On n'est jamais aussi certain d'avoir affaire
à une merde des années soixante-dix qu'en voyant dandiner
une promesse d'avenir derrière le nombre 2000 comme garantie
de conquête d'un futur déjà rattrapé et dépassé
: Optic 2000, Futura 2000, Magie 2000, Anatomie
2000, toutes deumillitudes éteintes dans le naufrage des caravelles
en Formica bien avant que celles-ci n'eussent atteint les rives du vrai
2000, un 2000 sans soucoupes volantes, sans trottoirs roulants, sans chiens
robots, avec aliénation au travail et à l'argent. Ces enseignes
tapageuses dont le 2000 est le millésime inexpugnable des
années soixante-dix sont à peine moins ridicules aujourd'hui
que les grandes réformes positives d'un art qui, à la même
époque et au service d'une même futurologie, se voulut op'
jusqu'à la disparition de tout le reste et qui n'a jamais convaincu
de sa modernité que les afficheurs publicitaires (ils furent sans
doute les seuls à croire un jour à la fulgurance de Vasarely,
ce qui aurait dû suffire sans doute à l'alarmer un peu :
la publicité ne se gavant que de ce qui a déjà fait
ses preuves et donné ses garanties de marchandisation, n'entretient
avec la modernité que les rapports de répulsion d'une charge
négative avec sa sœur jumelle). |