« Il règne une telle effervescence,
un tel désordre qu’on croit être arrivé
un jour exceptionnel. Puis au fil du temps, on constate que cet état
est permanent […] il semble difficile de s’adapter aux
lieux, de s’y retrouver, d’y pénétrer. »
Ernest Pignon Ernest
« Il faut plutôt regarder les
choses beaucoup de fois. Et en changeant chaque fois d’angle,
pas deux fois sous le même. Les absorber une fois par en dessus,
une fois par en dessous, une fois de biais - surtout de biais. Mais
comment ne pas soupçonner que pareille gymnastique visuelle
relève plus de la distraction d’un regard qui affleure
les choses, qui butine et joue, mais qui ne s’arrête
pas, n’accroche pas, ne retient pas - sans doute parce que
après tout, il n’y a rien à retenir, à
saisir, à regarder, sinon la sensation d’une indéfinie
roulade. »
Jean Dubuffet
Mon travail dessiné montre des lieux
du quotidien, représentés avec une minutie obsessionnelle,
et une prolifération d’objets dans ces lieux. Tout
y est donné à voir en même temps, sur le même
plan ; rien n’est pareil mais tout est égal.
Les lieux s’interpénètrent, les présences
des occupants sont suggérées par leurs absences mêmes.
Je souhaite que celui ou celle qui regarde revive
la même perception de l’espace que le dessinateur, qu’il
ressente le temps que le regard a accordé au lieu, totalement
lié au temps du dessin.
Des lieux familiers mais réappropriés
et qui ainsi, peuvent engendrer confusion, doute ou étrangeté
par leur rendu spatial ; le dessin peut remettre en question les
certitudes et les habitudes perceptuelles.
Le fond de ce travail donne à voir la
vacuité du quotidien, ce qui peut rendre le dessin dérisoire
mais en même temps le justifie.
Au-delà de ce projet même, il me
semble qu’une constante de mon travail consiste à dévoiler
le potentiel d’ambiguïtés et d’ambivalence
que recèle la banalité.
Antoine a participé à l'exposition collective du Terrier au Cinema Nova de Bruxelles
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