Moins la main
et embrasse sa chérie sur le chemin du cinéma un beau vélomoteur séduit la fiancée de théo théo reste seul dans sa voiture.
théo roule sur une chaussure un homme tombe de sa fenêtre théo freine et s’arrête juste devant le suicidé une ambulance emporte le mort théo va rentrer chez lui il est dans la cour il entre dans son bâtiment théo monte l’escalier théo croise sa voisine qui rentre théo a vou lu tout casser hier soir.
théo va regarder chez sa voisine.
théo regarde chez la voisine la voisine et son fiancé tuent le temps comme ils peuvent ils essayent beaucoup de positions.
théo entend tout le temps sa voisine et ses fiancés théo tombe du tabouret théo se remet à la fenêtre quelques minutes de repos avant l’attaque sexuelle l’étrangler quand elle le suce si seulement elle attrapait un enfant.
Pascal Doury, Théo tête de mort, Les Humanoïdes associés, 1983
— Permettez, mademoiselle, que je vous raconte l’histoire qui me permit d’aimer enfin ma femme (au bout de trente ans de mariage).
— Je veux bien. Mais soyez bref.
— Depuis longtemps, chaque dimanche, ma femme et moi avons pour habitude d’aller faire un tour à la campagne.
— Respirer l’air pur de la nature nous fait du bien.
— Grâce à nos ballades bucoliques, je conserve un teint de chérubin. Voyez mes jolies pommettes roses.
— Soyez bref.
— Bon. Dans l’une de ces belles campagnes, un jour, ma femme et moi. Comme ça… Et là soudainement, stop ! Comme apeurée, elle me dit :
— Regarde !
Il y avait là une vache, toute gentille et toute machouillante. Une vache.
— Tu n’as pas à avoir peur. La vache est un animal on ne peut plus pacifique.
— Une vache ?
— Eh bien oui, une vache. Que crois-tu que ça puisse être ?
— C’est que...
Que quoi ? lui dis-je, parle, réponds, explique-toi, allons ! Et voilà :
— Je n’en avais jamais vu.
Tu te fous de moi ? lui dis-je, c’est une blague ?
— C’est une blague ?
— Chut, tais-toi, laisse-moi admirer, laisse-moi contempler. Laisse-moi.
— Mais, bon sang, tout le monde a vu une vache ! C’est commun, connu, digéré ! Et toi là, tu me dis n’en avoir jamais vu ? C’est impossible... Laura, dis-moi ? Comment, à ton âge, peux-tu être encore vierge de vache ? On s’est promené tant et tant de fois, comme ça, à la campagne… on en a pourtant croisé et recroisé de ces bestioles-là ! Mais Laura, que faisais-tu de tes yeux ? Tes yeux, où étaient-ils ? Tes yeux ? Laura ? Réponds-moi ? Où ?
— Je… Je te regardais.
— Tu me regardais ?
— Oui, je te regardais, toi et tes petites joues roses. Je te trouvais tellement mignon, tellement tout ça. Tant d’amour, tant de désirs... j’étais comme hypnotisée ! Souvent je me disais : « C’est mon mari à moi, je l’aime, ô comme je l’aime. » Et voilà, je ne voyais que toi. Oui, que toi. Toi et point. Mais, aujourd’hui, voilà, c’est fait, elle est là, j’en vois une. Comme elle est belle n’est-ce pas ?
Je restais là, à regarder ma femme, sans rien dire, contemplatif. Lui avais-je déjà dit « Je t’aime » ? Je ne crois pas. C’est elle qui me le disait. Moi, dans mon indifférence, je me contentais de lui répondre « Moi aussi. »
Longtemps je n’avais vu que moi. Moi et point. Mais ce jour-là.
— (Comme elle est belle, attirante, merveilleuse, douce, parfumée, florissante, sensuelle, mystérieuse.)
Oui, ce jour-là, enfin, je pus lui dire :
— Je t’aime.
— Moi aussi.
Boris Bukulin, L'aventure des opposants, L'Association, 2005
— Slurpe...
— Salut Mariette !! Un express à la pression... ... Avec de la mousse...
— Schlurpe !
— Tu es déchendu cheul, Athanaje ?
— Oh non !
— Mariette !!! Une Suze- Sancerre de Silonvonderke ‘vec une paille...
— Sclllppe !
— Mariette donne-moi donc un petit blanc...
— Glopp.
— Mariette, je veux un noir bien serré...
— Mariette je veux un rouge…
— Et moi un chocolat...
— ?
— Mariette un demi ! Dans un ballon !
— Un ouiski sec – sans beurre !!
— Mariette, pour moi un kir qui tue !
— Mariette, une mort subite !
— Un cocktail « Titanic » !
— Mariette une pière !!
— Mariette !...
— Et c’est tout ?
— Glope !
— Slu...
— Mariette, une vodka au rouge...
— Un thé de tigre !!!!
— Un citron au troëne...
— Un village, dans une flûte !!!
— Qui c’est le mec au fusil ?
— Mariette je te demande un demi, et tu me sers un ailier… -gauche !
— À boire !
— Sans ballon !
— Mariette, tu as trop serré mon noir !! et il est mort !
— Arg….
— Mariette ton kir ne ferait pas de mal à une mouche !
— Mariette ta mort subite est trop lente !!
— Y’a pas de glaçon dans mon « Titanic »
— Dis, cabot ! La prochaine fois, venez par groupes séparés !!
— Quel beau fusil !!
— Il est chargé ce beau fusil ??
— Ô Mariette, je mettrais bien mon clocher dans ton village....
— Il l’est !! PA !!
— Et une arquebuse, - Mariette - une !
— Yope !
— Et qui est-ce qui doit balayer ? C’est Mariette !!
F'murr, Tonnerre, et mille sabots !, Dargaud, 1996
— Allez, faites-moi la charité je suis un pauvre
— ces trois-là pour un chillion, Miss, trois, pas deux !
— Une obole, Miss, vous pourrez donner le nom que vous voulez à un petit noir !
on pourrait l’appeler Aldo, par ex.
— Aluayé, aluayé, obara ! (on lui pique son sac) Allez, magne-toi !
— Mon sac ! Fais quelque chose, Carmen !
on a parfois besoin de solidarité.
Mais, porteur, qu’est-ce qui vous prend ?! Ce n’est qu’un gamin !
— Une gamine, Miss. Elles sont plus insolentes que les garçons. On voit bien que vous venez d’ailleurs. La preuve c’est que je ne suis pas un porteur, mais un policeman.
— Ça fait mal à la calebasse ?
— Non !
— C’est à cause de la casquette. Je vous confonds tous, avec vos petites casquettes.
— Des sarcasmes ? Défoulez-vous, tant que vous êtes blanche, profitez-en...
— Je dois prendre le bateau postal. Conduisez-moi, officier public !
ce qui compte, c’est de se sentir citoyen.
— Vous allez sur le fleuve Kwambo ? Vous allez en voir de belles avec tous les noirs qu’il y a !
— Tengo verguenza de ser blanca, carmencita !
espagnol scolaire.
— Pas la peine de baratiner d’un air complice dans ma langue. Parlez la vôtre.
— Voici votre bateau, Miss Frowz. Il lui faudra dans les deux semaines pour vous mener à destination, du moins je l’espère.
— C’est la moindre des choses, vu le prix du billet.
craac !
— Petit saligaud !
— Encore ! Ah !
— C’est de la faute du clou, pas de la sienne. Le pauvre ! Ah oui ! Demandez-le lui, puisque vous êtes si maligne !
— Tout de suite ! Dites-moi, jeune homme, c’est vous qui avez déchiré ma jupe ?
— Oui. C’est moi.
— Si c’est eux qui le cherchent, inutile de faire du zèle, Carmen. Qu’en penses-tu ?
— Essayons de ne pas manquer le bateau. Moi je n’en pense rien.
Altan, Ada dans la jungle, Casterman, 1993