es
prémices de l'arrivée de l'informatique dans le domaine du synthétiseurs
datent du début des années quatre-vingts. Il s'agissait alors de pouvoir
commander les instruments avec des appareils permettant d'enregistrer les
notes jouées sur leur clavier, les séquenceurs. Jusqu'alors, on utilisait
un système analogique, le CV/Gate, basé sur la transmission d'une tension
électrique. Nécessitant un câble pour une information, le CV/Gate est apparu
rapidement inadapté aux synthétiseurs polyphoniques, et encore plus aux
machines multitimbrales. Il aurait fallu utiliser autant de câbles que de
voix de polyphonie et de voies multitimbrales ! |
n 1980,
le constructeur Roland a innové en introduisant sur ses machines un système
de communication numérique permettant, sur un seul câble, de véhiculer plusieurs
informations distinctes, le DSC. Mais, en 1983, ce procédé va disparaître
au profit du système MIDI (Musical
Instrument Digital Interface), numérique lui aussi, offrant des possibilités
d'extension qui commencent seulement aujourd'hui d'atteindre leurs limites.
Capable de véhiculer des notes, des valeurs de contrôleurs, des sons (sous
forme de paramètres pour les synthétiseurs ou sous forme d'échantillons
pour les samplers), des codes de temporisation ou encore des informations
permettant l'automatisation de machines (séquenceurs, jeux de lumières),
la norme MIDI va être adoptée par tous les constructeurs et devenir rapidement
le standard de transmission de données informatiques dans le domaine musical.
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a démocratisation
de l'informatique, commencée avec les ordinateurs personnels Commodore et
Amstrad, va grandement contribuer à l'informatisation des studios, que ceux-ci
soient personnels (home studio) ou professionnels. C'est en 1986,
trois ans après la création du MIDI et des premiers logiciels utilisant
cette norme, que les ordinateurs Atari ST et Amiga vont réellement bouleverser
les habitudes de travail en home studio. Si l'Amiga n'a su s'imposer dans
le domaine musical (il aura préféré le monde de l'imagerie), l'Atari, grâce
notamment à ses prises MIDI intégrées, a en revanche réussi à devenir un
standard pendant de nombreuses années, jusqu'à ce que la technologie utilisée
sur cet ordinateur deviennent définitivement obsolète. |
n effet,
la croissance exponentielle des capacités de calcul et de stockage des ordinateurs
a conduit vers un nouveau système d'enregistrement numérique, le Direct-to-Disk,
qui offre la possibilité d'enregistrer des sources sonores non pas sur bande
magnétique, mais sur disque dur, avec toutes les possibilités de montage
qu'offre un tel support. |
ujourd'hui,
le Direct-to-Disk est souvent intégré aux logiciels de séquence MIDI, et
trois plates-formes informatiques se partagent inégalement le marché : le
Macintosh, avec sa simplicité d'utilisation et ses nombreux logiciels professionnels,
le PC, qui malgré une architecture rebutante commence a recevoir des applications
de qualité, et le Falcon, créé par Atari, un ordinateur entièrement dédié
à la musique MIDI et à l'enregistrement numérique. |
es instruments
électroniques ont également suivi l'évolution de l'informatique. Les synthétiseurs
se succèdent avec toujours plus de polyphonie, toujours plus de voies multitimbrales,
de mémoire, et les séquenceurs intégrés, au départ assez rudimentaires,
deviennent des logiciels de montage MIDI sophistiquées, bien que n'atteignant
pas encore la plussance fonctionnelle des applications tournant sur ordinateurs.
On parlera alors de workstation, station de travail intégrant synthétiseur
multitimbral, effets numériques, séquenceur/mixeur et lecteur de disquettes
pour sauvegarder sons et séquences. |
ais,
si la technologie a permi de faire évoluer les capacités et les performances
des instruments, elle n'a en revanche pas fait évoluer la base du synthétiseur,
à savoir la création sonore... Il faudra attendre 1994 pour voir apparaître
enfin une nouvelle synthèse, développée par Yamaha, la modélisation acoustique. |
es années
quatre-vingts dix sont aussi les années du renouveau de l'analogique. Considérés
dans la décennie précédente comme obsolètes, les synthétiseurs antiques
des années soixante-dix
deviennent de véritables pièces de collection, vantées pour leurs chaudes
sonorités et leurs façades bourrées de potentiomètres, plus simples à manier
que les machines numériques. La vague House, suivie de la vague Techno,
furent pour beaucoup dans ce changement de tendance. |
es constructeurs
vont alors réagir en proposant des synthétiseurs numériques offrant l'interface
conviviale des analogiques d'antan, comme le Roland JD-800 ou le Waldorf
Wave. |
Roland JD-800 : l'aspect analogique pour un instrument
entièrement numérique...

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es cotes
d'occasion des synthétiseurs vont grimper jusqu'à parfois dépasser leur
prix neuf de l'époque et certaines machines, comme la TB-303 (le son acid) ou les boîtes
à rythmes Roland TR-808 et TR-909, s'arrachent aujourd'hui à prix d'or.
Voyant cela, les constructeurs ne vont pas hésiter à reconstruire des machines
analogiques monophoniques, tout en y intégrant les avantages du numérique
(MIDI et mémoires). |
La célèbre Roland Bassline TB-303...

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Et voici quelques pièces pour TB-303...

Lunatic Asylum, " The Salvation " (55 sec.)
Extrait de " Techno Sucks vol. 2, A Lunatic Space Odyssey "
(1993).

LFO, " Intro " (extrait
1) (15 sec.)
LFO, " Intro " (extrait 2) (15 sec.)
Extrait de " Frequencies " (1991).
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l semble
donc que la chaleur proverbiale de l'analogique soit redevenue un facteur
essentiel de réussite pour un synthétiseur. Si le disque vinyle survit encore
aujourd'hui, c'est qu'il n'est plus utilisé à des fins de reproduction fidèle
du son, mais bien comme source de création, grâce aux DJ's, mais aussi pour
sa flexibilité d'utilisation et sa robustesse relative. Il en va de même
pour les synthétiseurs d'antan, qui se découvrent de nos jours des possibilités
nouvelles au travers de courants musicaux très divers. Peut-être la technologie
utilisée par ces instruments a-t-elle devancé la capacité de l'Homme a en
tirer le meilleur profit... |