Jean François SAVANG
L'Hostile
Fragment

Ce texte fut publié pour la première fois dans La Parole Vaine N°5/6.Il existe une mise en musique par l'auteur d'un fragment de ce fragment, disponible à l'écoute et au téléchargement à notre index Samples.


aman est sûrement morte à cette heure-ci; j'entends par-là d'assouvissement; fourre-tout scandaleux, il est vrai, mais dont la mémoire centrifuge et nébuleuse me pousse hors de moi. Son corps est un ascenseur dans le temps, dans Tout-autre qui n'est pas d'elle, obscéniquement publicitaire, publicitairement obscène, obscène et publicitaire, grugé par la lumière, crevassé, suturé maintes et maintes fois par le désir. La chair y est étrangement serrée à certains endroits, mais le secret est dans les plis de l'affaissement du corps, de telle sorte que la peau fut le premier tissu à s'éponger dans la terre. Le temps s'y perd dans l'usage de la gravité; centre d'attraction de mort, mais que la nudité porte encore avec fierté.

        Son érotisme me fait rire, car par elle vient le scandale, aussitôt confisqué quand la parole m'a tiré par la tête. Dandinant son derrière, gueulant, chialant d'effroi et de Césarienne comme un lapin ouvert, fut déposé sur le seuil de l'état-civil comme une marchandise estampillée -numéro de reproduction sans sexe. Inquiétante clinico-obstétrique permanence des anges blancs du service de remembration, chargés de distribuer les organes vitaux à la progéniture. Pas de modification sur le formulaire de sortie. Cette première station de la chair est de la chair mêlée, de la chair multiple comme une orgie qui ne s'arrête pas.

        Le temps s'écoule de la source (par quel trou étroit de la terre?) de l'éternité par la parole qui inventa les premiers sexes. Lentement la parole les foira en sexes oecuméniques, jusqu'à ce qu'ils occupent la surface de tous les cerveaux, et qu'ils deviennent des ogres intimement liés au réseau nerveux de l'orgie. Conjuguant la séparation de l'un dans le désordre du reste, le sang et l'écume s'écoulèrent alors du ventre de mon père comme s'il fallait qu'il disparût prophétiquement; et le monde fut baigné de cette substance liquoreuse.

        De ce philtre inerte et de l'abîme en trompe-l'oeil naquit l'image annonciatrice du retrait du chaos.

        C'est ainsi que le désir du monde, par je ne sais quel Éros primordial, m'aurait fait crever dans le ventre de Gaia.
 
 

        Le présent enclenché par la clé du phallus, dessine dans la parole les volutes de cette copulation perdue; il s'achève dans le théâtre quotidien d'une collection de pères disséminés entre les hommes, d'un sexe parturient d'écume et voué à l'effroi.
 
 

HEV ECCE HOMO DÉMARRA T'AASU AM
 
 

e n'explique rien qui n'ait été dit quelque part. Les mots scellement tenet hemem. Voilà qui ne me rassure de rien, ça peut vous rassurer. La mémoire n'est pas fluide; c'est le guillotinage continu d'un être de seconde, d'un micro-être indéterminé qui se perd, et qui perd la tête dans la mémoire. Familièrement, cette sueur froide de la puissance décapitée qu'est la naissance, s'échappe de la surface du corps par les canaux du tremblement. Elle est remise sur le métier, rendue comme le ratage merdeux d'une incarnation de passage.

        Nous recommençons, chaque fois terrorisés de pouvoir en finir un jour, mais jamais à temps, car ça tremble de rosir, de spasmes incantatoires, d'affaires à liquider. Pour Éros le temps est la coupure; des illusions qui nous font jouir; du sacrement animal de la pénétration; de l'étrangeté de la chair, fascinante comme de la nourriture interdite, et qui nous comble au bord d'y planter les dents; du cycle d'absorber l'Autre dans la jouissance, de le grossir comme une mauvaise digestion, et de l'expulser comme un jouet.
 
 
 
 

                        émasculation chronique, caviardage écrit, mémoire sacrificielle, découpage du babil des choses, découpage des sexes, oracle assourdissant du conflit, guerre en dentelle, passage de main dans la chair, et autres... Écorchure-collage de deux qui se roulent dans leur peau, qui sentent à l'intérieur le plein du corps contre l'image, l'exaltation de chacun dans son secret percé à la charnière des laps, un peu de présence qui les quitte.
 
 

        Le présent écrasé dans la raclure des sexes nous accule au despotisme de la parole; il faut faire beau dans la présence, dérivée entre ses lignes de fuite "passé-futur". Car elle est le souvenir statuaire d'une intermittence de la mémoire. Elle siège dans les bords qui la prononcent, et ces bords sont comme d'ultimes caresses.
 

lle déborde d'Éros et se relie dans la mémoire, dans le tégument de la chair voluptueuse qui se hérisse, et dont l'odeur me parvient jusqu'ici. L'anamorphose de son corps me revient en mémoire. S'éteint entre les signes de la communauté, d'un bord à l'autre, d'un bout à l'autre, quasi tendu vers l'infini, à son échelle vers l'infini tendu de la parole présente dans le bruit de la parole infiniment présente et, hors de la parole définitivement présente, se tord dans la confusion des mots, dans l'endémie des lignes de fuite.

Pas de mémoire, qu'un va-et-viens neutre entre pensée et
inconscient, le corps levé au ciel, où seule la parole en
action, comme un rhizome intérieur, semble court-circuiter
l'inflation océanique des signes; que ça le prenne, la citadelle
tragique de la vieille pourriture, son odeur d'infamie, et le
clapotis de la tambouille, que ça le prenne, ce quasi-présent
sculpté dans l'inertie des actes, ce limage des chair, la
tentative merdeuse du papouillage, du collage collabo, du
cabotinage du trou, où amoureusement, l'aimant, le pullulement du
monde, vient s'y décalotter, défaire ses plis, patauger dans la
cloaca maxima de la correspondance des sexes, que ça le prenne, la
morsure!

le glubullement, l'ectosiaque filménale de l'orâle, com'à déquil rei filménoste. Quatuage obj'escent de l'écorphoses_________sexion agglutèrale par les moultènes & forceps cunnila____________l'ostie, la jaillissance, coeuvrant de la coïtase: culmin versexeant abrupt, am'à & t'amui, telle exli la vulv'à de la morviglaire & pénexit versé-reverse, l'am'à vollo_________Crianus! Deo crianus divi sexe le mortale; ô lovam'à, pénextant l'orgosmie & oefont stellaluxit__________nemon'où, narcosiel étournel'ange! Am'à & t'amui s'ensidèrent. Tant d'am...mortale ensaillement, tant je quellim'exhors exé conamour -Ah! ah! ah! Ô lovam'à...

Le hululement de la chair se tait alors que le jour pointe. Le temps a dégorgé un peu et mijote à nouveau dans l'étuve. Les draps souillés et humides, la gesticulation des fauves, retombent avec l'intensité dans l'ombre tacite du recueillement.

La douleur cuisante des rayons du soleil ouvre les plaies, l'un dans l'autre, les corps forcés, surhumains de résister à la répétition des coups de boutoir ininterrompus. Seuls, encore, les tremblements gravent la menace du jour dans la chair, l'étirant jusqu'aux limites de sa fatigue, défoncée et chiant à peine, que par convulsions;
 
 
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