Partie la plus évidemment anecdotique de ce déjà très anecdotique travail d'archives, elle atteste néanmoins du sérieux impeccable avec lequel l'équipe de la revue prenait son travail de lecture. Chaque texte circulait pendant une à deux semaines parmi nous, se trouvait annoté par chacun, et le soir du comité était l'occasion d'une lecture collective des ces compte-rendus généralement assassins, parfois enthousiastes. Comme toute revue, je suppose, nous recevions surtout des tombereaux de poésie navrante, oscillant déjà entre l'académisme txtien qui rejoue inlassablement la figure du monstre sculpté dans la merde, les niaiseries lyriques picotées en boutons sur une langue de tapissière moisie et les inévitables troueurs de pages qui assèchent les blancs comme des Mallarmé de pacotille.
Les soirées étaient toujours arroseés et s'achevaient au petit matin dans la composition du futur numéro.