Bon, j'ai pas arrêté de gueuler, je vois
bien que j'ai l'air d'être jamais content, on va finir par me prendre
pour un mauvais coucheur ; je dois vraiment faire l'aveu du plaisir que
j'ai pris? Parce que j'ai vu là-bas de très jolies choses,
oui, c'est vrai, c'est très vrai. Oui, je suis heureux d'avoir
vu trois magnifiques Basquiat, un choix
imposant d'oeuvres de Baldessari, découvert
le travail curieux et pénétrant de Gurski
ou celui de Ruscha dont je ne connaissais
qu'une repro, revu un bel inventaire des photos de Cindy
Sherman et passé un bon moment devant une installation narquoise
de Charles Ray.
Mais je reviens tout de même avec un putain de sale goût dans
la bouche, avec la nette impression d'avoir fait 3OOO bornes aller-retour
pour pas grand-chose, et le sentiment d'avoir surtout vu un beau gâchis
sur toute la ligne; l'indistinction règne en maîtresse quand
on vous fourgue en face de Basquiat cette sous-merde pompière et
ringarde avant-même d'être apparue de Shnabel, ou quand on
vous invente une déconcertante ligne historique qui irait de Jasper
Johns à cette minable plaisanterie de Koons. S'il n'y avait que
la perspective historique, d'ailleurs, qui me navrait dans la cohabitation
de ces deux-là... |
