Bio
Né en 1945. Cofondateur et principal animateur de la revue.
On se rappelle les catégories de Vico : il y a la langue "vulgaire" (celle de l’usage, celle aussi des romans à succès et des poèmes bouche-trous) et, à travers, à côté, la dimension "hiéroglyphique" (la langue "muette", tracée, corporelle et "divine") et la dimension "symbolique" (la parole "poétique", spontanément orale et psalmodiée). Ce qu’écrit Eric Clémens prend ce dispositif de plein fouet : traversée du mur de langue "vulgaire" (le bloc signifiant gris) par réinvestissement, dans le geste écrit, du (…)
Sur Les Versets sataniques de Salman Rushdie, Bourgois, 1989. " Salman, on ne peut pardonner ton blasphème. Tu croyais que je ne m’en apercevrais pas ? Dresser tes mots contre les Mots de Dieu. " Les Versets sataniques, p. 407 Au fond, que cherche à faire Salman Rushdie avec les aventures de l’angélique Gibreel et du diabolique Saladin ? – sans doute à transposer dans les textes fondateurs du monothéisme occidental ce que Joyce avait fait avec le périple mythologique grec de l’Odyssée. C’est, (…)
Cet article fait suite à celui paru dans le numéro 24 de TXT : Nommer L’innommable. Après "l’affaire Rushdie", autre traumatisme : Carpentras, ses inscriptions antisémites, les tombes profanées. Et, de nouveau, l’impuissance des puissants ; de nouveau la sidération face à des forces (d’autres, mais pas si autres, en fait) qui donnent un nom au Mal, non plus cette fois en désignant le "blasphémateur" (Rushdie), mais en assumant le blasphème (la profanation) et en nommant (en extro-jectant) l’abject : (…)
(rappels, propositions) 1. Quand il cherche à se penser un peu, notre monde a tendance à gémir sur le Sens dont on lui dit que l’a privé l’effondrement des grands messianismes progressistes ou révolutionnaires. Laïcisation généralisée et clôture des perspectives utopiques ont comme replié notre temps sur lui-même et dévitalisé la question du Sens (du sens de notre présence, de notre destin), tout en maintenant évidemment son instance angoissante. D’où la peur, l’apitoiement sur soi, le cynisme ou le (…)
Sade dit : « A quelque point qu’en frémissent les hommes, la philosophie doit tout dire ». L’hic, c’est que ladite ne dit jamais ce « tout » parce qu’elle ne l’énoncerait que dans la langue qui a pour fonction de le nier dans les prothèses communautaires (religieuses, idéologiques ou rationalistes). Sade le savait, qui ne cesse d’effleurer ce « tout » en décrivant le bord de langue qui dévoile l’enfer « trop fort pour l’homme » (Blanchot), la barbaque sexuée qui fait poids dans la langue et reste insensée (…)
Voici un jeune homme qui s’exalte : "que tout / soit nuit / devant l’amour / que l’amour même / soit nuit / que de la nuit / sorte le cri". Ce brame est pour un autre homme. Quelle audace. Les Lettres françaises, toujours intrépides, toujours à la pointe du "non-conformisme", publient ça comme incipit d’une nouvelle Collection. Quel courage. Colette Deblé orne l’objet de lavis joliment irisés. C’est coquet, ça suggère. Que de perversité. Rêver l’idylle du corps et de la langue peut pousser à faire de (…)
A propos de L’Acacia, Claude Simon, éd. de Minuit, 1989. OUI Dans un paysage culturel où le roman apparaît de plus en plus comme une formation de compromis (le compromis littéraire avec la commande sociale) [[La commande d’époque est médiatique et éclectiquement votée au nivelé "postmoderne". D’où les produits courants : des historiettes bâclées qui ne sont que prétextes à parade télévisée ; des "fictions" dont l’obésité négrière ou le laconisme chic ne servent que d’aliment pour les "débats d’idées" ; des (…)
Ecorchage Prenez le corps de la langue et faites-lui la peau. Montrez son écorché. Et que ce monstre tienne debout, négatif affirmé. La maladie (la vie) de l’écrit-cummings, c’est ça : cummings est l’anti-taxidermiste ; il dénaturalise la langue, interdit le ça-va-de-soi, dépèce le corps glorieux du poème. Prenez un poème plutôt banal (bucolico-métaphysique, amoureux, satirique). Distendez ses figures et ses lignes jusqu’à obtenir une silhouette monstrueusement contorsionnée, à la limite de l’"illisible". (…)
J’ai récemment assisté à une scène à la fois hilarante et atroce : une mongolienne d’une vingtaine d’années donnait des coups de pied à un jeune flic rouge préposé à la surveillance d’un passage clouté de la rue de Rennes. Elle faisait ça de façon mécanique et méticuleuse, la langue tirée, l’œil vide, en prenant bien son élan, avec une application soucieuse et en répétant l’opération sur un rythme régulier. Le flic ne pouvait rien faire, ni laisser « courir », ni intervenir brutalement, ni continuer à (…)
Ce texte fondateur du premier concept TXTien – le "carnavalesque" – est un exemple précoce de cette volonté affichée de critiquer les leurres de l’époque. Concept profondément iconoclaste, c’est probablement l’un des vestiges "les plus saufs" de l’esprit TXT : il parcourt toute la revue jusqu’à la fin et devient même une arme critique pour ses rédacteurs, forgée à partir des articles de Bakhtine sur Rabelais, et de la lecture qu’en a fait Julia Kristeva. Dans un contexte de bataille rangée entre idéologies, en ouverture d’un numéro qui affirme son adhésion aux propositions du Mouvement de Juin 71 et donc sa rutpure avec la ligne "dogmatico-révisionniste" des PC français et belges, la rhétorique mao est de mise…
Pack de scans téléchargeable.
En ouverture du numéro 9, ce texte (initialement paru dans "Les Nouvelles Littéraires" à l’occasion d’un numéro sur l’avant-garde) est un rappel des nouveaux principes de la revue, après les divergences politiques interne (1972-1973, cf. TXT-5 ; cf. aussi l’article de Gérard-Georges Lemaire sur TXT-8).
Notes pour la partition et la mise en scène de "Brouhaha, éternel brouhaha », livret de Christian Prigent, musique de Marc Monnet. Création : Opéra de Lyon, 1990.
Un texte sur Maïakovski, datant de 1975.
Ce texte de Christian Prigent sur la lecture publique a paru dans Poésie Action [photos de Françoise Janicot, textes de Lebel, Blaine, Bory, Burroughs, Giorno, Hanson, Heidsieck, Higgins, Labelle-Rojoux, Lora Totino, Metail, Rhüm - LOQUES / NèPe, 1984].
"Un texte est à la fois définitif (on ne saurait l’améliorer, profiter de l’histoire qui passe pour le rendre rétroactivement vrai) et infiniment ouvert (il ne s’ouvre pas sous l’effet d’une correction, d’une censure, mais sous l’action, sous le supplément d’autres écritures, qui l’entraînent dans l’espace général du texte multiple." (BARTHES) "Sortir le texte poétique de la lecture purement décorative où il se trouve enfermé" (Pleynet), ce projet, s’il n’a plus depuis quelques années déjà le mérite de (…)
Note qui présente une histoire de la revue TXT par numéros, des débuts jusqu’à 1984.
Critique des replis patriotiques du PCF et de la revue Digraphe (et notamment un texte de Ponge).