Louvain, Musée Vander Kelen Mertens - La collection fantôme
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Une lumière de néons, rabattue par les vitraux qu’elle inonde et teinte, diffuse dans une pièce sans fioriture — murs clairs, frise discrète — qui tranche nettement avec les lourdeurs précédentes. Quelques bois sculptés assez rugueux et beaux, une vierge murale en mandorle, des vêtements sacerdotaux aux tissus lourds maillés minusculement de broderies vertes, bronzes, tenus sur d’expéditifs résumés de mannequins chapeautés de mitres, font avec des oculus de verres colorés momentanément dessertis de leurs armatures de plomb un préambule excitant et inattendu à ce nouveau parcours (les manières muséales, que l’ont croirait à tort pétries d’éternité, sont comme tout le reste traversées par les caprices des modes, des manies ; à mesure que le musée est avalé par la litanie culturelle, cette soumission au vent institutionnel et à la décoration sociologique est plus marquée; comme ailleurs, le pire peut accoucher hasardeusement du meilleur — qui en est en quelque sorte l’erreur — et si l’essentiel va au motif jetable, l’idée lumineuse qui viendra pour longtemps intégrer la grammaire muséale peut surgir, s’imposer. Alors que nous n’en avions jamais croisé auparavant, Catherine et moi nous sommes trouvés nez à nez avec notre premier vitrail desserti lors de l’incroyable rétrospective Duccio organisée par la ville de Siena ; voilà qui nous a permis de nous coller le nez à des vitraux sublimes surplombant habituellement les trente ou quarante mètres de la nef du Duomo; depuis, nous croisons régulièrement ces vitraux illuminés loins de leurs châsses de plomb).

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