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| Les fondateurs avaient le choix entre former à
l'art moderne une chaleureuse équipe d'accueil et costumer une
armée de singes pour former un service d'ordre. La seconde option
devait sans doute mieux correspondre aux idéaux d'efficacité
de la direction. Heureusement qu'en Espagne il est plus difficile d'armer
les singes. C'est donc avec des matraques seulement que des types en uniforme sillonnent inlassablement le musée, pendant que des cohortes de surveillantes chuchotent mystérieusement dans des talkies-walkies en entourant les visiteurs de plus de précautions agressives que des nourrices allemandes. Nous avons longtemps essayé de comprendre ce qu'elles pouvaient bien trouver à débiter sans interruption, et à qui. Régulièrement, observant les oeuvres comme si elles traquaient la rayure la chiure ou le doigts graisseux, elles griffonnaient sur un carnet d'ésotériques prises de notes dont nous nous régalions à imaginer la destination et le sens. «Alpha Zoulou à Tango Charlie: le suspect n°12, environ cinq ans, sexe mâle, type caucasien, a roté près du Lichtenstein; chope-le à la sortie de la salle 103 et pète-lui les jambes. - Bien reçu Alpha Zoulou. On élimine les parents?» Pour être en règle avec le gouvernement de cette principauté étazunienne*, je vous conseille surtout de ne prendre des photos que de l'extérieur du musée, toute photo intérieure étant strictement interdite; tout photographe surpris est immédiatement jeté dans un broyeur mécanique. *Habitant d'Étazune (capitale du monde) |
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