Ekphrasis c.

Lartigues & Prévert par Benjamin Adam

par François Poudevigne

La scène est en 4 cases. La première case, de format carré, occupe seule le centre exact de la partie supérieure de la planche, surmontée de la mention « JOUR UN » en lettres capitales. Les trois autres cases, du même format que la 1ère, constituent une bande séparée de la première par un blanc important. La case centrale de la bande est à l'aplomb de la 1ère case. La 1ère case est bordée d'une épaisse marge noire. La bordure extérieure de l'ensemble de trois cases est constituée d'un trait fin et continu ; les gouttières intérieures en revanche, ainsi que la bordure inférieure, reprennent le même tracé plus épais qui encadre la 1ère case.

La première case contient, en vue subjective et en très gros plan, l'image d'une montre-bracelet, légèrement orientée vers l'angle supérieur gauche. Le cadran, qui occupe l'essentiel de l'image, est constitué d'un disque sombre au centre duquel sont fixées les aiguilles, lui-même entouré d'un disque plus large et plus clair. Seuls les chiffres pairs figurent sur l'écran, les chiffres impairs étant escamotés au profit de minces triangles noirs. Les aiguilles indiquent 8h52, ou 53. Un reflet mange la bordure supérieure du cadran, opacifiant le nombre 12. Cela, ajouté à la partition disque noir- pourtour blanc, fait ressembler ce cadran à un œil sans paupière. On distingue sur le bord droit de la montre, à hauteur du chiffre 3, la couronne de remontoir ; le bracelet semble métallique. On devine en arrière-plan le poignet, légèrement velu, auquel est attaché cette montre. Enfin l'angle inférieur gauche est barré par ce que l'on comprend être une manche de vêtement, bordée de fourrure noire.

La deuxième case montre en plan serré le porteur de la montre, de 3/4 face, tourné vers le bord gauche. Il s'agit d'un homme, relativement jeune, aux cheveux noirs mi-longs. On le devine assis. La bordure supérieure de la case coupe le sommet de son crâne, la bordure inférieure ses genoux, la gouttière de droite escamote son épaule gauche. Il porte un blouson clair style « aviateur », orné d'une épaisse fourrure noire au col, et aux manches. Ses bras son croisés, ses coudes reposent sur ses genoux. On aperçoit sa main droite posée sur son biceps gauche, et sa main gauche (au poignet de laquelle apparaît la montre de la 1ère case) pend entre ses jambes. Son corps est porté vers l'avant, son dos voûté. Ses joues sont creusées, ses yeux petits, il se mord la lèvre inférieure.

La troisième case le montre en plan américain, toujours dans la même position penchée vers l'avant, occupant le bord gauche de la case. Il tourne la tête vers le bord droit, sans que l'on puisse distinguer nettement son visage. Il porte un pantalon large, foncé. Il appert qu'il est assis sur une banquette bi-place : dossier haut, large, dont la partie supérieure où faire reposer sa tête est plus sombre que la partie inférieure. L'angle supérieur gauche du dossier est constitué d'une poignée arrondie. Des accoudoirs intégrés, sont abaissés. La place à ses côtés, qui occupe toute la partie droite de la case, demeure vacante. Une bulle surplombe l'homme, où est inscrit « Il en mets un temps...! » L'extrémité opposée de la banquette est ajointée à l'embrasure d'une fenêtre.

La quatrième case montre cette fenêtre, en vue subjective, qui occupe la totalité du champ de vision. On ne distingue rien d'autre qu'un vague paysage sylvicole, probablement enneigé. Au loin, une ligne d'horizon légèrement vallonnée. La fenêtre est striée par plusieurs gouttes, dont la vitesse étire les proportions, à l'horizontale. Le quart inférieur de la case est occupé par la traverse basse de la fenêtre. Dans les angles figurent : à gauche, un bout d'accoudoir ; à droite, un bout de cendrier tel qu'il s'en trouvait autrefois dans les trains.


Ekphrasis c. par Loïc Largier

Ekphrasis c. par L.L. de Mars

Ekphrasis c. par C. de Trogoff