J'ai sans doute tort de me la poser... J'ai
tort de me la poser vraiment (elle a une réponse intégrée
au travail lui-même, et je devrais toujours m'en satisfaire:
«tu le fais parce que tout le reste est infiniment moins excitant»).
Comme je n'ai pas le pouvoir d'infléchir ou de ralentir le
patient travail de démolition à l'oeuvre depuis si
longtemps visant à la superposition des notions d'art et
de culture*, je devrais feindre d'en être le spectateur amusé.
Ou, bien entendu, un des organisateurs. Mais jouer au con m'emmerde
au moins autant que mes crises mensuelles de furie révolutionnaire
qui retombent comme des lendemains de cuite. Quoiqu'il en soit,
je fais cette chronique de L'art chemin faisant à
reculons, comme je suis allé à reculons à Pont-Scorff
où se déroulait cette manifestation, tiraillé
entre la certitude de me lancer dans la plus grande confusion —
la plus totale contradiction — et le désir de rajouter
un chapitre à mon travail entamé depuis le Gibbon
culturel.
* D'une part l'art considéré par
ceux qui n'en font pas comme le salaire ludique et culturel légitime
d'une dure semaine de travail, et d'autre part l'art considéré
comme un jeu, une attitude, un point de vue sur le monde, ou Dieu
sait quelle autre foutaise par les artistes eux-mêmes. Il y
a de quoi fatiguer. Pourquoi diable s'agiter pour préserver
quelque chose dont personne ne veut ou pour défendre des qualités
dont tout le monde se fout? |