Nocola Henry, Labyrinthe, autoproduction
par L.L. de Mars
lls sont peu nombreux ceux qui invitent à repenser complètement, par de simples déplacements formels des lignes récitatives, la manipulation des bandes dessinées et mieux encore à en ouvrir d’un seul geste la matérialité autant que les modes de lecture. Un geste rudimentaire peut rendre immédiatement sensible une fracture dans les usages, dans les opérations transformantes et dans la perception, ce qu’un développement plus conscient de lui-même ou trop soucieux de faire œuvre et de rendre compte de ses objets se sentirait tenu de superposer à d’autres effets.
Ici, les liens du recto et du verso passent de l’inframince matériel à un dépliement de l’imaginaire dans des galeries infinies par un simple trou, signalant les points d’entrée et de sortie d’un parcours de lecture qui est également un parcours de sillages, de galeries, de divagations. Un sas de paradigme, en quelque sorte, qui lie les deux plans de représentation les plus éloignés du monde matériellement (les deux faces d’une page) par un plan de présentation. Ce forage touche désormais irréparablement la matérialité du dessin, autant que le mode du dessin vient contaminer son infini déroulement possible : puits de lumière dimensionnel dans Flatland. Devant les encombrantes machineries rigides et démonstratives de Marc-Antoine Mathieu, il existe, on pouvait s’en douter, des solutions plus délicates, comme ce petit labyrinthe de Nocola Henry présenté au stand de Caoutchouc au festival Fumetti 2018.