Justifications

à propos de Ilan Manouach, pour Blanco

et de J&E LeGlatin, pour Crapule

par Alexandra Achard

 

Quand il y a abus de pouvoir de l’écrit subsidiaire, c’est l’accessoire qui fait le principal !

Révolution des « accidents » et richesses des incidences de l’écriture hors de la bande dessinée. Comme Blanco et d’autres, l’étui Crapule et le Fanzine Carré D cèdent à la « présentation » de l’expérience limite. Travestis en quatrième de couverture, ces hors-textes repoussent pourtant la passivité de ces dernières. Ainsi partie de l’œuvre, ils s’insèrent dans la construction sensée des bandes qu’ils bordent, contredisent et supplantent jusqu’à questionner l’efficience matérielle de l’objet produit. Aperçu.

Sans le truchement du langage, l’image n’est qu’une macule laissée à l’irrationalité de nos sens. Une réflexion cruciale portée par Hécatombe et un axe indéniablement à l’origine du projet Fanzine Carré D, souhaité comme vecteur d’une abstraction de la forme, incurieuse de toutes problématiques sérielles. Seulement le commentaire fait ici catéchisme. Si la tache reste libre du langage, « l’inventaire » la classe en série de poteries et autres petits fatras de Thomas Perrodin quand le « mouvement » explicite d’une respiration vient trahir ce qu’il restait de plastique dans les planches de Yannis La Macchia. L’écrit manifeste paradoxalement un retour de l’image là où précisément elle se voulait déposée, pour une réintroduction et une prégnance du sens.

Le hors-texte est une œuvre. Le « vide ventre plein » est un « plein ventre vide ». Le para-texte de l’étui Crapule crée l’incomplétude de l’ouvrage, induit son autonomie et dicte le comportement moral ad hoc. Et, bien que partie au reste insaisissable, l’étui fermé de livrets pleins ou vides acquiert l’indépendance en s’autosuffisant. Par la stylisation du témoignage c’est le projet qui se divise et caresse l’omnipotence du conceptuel.