MOINS LA MAIN
MONSIEUR MACHINE
On m’a pourchassé, tiré dessus et jeté dans cette cellule de haute sécurité ! Mais — l’arsenal que renferment ces doigts devra réparer un outrage encore plus grand — L’ablation de mon VISAGE !! Ce visage humain a beau n’être qu’un artefact monté sur ma tête de métal — Il est à moi ! Il m’appartient !! Et il faudra bien plus qu’une armée de gardes pour m’empêcher de le récupérer !.. Tout d’abord sortir de cette cellule — mais actionner la poignée de porte déclenchera un bazooka sonique embusqué ! Mes circuits vont devoir égaler la vitesse de réaction du mécanisme invisible !
Instantanément, au contact de la poignée de porte : RREEEEEE !!
MONSIEUR MACHINE
Machine contre machine ! L’une échappera à cette cellule exigüe — l’autre se consumera en un enfer concentré d’ardeur solaire ! ADIEU, FRÈRE CHIEN-DE-GARDE !
en une flamme éclatante,
tel un
serpent blessé,
avant que le feu-soleil n’atteigne
ses
parties vitales
et ne réduise au silence
sa voix funeste…
MONSIEUR MACHINE
Et maintenant l’étape n° 2 !
SOLDAT 1
Eh ! Attention !
SOLDAT 2
Cette machine infernale s’est libérée ! Comment a-t-elle — ? Argh — !
MONSIEUR MACHINE
On se calme avec les adjectifs, Monsieur ! Je n’apprécie pas du tout les insultes !!
SOLDAT 1
Ow !! Mon épaule ! — Tu vas me la démolir — !
MONSIEUR MACHINE
Alors… sentir le contact de doigts d’acier te met mal à l’aise, hein ? Je pleurerais sur ton sort, si je possédais les canaux lacrymaux adéquats ! Et maintenant, réponds… Qui a pris mon visage ? — Et où l’a-t-on emporté !?
SOLDAT 1
Je-je ne sais pas ! Honnêtement, je-je — Laisse-moi tranquille, bon sang ! Le complexe est immense ! Il y a des gardes à chaque coin ! Si je suis blessé, on te réduira en boulons !
MONSIEUR MACHINE
C‘est pas la première fois que j’entends cette histoire, lèvres-molles !! Mais je ne l’intègre pas en ce qui me concerne !! Je ne me laisserai plus manipuler ! Où est mon visage !? Dis-le moi ! DIS-LE MOI !!
SOLDAT 1
Je-je ne peux pas — ! Je-je ne veux pas !!
MONSIEUR MACHINE
Sois maudit !! Je me débrouillerai seul ! Mais non sans t’avoir administré une petite thérapie de choc !
SOLDAT 1
Argh — !
MONSIEUR MACHINE, après que le garde s’est évanoui
Je lui ai emprunté son casque et son arme, mais j’ai besoin de plus ! Sa voix, sa diction sont essentielles à mon plan ! (Dans la gorge de X-51, l’appareil à bandes magnétiques qui a enregistré la voix du garde est activé.) Une unité de brouillage va digérer ses paroles, et je les réarrangerai pour atteindre mon objectif ! (Alors...) LAISSE-MOI, BON SANG ! LE COMPLEXE EST IMMENSE ! IL Y A DES GARDES PARTOUT ! SI JE SUIS BLESSÉ, ON TE RÉDUIRA EN BOULONS ! LAISSE-IMM-C-O-M-PAR-GAR-SI-RÉ-SÉ-LÉ-DUI-BOUPLEX-IL-SE-OI-EN-LON-TOU-LE-ON-É-O (Une fois le discours réarrangé...) ENVOYEZ DES RENFORTS AU PAS DE COURSE ! LA MACHINE TENTE DE S’ÉVADER DE SA CELLULE !
à un endroit du
corridor plongé
dans la pénombre.
Élevant sa
main, il envoie u
n rayon de lumière frapper
l’interrupteur
d’un poste
de télévision en circuit fermé.
SOLDAT 3
C’est toi, Hanley ? Qu’est-ce qu’y s’passe ?
MONSIEUR MACHINE
ENVOYEZ DES RENFORTS AU PAS DE COURSE ! LA MACHINE TENTE DE S’ÉVADER DE SA CELLULE !
SOLDAT 3
Tiens bon ! On arrive !!
La supercherie fonctionne. Une large porte d’acier s’ouvre pour accueillir le brusque afflux de gardes armés…
MONSIEUR MACHINE
Je trouverai ce que je cherche, quitte à démanteler ce complexe — section après section !
Pendant ce temps, dans le bureau du directeur…
COLONEL KRAGG
Et vous me blâmez à cause de ce — de ce visage !?
LE DIRECTEUR
C’est exactement ça, Colonel Kragg !
Jack Kirby, 2001 : A space odyssey # 9, Marvel Comics, 1977 (trad. Jérôme LeGlatin)
— Himana mautia
habai warma laih
.......... Himana
mautia habai
waihma laih !
............. Himana
mautia habai silda
taglan ! .........
Himana mautia
........
— .......... !
.................
........ !
........ !
— ...................
......................
................
....... ?
— ...... ... ...
....... ... ...
... ... ...
... ... ...
... ...
— ........ !
— Himana mautia
istid
beirht !
— Lagjan
eja !
— Untana !
— ..........
.... !
...........
.............
Wartan kedan du
makla hauhta
mautia [?] !
— Qaman neh !
— Makla
hauhtsa matna
wart niman
himana mautia !
— ....... .....
wart niman
eja ! .....
wart niman eja ! ...
.... ... ........
— Himana mautia,
wileis
hauhta matnan
qena
wisan ?
— Hauhta
matman
qena !
— Qena wart boren !
hauhta matna
qena
wart boren !
— Ghe.... gheeeh...
...... bd... bdl......
....... ahagl .......
bl ..... dlgh ...
... ahhh..... hh ...
........gha.....
gheee..... ahgh..
Bl... blgh....
... gll... bl...ghe..... »
Guido Crepax, Valentina au
débotté,
Futuropolis, 1986
— Je fais ça une fois par mois Sous l’influence de Fritz Vanderslagmulders...
— Mon oncle qui faisait cela une fois par semaine ! En 1962 il fondait la société « Charmant et sociable ».
— Déjà cette année je devenais membre ! Notre devise était « Plus que c’est charmant, plus que c’est sociable ».
— En ‘63, je gagnais la coupe du tournoi de sociabilité. À partir de ce moment-là, j’ai joué un rôle actif dans la société.
— Le brassard en est la preuve ! Celui-là indique que je faisais partie du service d’ordre...
— Au moment que ça devenait asociable, c’était à moi de réétablir la sociabilité. Alors je disais si, dans les premières cinq minutes,ça ne devient pas sociable, moi je vais une fois vous montrer ce que c’est justement l’asociabilité ! Alors soudain tout devenait calme.
— Et alors, il y en avait un qui allumait une pipe... Et puis encore un... Et puis quelqu’un commençait à déclamer un poème de Guido Gezelle et les autres jouaient du violon ou au domino. Ce n’est qu’une question de VOULOIR !
— Disait Fritz toujours ! Ah... Fritz...
— Depuis que ce pigeon t’est volé dans la pomme d’Adam et que celle-là est rentrée dans ta glotte, plus jamais t‘as été le même. Chaque fois que tu respirais tu faisais un bruit strident
— Ce qui était très asociable. C’était donc de mon devoir de t’interdire l’entrée de notre local.
— Mais tu restais le président ! Mais ..... Des blagues circulaient déjà.
— Ça se trouve à l’extérieur, ça fait un bruit strident, et c’est asociable… Qu’est-ce que c’est ? Finalement tu es parti en Amérique...
— Pour y mourir loin de la maison. Ce qui signifiait la fin de « Charmant et sociable ».
— Avec la caisse, on a payé tes funérailles. Chaque fois que je fais le sociable, je dois y penser ! »
— Kamagurka, Traité
d'humour con (bert vanderlagmulders / oeuvres / tome 1), Magic-Strip ,1983
« C’est quoi comme bête qu’on cherche déjà ?
— Un genre de singe féroce ils ont dit. Si on le tue, on est bon pour les infos régionales.
— Je comprends pas.
— Qu’est-ce que tu comprends pas ?
— Je comprends pas comment cette petite gonzesse peut avoir autant d’ascendant sur moi !
— Ben ça ! Chais pas moi
— C’est une étudiante ! Une étudiante merde ! Une étudiante dans un studio, avec des pantalons élimés, pas fichue de porter deux chaussettes pareilles ! Elle sait pas s’habiller ! Elle sait rien faire, elle a pas le permis de conduire et elle fume des roulées ! Tu te rends compte ?!
— Quand j’étais jeune, j’étais avec une nana qui avait des culottes trouées...
— C’est rien cette gamine ! C’est personne ! Elle ne pèse rien ! Oui, mon vieux, je mets quinze ans de vie conjugale en danger pour ce rien !
— Je dis ça mais à l’époque je mettais encore les slips que ma mère m’achetait.
— Et pourtant je guette continuellement son approbation. Je la mendie. Je ferais n’importe quoi, t’entends ?!
PUM
— Attends !
— Je sais bien que c’est joué d’avance, que cette histoire est vouée à l’échec...
— Ça tire par là !
— Mais je m’en fous ! Je persiste. Je m’enfonce consciencieusement dans l’erreur… Tel que tu me voies, je lâche la proie pour l’ombre.
— Ho par ici !
— Tu l’as eu, Robert ?
— Regardez ce morceau.
— C’est pas le singe.
— Merde.
— Ah ben non, c’est pas le singe.
— Comment de telles horreurs
sont possibles ? »
Blutch, La volupté, Futuroplis, 2006