas, on a une réunion. rappelez-nous demain...

autre exemple:
un journaliste veut faire un reportage sur le FNJ (fn jeunesse): le fn: ah ben non, il n'ya qu'un représentant, et puis il est à paris.

bref: le message est clair:
le FN s'auto-boycotte. il fait tous pour qu'on le ne puisse pas parler de lui. Puis, la semaine prochaine, il va certainement déposer plainte au CSA en disant que l'on ne leur accorde pas assez de temps de parole. On sera alors obligés de rattraper le temps perdu les 3 derniers jours avant les elections (jeudi, vendredi et samedi), curieusement, ils seront alors disponibles, et on va être obligé de parler d'eux tous le temps ces trois jours. Et comme les français moyens qui voterons dimanche n'auront en tête que les 3 derniers jours de tele ou radio, ceux qui hésitent encore à voter fn le ferons naturellement.

On est mal. il faut que les gens sachent se qui se passe.
lepen va se poser en victime de censure, et l'opinion publique lui donnera raison, alors que c'est EUX qui ont établi cette censure, c'est une stratégie.
"

----- Original Message -----
From: "FiLH"
Sent: Friday, April 26, 2002 8:23 PM
Subject: [terrier] Culture française...

J'ai eu à discuter ce matin avec quelqu'un qui ne vote pas LePen mais n'en est pas si loin que ça. >
Une grosse question de la discussion était la notion de culture française. Je passe sur le fait que quand on voit le programme «culturel» de LePen il est assez clair que ce n'est pas la culture française (encore que allez dans un club du troisième age et proposez leur opérette gratos pour tous...).
Une culture est quelque chose de toujours en mouvement. Défendre une culture c'est quoi alors ?
C'est assez simple d'expliquer que le français n'est imposé en France que depuis environ cent ans, et ce au prix d'un combat plutôt violent, et de la quasi destruction de langues ayant aussi une longue histoire.
Mais si on essaye d'aller un peu plus finement je coince un peu. Par exemple une langue est en général le fruit d'un metissage constant. Mais qu'est-ce que défendre le français par rapport à cette vie de la langue. Je sais que Laurent a des positions assez farouche sur une anglicisation un peu trop violente, mais pourtant un certain nombre denos mots sont issus d'une absorbtion de mots anglais (avec parfois des allers-retours cocasse).
En fin de compte je suis un peu perdu. Je ne peux proner le statu-quo car je sais qu'il est imbécile et historiquement faux, je ne peux non plus proner une absorbtion imbécile sous prétexte qu'il faut que ça bouge.
Pourquoi accepter redinguotte issus de riding coat et francisé, pourquoi refuser «nominé» issus d'une désinance anglosaxone sur un mot d'origine française ? Et la logique de l'étymologie n'est pas une bonne raison car l'évolution d'une langue se moque assez régulièrement de la logique.
J'ai pris ici l'exemple de la langue, on peut en prendre d'autre.
Bref je suis plutôt perdu par rapport à ce genre de choses.
Je sais bien que c'est un peu éloigné de ce qu'est réellement le FN, mais cette notion de défense d'une cuture ou d'une identité française est quand même au coeur d'une vision fantasmatique de ce qu'est le FN et qui pousse certains à voter FN.
Si on pouvait un peu éclairer ma lanterne...

f.g.


----- Original Message -----
From: "Francois Coquet"  
Sent: Saturday, April 27, 2002 10:45 AM
Subject: [terrier] Re: [terrier] Re: [terrier] Devons-nous nous défiler?


>Reste à trouver dans notre entourage des gens qui pourraient voter Lepen..Mais où je vais aller chercher des zozos pareils, moi?

je tombe là-dessus par hasard en rouvrant mon ordinateur -pas trop le temps de suivre l'actualité des e-mails ces jours-ci.

Euh, avec 5 millions de voix lepénistes, ne t'apparaît-il pas que poser cette question recouvre justement une des données du problème, qu'on pourrait appeler le syndrome de la tour d'ivoire ? C'est une des banalités du moment, mais je la répète quand même : la pénétration du FN va de pair avec l'abandon du terrain social de la part de ceux qui devraient l'occuper.
Ce n'est pas une critique, c'est un constat.
D'ailleurs, je retourne illico sur ledit terrain, sans beaucoup d'espoir de réouvrir mon e-mail d'ici demain.

François




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