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Je me souviens de la retraite que nous fîmes
à l'occasion de notre communion solennelle. Le soir, nous
étions rassemblés dans la chapelle et le père
Baverey (je jure devant Dieu qu'il se pénommait Jean) nous
avait alors dit qu'il était temps de nous abymer en prière
et que nous allions tous recevoir un signe de Dieu et que ce serait
le signe de toute notre vie de croyant. Je me souviens être
resté très concentré, en attendant avec ferveur
que le Seigneur dans sa grande clémence veuille bien m'adresser
mon petit signe pour que je puisse aller me coucher, mais las, rien
ne vint ou je fus sourd à toutes les paroles divines qui
me furent adressées ce soir là. Au bout d'un certain
temps j'avais de plus en plus de mal à me concentrer sur
quoi que ce soit, ma pensée vagabondait en tous sens et passant
d'un idée à l'autre décrivait de très
beaux chemins de rêveries que j'interrompais parfois pour
les emprunter à rebours essayant de retrouver le lien associatif
qui m'avait fait passer d'une pensée à l'autre, jeu
que je renouvellais souvent par la suite, en revanche, je ne reçus
décidément pas le message tant attendu de Dieu. Ou
était-ce cet enchantement de pensées fugueuses qui
était l'offre divine?, j'en doutais tout de même beaucoup.
A la suite de cette communion solennelle on m'offrit mon premier
appareil-photo, un instamatic Kodak, comme quoi tout n'était
pas perdu dans cette affaire.
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