• Alexandra ACHARD — Ilan Manouach — Maurice Henry
• et contrepoints (danse) — Justification
• Léon Wuidar — Un bruit — Jumelles
• Guillaume CHAILLEUX — Deleuze/Rosaire — palimpsestes
• tricoter— La vase noire dans l'œil nuit
• Claude DOMINIQUE — M.E. Leclerc — Vincent Bernière
• Gwladys LE CUFF — Pascal Doury— Schrauwen
• L.L. DE MARS — La Bande dessinée : ce qu'elle dit, ce qu'elle montre
• Dufaux et Grenson — Dessiner 6) L'instant, l'étendue
• Menu et Rosset — Charon Mavado
• Vandermeulen et Ambre —Culture-washing
• Nouveau — E&J LeGlatin : Crapule
• Foley et Stoquart — Arty — Bibliodiversité
• Davodeau — Al Columbia — Coyote, Devos
• Pédagogies en bandes — J.&E. LeGlatin : Projectile
• — Mark Beyer — Deux librairies — Scott Mccloud
• — Nick Sousanis — texticules — Labyrinthe
• Guillaume MASSART — Badaire et Griaule
• François Fléché— Michel Longuet
• Julien MEUNIER — Michael DeForge
• collectif Adverse — Jérôme Dubois
• Ugo Bienvenu — Tellement bédé
• François POUDEVIGNE — Pozla — Jérôme Dubois
• — Gipi , S. — Isabelle Pralong
• Suite kimono

Un gosse à abattre,Valhardi 14

de Foley et Stoquart

par L.L.de Mars

Est-il utile de préciser qu’il vaut mieux couper le son ? Le texte de Stoquart est inutile : complètement à côté du ton la plupart du temps, ce commentaire de l’action par ses acteurs-mêmes connote absurdement le polar de gare (que le récit n’est pas) ; il est aussi faux quand il s’encanaille que quand il est soutenu ; il est plus faux encore dans la cohabitation des deux.

Foley se livre pendant 45 pages à une joie de dessinateur (de bande dessinée), entraînant la lecture dans une traversée de masses, de grands branles fluides (l’album est intégralement emporté par une inondation qui distribue ses modes de propagation au dessin, vectorise, organise et désorganise), de tissus de matières nouées et d’obstacles, de cloisons (branches d’une forêt affleurant, véhicules, pans de murs, verrières, tentures d’un cirque), qui sont autant de mises en évidence de la puissance du dessin à produire seul un récit de nerfs. Chaque planche ou double planche pourrait faire l’objet d’une leçon sur la structure d’une page dans notre discipline (il est tentant d’en faire un palimpseste intégral pour Pré Carré).

Une armature de Foley est une invention double : squelette pour l’étendue visuelle, chair pour les corps qui la traversent et l’animent. Il y pousse jusqu’à la théorie l’organisation de ses lignes de forces (toutes y sont convoquées : tension, traction, soutien, propulsion, course, écrasement, suspension etc. avec une égale virtuosité) et de ses plis intérieurs (l’assonance plastique, rythmant deux doubles pages, entre un tigre et la tenture sur laquelle il poursuit le héros en est probablement le plus éblouissant exemple). Assez assuré de ses moyens plastiques pour se dispenser de la bimbeloterie habituelle de l’école belge (traits de vitesse et autres petits machins de rattrapage expressifs — emanatas — onomatopées envahissantes), Foley produit discrètement, modestement, ce qui pourrait être un manifeste du dessin comme mouvement le plus intense de la vie et de sa représentation.