Printemps
2001, huile sur toile, 150x150

C'est commencer, le plus difficile.
Attraper le fil de sa pensée, et le tenir solidement.
Suffisamment, pas trop fort, pour qu'il résiste à la tension de l'écriture.

Ce n'est que le début.
Après, il faut oublier ce fil. Il faut oublier qu'il se déroule.

Pour la peinture, c'est la même chose.
Il faudrait s'abstenir de penser que la toile et le papier, le pinceau et le stylo sont d'un autre état.

Ces supports et ces outils sont autrement matériologiques. Il faudrait se considérer à même cet outil. Il faudrait se tenir à l'identique de ce support. Mais il ne se peut pas de se projeter, de se dissoudre avec autre chose, autant que cela.

Avec personne, non plus.
C'est impossible de faire un avec l'autre.
Pas même à moitié.

Parfois, je sais, qu'en étant mon amant, cela s'est fait que je me rapproche de moi.

D'autres auraient perçu en cela de la réconciliation.

Pourtant si chacun savait qu'il est un chercheur, si l'invention de l'enseignement de l'histoire ne nous avait pas mis en disposition de nous apparaître autrement, l'humain ne serait pas que trop humain.
L'humain serait féminin et masculin.
Et le genre serait le genre.
Une autre entité.
Un support et un outil.

Le fil s'oublie.
Il s'oublie dans la volonté, dans la nécessité de le faire apparaître.